Il devient de plus en plus surprenant de constater que le débat et les prises de position concernant l’intelligence artificielle en France se concentrent sur les risques pour l’emploi et sur un avenir à la Skynet.
Il faut raison garder et faire le tri entre fantasme et réalité
1 – L’IA va détruire les emplois
Le processus de transformation des entreprises par les solutions d’intelligence artificielle en est, en France, à ses balbutiements.
Nous savons tous, depuis les travaux de Joseph Schumpeter, que l’innovation détruit des emplois (anciens) pour en créer de nouveaux (liés à l’innovation). En ce qui concerne, l’intelligence artificielle, personne, aujourd’hui ne peut savoir aujourd’hui si ce principe de « destruction créatrice » sera respecté.
Ceux qui affirment le contraire ont le pouvoir de lire dans le marc de café.
2 – La technologie augmente l’homme et non le contraire
Nos aînés se souviennent de l’informatisation des entreprises dans les années 1960. Elle a permis des gains de productivité et d’efficacité incontestés. Le déploiement des systèmes experts (nés avec le Dendral en 1965) dans les années 1970, par exemple, a considérablement « augmenté » les entreprises et leurs salariés. Il ne viendrait aujourd’hui à l’esprit de quiconque d’affirmer que les systèmes experts ont pris le travail des humains.
La question à se poser dans l’entreprise est donc la suivante :
Comment l’intelligence artificielle peut-elle nous aider à résoudre des problèmes complexes, à améliorer l’efficacité de nos organisations et de nos offres ?
3 – Nous sommes «par nature» réfractaires au changement.
Bien évidemment, dans le domaine technologique (comme ailleurs) ce qu’on ne connaît pas fait peur.
Les grands gourous médiatiques surfent allègrement sur ce sentiment, exacerbé par la nature pessimiste des français et par notre appréhension naturelle face au changement.
J’interviens régulièrement dans de grandes entreprises sur ce sujet et je suis frappé de constater le niveau de confusion des idées qui règne dans l’esprit de certains dirigeants au sujet des solutions d’intelligence artificielle.
C’est la raison pour laquelle il me semble indispensable de mettre en place des outils d’information aussi bien pour les entreprises et que pour leurs collaborateurs. Les collectivités locales et les organismes consulaires devraient endosser ce rôle.
Enfin, je ne m’étendrai pas ici sur la « résistance au changement », omniprésente et largement documentée.
4 – Un peu d’humilité s’il vous plaît
Les français sont de beaux parleurs. Ce n’est pas un hasard si la langue de la diplomatie fut pendant de très nombreuses années le français.
N’oublions pas ce qu’est la France (et ce que représente l’Europe) dans un monde globalisé. Au lieu de donner des leçons à la terre entière dans une gesticulation inutile, essayons d’exploiter nos forces, de donner des perspectives professionnelles solides aux nombreux experts de classe mondiale que nous formons chaque année.
Développons nos propres algorithmes (en évitant les biais) dans les domaines où nous excellons et exploitons ce formidable gisement d’opportunités pour les entreprises.
5 – Ne pas confondre intelligence artificielle et conscience artificielle
Il est vrai que le terme « intelligence » est très très mal choisi et que la confusion est fréquente.
L’intelligence de l’IA n’existe pas.
L’autonomie qui lui est conférée par les hommes et les femmes qui développent les algorithmes est purement technique. La machine n’a évidemment ni volonté propre, ni intentions propres.
La conscience artificielle existera-t-elle un jour ?
Rien ne permet de l’affirmer aujourd’hui.