La Conference on Artificial Intelligence for Defense, qui s’est déroulée à distance (en raison de la situation sanitaire) en décembre 2020 est organisée depuis 2019 par la Direction Générale de l’Armement (DGA) en même temps que l’European Cyber Week et que la conférence C&ESAR, portant sur la cyber sécurité. Cette conférence a pour objectif de rassembler les acteurs du domaine de la défense qui publient des articles scientifiques sur des problématiques liées à la défense et qui incluent de l’intelligence artificielle. On retrouve donc plusieurs types d’acteurs : des institutions dédiées à la défense telles que la DGA elle-même ou l’ANSSI, des établissements publics tels que l’ONERA et le CEA, des écoles et universités, comme Centrale Supélec et l’université de Rennes, et des entreprises allant de la startup comme NukkAI à de grands groupes comme Orange ou Thales. Les sujets varient eux aussi beaucoup : les présentations sont rassemblées par sessions traitant de cybersécurité, de prise de décision, de radars, de sécurité de données et de gestion de crise.
L’objectif de la conférence est de rassembler les acteurs qui, bien qu’ils travaillent sur des domaines différents, sont souvent confrontés aux mêmes problématiques : la fiabilité d’une part – les conséquences d’une erreur peuvent être particulièrement lourdes dans ce domaine – mais aussi la capacité à embarquer ces technologies, avec ce que cela suppose de réduction de consommation d’énergie, ou encore le respect de la confidentialité de données, particulièrement sensibles dans le domaine. Des thèmes ressortent donc naturellement, notamment les notions d’explicabilité ou d’intelligence artificielle de confiance. La conférence permet à des personnes travaillant dans des univers assez différents de se retrouver et de voir dans quelle direction avance l’état de l’art.
En ce qui concerne les méthodes représentées, on retrouve nombre de méthodes très utilisées par ailleurs : apprentissage automatique et deep learning, assez largement utilisé pour de nombreuses problématiques allant de la détection d’intrusion à la classification de cibles pour un radar. Ces approches ont aussi fait l’objet de recherche pour réduire le coût qui leur est associé de manière à être en mesure de les simplifier, notamment en les simplifiant. Mais au-delà de ces approches, on trouve nombre de références à des méthodes dites “hybrides”, tenant à la fois de l’apprentissage automatique que de l’intelligence artificielle dite “symbolique”, parfois appelée Good Old Fashion AI ou GOFAI. Ces méthodes incluent en général des méthodes d’apprentissages s’appuyant sur des données sémantiques, ou encore des méthodes d’apprentissages augmentées, permettant de s’assurer que la sortie respectera un certain nombre de propriétés par rapport à l’entrée. Piochant parfois dans ces deux domaines, un grand nombre d’articles – notamment ceux traitant de détection d’intrusion en cybersécurité – se sont intéressées à des approches non supervisées de détection d’anomalies.
L’organisation de la conférence avait été perturbée par les conditions sanitaires. La DGA avait tenté de maintenir la conférence en présentiel, ce qui permet notamment aux acteurs du domaine de se rencontrer et de discuter de potentielles opportunités. Elle avait finalement dû se résigner à tenir la conférence à distance. À ce titre, elle avait proposé un fonctionnement mixte : les autrices et auteurs étaient invité-e-s à envoyer une vidéo afin d’éviter les problèmes liés au live, tout en conservant un temps en direct pour les questions du public. Quelques mois après le déroulement de la conférence, la plate-forme sur laquelle s’est déroulée l’European Cyber Week a mis en ligne les vidéos de C&ESAR et de CAID pour un temps limité, incluant à la fois les vidéos envoyées par les autrices et auteurs et les sessions de questions réponses. Les actes de la conférence ont quant à eux été publiés sur HAL fin avril, tandis que l’appel à contribution de l’édition 2021 devrait paraître sous peu sur le site de l’European Cyber Week.