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Industrie de santé : comment repenser la formation du personnel à l’aune de l’industrie 4.0

La crise sanitaire a mis en exergue notre manque de souveraineté. Le secteur de l’industrie de la santé a particulièrement été pointé du doigt et a cristallisé la désindustrialisation de la France. En effet, en l’espace de 15 ans, la France est passée de leader européen de la production de médicaments à la 5e place et 40% des médicaments commercialisés dans l’UE sont produits hors d’Europe.

Face à ce constat sombre, les pouvoirs publics ont massivement soutenu des plans de relocalisation et de réindustrialisation afin de permettre la production de produits de santé sur notre territoire. Cependant, cette réindustrialisation se déroule dans un contexte très particulier : les industriels sont confrontés simultanément à une nouvelle révolution industrielle faisant appel aux nouvelles technologies (IoT, Big Data, IA…) et à une pénurie de personnel qualifié d’une ampleur inédite. Comment les industries de santé s’adaptent-elles à l’orée de la quatrième révolution industrielle ? De quelle façon repenser les formations des salariés, à travers le prisme des nouvelles technologies ? En prenant l’exemple de la région Hauts-de-France, cette dernière concentre une filière santé qui a pour particularité de donner une place prépondérante aux métiers de la production industrielle.

La quatrième révolution industrielle, ou industrie 4.0

Le Conseil National de l’Industrie définit l’industrie du futur comme : « l’ensemble de transformations des systèmes de production permises par les nouvelles technologies, qui permettent à l’industrie de gagner en compétitivité et en flexibilité et d’innover mais aussi de répondre aux nouvelles exigences environnementales et sociales.

Cette filière regroupe le secteur des machines et solutions industrielles intelligentes (mécanique, électrique, électronique, numérique, robotique, fabrication additive…) ainsi que l’offre digitale. L’objectif est d’accompagner la montée en gamme et la compétitivité de l’industrie française. ».

Cette définition met ainsi en avant le vrai bouleversement des pratiques dans le milieu industrie, et tout particulièrement dans le milieu de la santé qui est soumis à des contraintes réglementaires très strictes.

Les industries de la santé sont ainsi particulièrement intéressées par l’apport des outils numériques et du traitement des données. Les logiciels de pilotage de la production (MES) permet une meilleure synchronisation des maillons de la chaine de production et d’éviter les goulots d’étranglement. L’exploitation des données permet également de mieux traiter les signaux faibles et agir en conséquence. Par exemple, trois sites pilotes de Novartis proposent une détection précoce des dérives de pH et de température grâce à l’intelligence artificielle, permettant de corriger le tir au plus vite et éviter de dépasser seuil où le lot devrait être détruit, permettant des économies.

Si les avantages semblent évidents, les entreprises de la santé restent encore peu avancées dans la transition par rapport aux autres industries (automobile, aéronautique…)

D’après l’enquête du GIE Eurasanté auprès de l’écosystème régional Hauts-de-France des industries de santé, moins de la moitié (44%) des entreprises interrogées ont initié leur transition vers l’industrie 4.0, Ce relatif retard s’explique notamment par les investissements importants pour acquérir les nouveaux outils de production, mais il se traduit également par un retard dans la formation des salariés aux enjeux de l’industrie du futur.

Un vrai bouleversement des besoins en formation

Le secteur industriel fait face à une véritable pénurie de personnel et un turnover important. L’industrie pharmaceutique a été l’un des rares secteurs à voir son nombre de salariés augmenter lors de la crise sanitaire. En 2021, environ 11% des postes proposés dans le secteur pharmaceutique n’étaient pas pourvus. Le secteur n’attirant pas particulièrement les plus jeunes dont seulement 28% d’entre eux déclarent envisager de travailler dans les entreprises du médicament.

Les enjeux de formation sont ainsi doubles : il faut adapter la formation aux évolutions des pratiques et des contraintes réglementaires et réussir à rendre la formation pertinente pour un public qui n’est pas sensibilisé aux enjeux de l’industrie de santé. Il y a donc une urgence à repenser la formation des salariés, en changeant complétement de paradigme pour intégrer les outils numériques et mettre l’emphase sur la pratique et proposer une vraie stratégie d’onboarding.

Ces enjeux de formation étant intimement liés à la transition vers l’industrie 4.0, de nombreuses solutions numériques proposent à la fois des outils de suivi de production et un volet formation pour les salariés.

C’est par exemple ce que propose la société Picomto, basée dans la région lilloise. Picomto propose de digitaliser les opérations de production en permettant de se basant sur les outils numériques pour former les salariés et pour contrôler la production.

Toujours dans une optique de formation, nous voyons émerger des outils utilisant des jumeaux numériques (digital twins) de l’usine pour proposer des modules de formation aux salariés. C’est par exemple la proposition de valeur d’Hakobio, qui, en partenariat avec le groupe de formation IMT, propose aux industriels de créer un jumeau numérique de leur entreprise pour ensuite simuler la chaine de production au plus près de la réalité du terrain et donc mieux former les salariés.

L’apport de l’IA est pour le moment assez limité dans l’offre de formation, mais son utilisation devrait se populariser. En effet, l’un des principaux défis de la formation des salariés réside dans “l’adaptative learning”, l’adaptation du programme de formation aux acquis du salariés et à ses besoins spécifiques. Dans cette optique, l’IA est un outil puissant afin de personnaliser l’expérience des salariés et proposer une formation la plus efficace possible.

Ainsi, l’industrie de santé est en pleine transformation et sa digitalisation est une étape importante pour assurer la compétitivité de l’industrie française. Le numérique s’impose à la fois dans les outils de production, mais également dans les outils de formation. Si cette transition reste pour le moment timide dans le secteur de la santé, il y a un vrai enjeu à accompagner l’industrie dans ce virage et surtout investir dans la formation des salariés, qui resteront les éléments les plus importants de la chaine de production.

Contributeur expert

Alexandre Breda

Alexandre BREDA est Business Consultant Healthcare & Life Sciences, spécialiste des projets

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