Voici venue l’heure des tendances 2019. Cela peut être un exercice de prévisions ou de souhaits. J’ai choisi de partager ma vision et je me suis intéressé dans un monde en pleine mutation, aux dimensions disruptives qui vont s’accélérer cette année et préfigurent notre quotidien dans les années qui suivront.
Nassim Nicholas Taleb (ancien trader, mathématicien et philosophe des sciences du hasard) définit l’anti-fragilité comme « la qualité propre à tout ce qui se modifie dans le temps sous l’effet de la volatilité de l’environnement et du hasard ». Anti-fragile est donc l’exact opposé de fragile : un organisme anti-fragile perdure et se renforce là ou un fragile se brise et disparait lorsqu’il est malmené ou stressé. Ce concept s’applique terriblement bien à ce que nous vivons aujourd’hui. Le « fragile » correspond à une organisation basée sur l’ordre, la planification, l’acceptation totale du « toutes choses égales par ailleurs ». Sans perpétuelles adaptations, nous ne survivrons pas. Ceci est vrai autant pour les entreprises que pour nous autres humains producteurs. Même Facebook n’y échappe pas. Notre environnement change trop vite, les perspectives économiques sont floues et fluctuantes, le cadre politique mondial instable (USA/Chine/Russie/Moyen Orient/Europe/…). J’y ajouterai la transformation numérique des comportements et l’avènement grandissant de l’artificialisation de bon nombre d’activités professionnelles grâce à la robotisation et à l’IA. Tous ces facteurs rendent 2019 difficilement prévisible.
Dans ce contexte, il est possible d’adopter une stratégie de l’autruche ou d’attendre que certains montrent le changement. Ou au contraire, de se mettre en situation de pouvoir s’adapter à toutes les situations, ce qui revient à adopter une démarche anti-fragile.
Évidemment ma préférence en tant qu’humain et chef d’entreprise va à la troisième possibilité mais quelle énergie déployée pour prendre cette voie. Impossible de nier la dimension culturelle de la transformation numérique. Il ne s’agit pas uniquement d’un changement de paradigme technologique et économique. Elle nous oblige à embrasser de nouvelles attitudes et habitudes pour être performant. Concrètement, à titre personnel cela revient quotidiennement à remettre tout en cause, mais toujours en collaborant avec tous les acteurs tout en acceptant de ne pas tout maîtriser. Pour l’entreprise, cela suppose de mettre en œuvre des organisations ultra flexibles, réallouer les ressources sans tabou, bannir l’inertie. L’utilisation de l’IA est évidemment indispensable pour rationaliser les décisions et être plus performant durablement.
Dans cette perspective, le marketing en 2019 sera de plus en plus délégué à l’IA afin de permettre une hyperpersonnalisation à la fois dans la recherche de ROI mais également de nouvelles opportunités par de l’auto-apprentissage. Ce transfert de décision relationnelle à l’IA permettra enfin de s’intéresser à la singularité de chaque consommateur. Plus humain, innovant et créatif : le marketeur sera libéré de ses contingences procédurales et retrouvera ses qualités premières : créativité et innovation. Paradoxalement, l’intensification de l’usage de l’IA rendra le marketing plus humain !
2018 a été l’année de l’IA et de la prise de conscience que tous les secteurs allaient être impactés avec son lot d’interrogations et de peurs que cela a pu engendrer. 2019 sera une année de transition et de changements. Ce cheminement vers l’anti-fragilité avec l’intégration de l’IA est complexe. Il devra être porté par l’ensemble de l’entreprise et sera une condition nécessaire à la survie de cette dernière. Les bonnes résolutions ne doivent donc pas être de savoir si on doit prendre ce virage mais de tout mettre en œuvre pour que cette bascule se fasse rapidement pour rester compétitif tout en tenant compte de l’impact humain et culturel de cette transformation. L’avenir nous appartient à condition d’en être acteur.