Comme internet en son temps, l’essor de l’intelligence artificielle crée une galaxie de nouveaux métiers pour des profils business et métiers. Contrairement à une croyance courante, bon nombre de ces métiers ne requièrent aucune connaissance technique, mais une bonne appréhension des possibilités métiers et business offertes par l’IA. Que ce soit pour résoudre un problème, optimiser un process ou créer une entreprise pour porter une idée. C’est sur cette conviction qu’a été élaborée au sein de Mines Telecoms une formation dédiée, ouverte à tous les profils non techniques.
Consulter les petites annonces dédiées à l’intelligence artificielle revient souvent à feuilleter un glossaire exhaustif de tous les métiers liés à la donnée : analyste, mathématiciens, ingénieurs, data quelque chose ou data expert bidule. Ces annonces dénotent une approche très traditionnelle de l’intelligence artificielle et démontrent surtout une faible capacité à en identifier les enjeux sous-jacents au-delà de la simple technique et gestion de données.
Cela démontre aussi peut être une difficulté à définir cette technique qui recouvre une pléthore de champs d’applications, de la voiture autonome avec des systèmes de vision par ordinateur, à la compréhension du texte pour lire des documents de manière automatique, ou du big data pour le marketing, la finance, la RH. Quasiment tous les compartiments métiers de l’entreprise et secteur d’activités impliquent, ou impliqueront, cette technologie et ses différents avatars.
À la lecture de ces offres d’emploi, on peut aussi se demander, « Où sont les chefs de projet de l’IA ? Où sont les responsables marketing de l’IA susceptible de créer des produits différenciants ? Où sont les gestionnaires de coûts, les responsables éthiques, les experts juridiques ? Ces fonctions sont quasi inexistantes. Pourtant, s’interroger par exemple sur les effets de la mise en œuvre d’un algorithme dans l’entreprise, tant d’un point de vue technique, métier et humain est une fonction critique.
Comprendre l’intelligence artificielle : un enjeu de compétitivité et d’employabilité
L’intégration pertinente de l’IA et son acceptation est un enjeu pour l’entreprise. Sans cette adhésion, l’entreprise peut être à terme ralentie dans sa capacité productive d’une part, mais aussi être en difficulté concurrentielle et compétitive du fait de produits vieillissants pour l’entreprise, et in fine poser la question de l’employabilité pour les collaborateurs.
D’autre part, l’absence de fonctions dédiées à l’IA ouvre la porte à de nombreux dérapages, à commencer par l’aspect financier et temporel des projets. Des dérives fréquentes, faute d’une capacité à évaluer en amont l’adéquation entre coût et ressources et pertinence des projets à initier. Faute aussi d’être en capacité d’évaluer la compétence des ressources humaines déployées sur le projet. Mettre data scientist sur un CV au sortir d’une école parce que c’est vendeur n’est pas gage d’efficience. Combien de projets ont été stoppés par un dépassement de coûts liés à une inflation de données et d’espace de stockage et calcul dans le cloud ? Notre conviction est, là aussi, que c’est aux profils métiers d’être à même de vérifier et d’évaluer la pertinence des data-scientists, des ingénieurs et des projets soumis par une ESN ou cabinet de conseil. Mieux, à qualifier et quantifier en amont ces projets.
Une formation en IA par projet ouverte à tous les métiers non techniques
Ces évolutions de processus liées à l’automatisation font évoluer la société. Pour éviter de faire face à un mur, il faut en effet être capable de piloter et d’accompagner les entreprises dans leur intégration progressive de l’IA. D’accompagner aussi les collaborateurs de tous horizons pour les familiariser avec l’IA.
Quel que soit le métier occupé, l’ambition de l’IMT-BS, est que les métiers aient un langage commun avec les techniciens de l’IA et obtiennent une réponse à des besoins métiers. Où encore que chacun ait la capacité à trouver un emploi lié à ce besoin ou à créer une entreprise pour porter un projet structurant. Pour ce faire, chaque participant à cet Exec Master IA doit être à même d’identifier un problème pour, dans un second temps, comprendre l’apport de l’intelligence artificielle pour régler ce problème, accompagner sa mise en place et assurer une croissance de cette nouvelle fonctionnalité. Enfin, chacun pourra quantifier la valeur business à améliorer tel ou tel process et éventuellement passer à l’échelle l’activité actuelle.
La trajectoire de la formation comprend à la fois une approche des réseaux de neurones, des coûts liés aux différents constituants de l’IA, des questions juridiques liées à la gestion des données et des algorithmes, autant de sujets à maîtriser pour dimensionner correctement un projet. Chacun sera coaché par des experts techniques et métiers pour mettre en œuvre son projet depuis la roadmap technique et business, le sourcing, le budget jusqu’au premier prototype et l’identification de partenaires économiques et techniques clés. Pour les accompagner sur ce chemin, l’IMT-BS, est entouré de chercheurs spécialisés dans le domaine de l’IA , des étudiants en IA capables de réaliser des démonstrateurs, des acteurs du cloud et de l’innovation ainsi que des entrepreneurs.
Chaque livrable sera ensuite évalué par un jury composé d’universitaires, chargés d’apporter des insights afin que chacun puisse ensuite porter le projet, soit en entreprise, soit auprès de financeurs externes.
Selon nous, le moment de crise que nous vivons est une opportunité pour chacun de se réinventer. L’intelligence artificielle est un domaine où les besoins sont grandissants. Apprendre en pratiquant et en couplant cet apprentissage avec une vision business est la certitude de saisir et répondre aux nouveaux défis qui attendent chacun de nous.
Jean-Luc Marini, Directeur du Laboratoire d’Intelligence Artificielle d’Axys Consultants
Marc Decombas, Ingénieur & Docteur en IA Vision, Directeur de l’Executive Master « IA pour les managers innovants » Institut Mines Telecom Business School (IMT-BS), CEO de Kooping , CEO de JustAI