Le Mauritshuis Museum abrite les meilleures peintures hollandaises de l’époque de Rembrandt et de Vermeer, notamment le tableau le plus célèbre de ce dernier : « La Jeune Fille à la Perle ». L’ayant prêté dans le cadre d’une exposition consacrée à son auteur, le musée a demandé à des artistes de proposer leur version du tableau et a exposé cinq d’entre elles. Celle de Julian van Dieken, qui n’a pas caché avoir utilisé Photoshop et Midjourney pour sa création, a suscité de nombreuses réactions…
En février dernier, le chef d’œuvre le plus célèbre du Mauritshuis Museum « La Jeune fille à la perle », a été prêté au Rijksmuseum d’Amsterdam pour l’exposition Johannes Vermeer, il retrouvera sa place au Mauritshu le 1er avril prochain.
L’an passé, le Mauritshuis a lancé un appel ouvert : « Créez votre propre fille, inspirée du chef-d’œuvre de Vermeer de 1665, et courez la chance d’être exposé(e) dans un cadre numérique à l’emplacement original de la fille dans la salle Vermeer pendant son absence ».
Selon le Mauritshuis Museum, « cet appel ouvert a déclenché une explosion de créativité. Pas moins de 3 482 filles du monde entier ont trouvé le chemin de La Haye. Peintes, dessinées, en laine, argile, bois, tissu, pétales de fleurs, boutons, céramiques, légumes, fruits, coquillages, perles de verre, ballons, Lego ou en tatouages ». Une sélection de 170 œuvres soumises est affichée numériquement en boucle à l’endroit où le tableau est habituellement exposé. Cinq d’entre elles ont été choisies par le Musée, imprimées et exposées, dont celle de Julian van Dieken.
IA génératives et création artistique
L’année passée, les IA génératives ont fait l’actualité mais la génération d’images avec des modèles Text-To-Image comme Stable Diffusion, DALL-E 2, Imagen ou Midjourney a également soulevé de nombreuses polémiques. Les artistes ont réagi, contestant le processus créatif de l’auteur d’une œuvre générée par l’IA ou questionnant le sujet de la propriété intellectuelle.
La Jeune fille à la perle, œuvre étendue par August Kamp
Outpainting, la dernière fonctionnalité de DALL-2 présentée par Open AI, permet d’agrandir une image existante en tenant compte des éléments visuels existants de l’image, y compris les ombres, les reflets et les textures, pour maintenir le contexte de l’image d’origine
Pour illustrer la présentation d’Outpainting, Open AI avait choisi une version revisitée par August Kamp avec Outpainting de ce même tableau « La Jeune Fille à la perle ».
L’artiste est parti de cette huile, a ajouté un corps à la jeune fille, puis créé un décor de cuisine rustique très encombrée en ajoutant des cadres, le résultat est cohérent et plutôt réussi.
Cette utilisation de l’IA n’avait d’ailleurs pas été controversée, peut-être parce qu’elle n’avait pas lieu dans le cadre d’un concours… Mais l’utilisation de MidJourney par Jason Allen pour l’œuvre « Théâtre d’Opéra Spatial » qui a remporté un 1er prix à la Colorado State Fair, le 29 août dernier, l’a été fortement, ses détracteurs évoquant même la mort de l’art à cause de l’IA.
Julian van Dieken tout comme Jason Allen, ont été transparents sur leur méthode de créativité. D’ailleurs, Le premier l’explique clairement sur son compte Instagram julian_ai_art.
Le musée reconnaît ne pas s’être attardé sur les questions éthiques de l’IA et déclare :
« Nous avons simplement regardé ce que nous aimions. Est-ce créatif ? C’est une question difficile ».
L’un des juges de la Colorado State Fair, a déclaré qu’il n’avait pas réalisé que « Théâtre d’Opéra Spatial » avait été généré par une IA au moment de l’évaluer, mais qu’il ne regrettait cependant pas du tout lui avoir attribué la première place.
Faut-il interdire la publication et la vente d’images générées par l’IA pour des raisons de droit d’auteur comme Getty Images ou rémunérer les artistes pour leur contribution comme Shutterstock s’y est engagé ? Une législation claire semble nécessaire…