Il y a tout juste un an, les Etats-Unis restreignaient la vente de puces d’IA de pointe vers la Chine. Selon Reuters, le gouvernement Biden devrait dévoiler dans les jours à venir de nouvelles règles visant à empêcher les fabricants de micro-processeurs américains de vendre des puces contournant les limitations gouvernementales existantes.
La Chine ne cache pas son ambition de rattraper et dépasser les USA dans le domaine de l’IA pour en devenir le leader mondial. Cependant, elle accuse un retard dans la fabrication des puces haut de gamme qu’elle achète notamment à TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) où les puces pour NVIDIA et de grandes entreprises sont fabriquées.
Le 31 août 2022, NVIDIA annonçait avoir reçu un courrier du gouvernement américain imposant des restrictions sur les exportations vers la Chine et la Russie, de ses processeurs graphiques A100 et de ceux en développement H100. Le même jour, AMD informait que la vente de ses puces d’accélération MI250 vers la Chine et la Russie devrait elles aussi faire l’objet d’une demande de licence.
Nvidia a donc décidé de vendre à la Chine des produits alternatifs répondant aux exigences du gouvernement : les puces A800 et H800, moins performantes que les GPU A100 et H100 mais assez puissantes pour entraîner des modèles d’IA générative.
Selon un responsable américain, les nouvelles restrictions bloqueront la vente vers la Chine de certaines puces d’IA qui échappent de peu aux restrictions actuelles, notamment le H800, tout en obligeant les entreprises à déclarer les expéditions d’autres puces. Elles pourraient également combler les lacunes permettant aux entreprises chinoises d’accéder aux puces d’IA américaines par l’intermédiaire d’unités chinoises situées à l’étranger.
Un paramètre de “densité de performance” serait envisagé pour contrecarrer les tentatives de contournement par les entreprises.
La rivalité sino-américaine
Les 2 puissances mondiales les plus importantes, la Chine et les Etats-Unis, sont en compétition que ce soit sur le plan commercial, militaire ou géopolitique.
C’est d’ailleurs le contexte géopolitique qui aurait poussé le gouvernement américain à restreindre la vente de GPU de pointe afin de ne pas contribuer aux efforts militaires de la Chine. Cette dernière avait contesté cette décision, la considérant comme un “blocus technologique”. Lorsque l’éventualité de cette nouvelle vague de restrictions a été rapportée l’été dernier par les médias, elle y avait répondu en restreignant l’exportation de 2 matériaux essentiels à la fabrication des semi-conducteurs.
Le mois suivant, le décret de Joe Biden visant à interdire ou à exiger la notification de certains investissements effectués par des ressortissants des États-Unis en Chine, Hong Kong et Macao, dans les secteurs de l’IA, du quantique et des semi-conducteurs, est venu alimenter les tensions. Ces dernières ne semblent pas réellement s’apaiser, quoiqu’ait pu assurer la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, en juillet dernier lors de sa visite en Chine, malgré certaines tentatives de stabilisation des relations entre les deux pays.
La Chine qui, depuis quelques années, cherche à réduire sa dépendance aux puces étrangères met donc les bouchées doubles pour y parvenir. Cette nouvelle annonce pourrait booster les start-ups chinoises comme Shanghai Biren Intelligent Technology Co qui aurait conçu une puce surpassant les performances de l’une des puces haut de gamme interdites par le gouvernement américain.