Une équipe de recherche de l’Université de Genève (UNIGE) a mis au point une méthode basée sur l’IA afin de détecter et de diagnostiquer des troubles autistiques précoces. Cet algorithme qui a été développé durant trois ans analyse en vidéo les mouvements des enfants et identifie des caractéristiques du trouble du spectre autistique ou non. Cet outil qui propose un diagnostic tôt est porteur d’espoir, car plus le trouble autistique est décelé rapidement, plus il est possible de s’adapter.
Réussir à identifier le trouble du spectre autistique le plus tôt possible
Dans le monde, le trouble du spectre autistique (TSA) concerne un enfant sur 54. Par TSA, on entend des difficultés dans les interactions sociales, dans toutes les fonctions en lien avec la communication et par la présence de comportements répétitifs, restreints et/ou de particularités sensorielles. L’ensemble de ces caractéristiques provoquent un retard de développement chez l’enfant d’où l’importance de détecter le TSA et de le prendre en charge le plus tôt possible. Marie Schaer, professeure au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE) précise :
“Si le diagnostic est posé avant l’âge de 3 ans, il est souvent possible de rattraper ces retards de développement grâce à une intervention comportementale spécifique, ce qui change totalement la trajectoire d’acquisition de compétences de ces enfants et leur permet bien souvent d’intégrer le circuit scolaire public.”
Une équipe de l’Université de Genève a développé une méthode basée sur l’intelligence artificielle pour identifier les troubles autistiques précoces dès le plus jeune âge. Leur découverte a fait l’objet d’une publication rédigée par Nada Kojovic, Shreyasvi Natraj, Sharada Prasanna Mohanty, Thomas Maillart & Marie Schaer.
Une analyse vidéo par l’IA pour diagnostiquer les troubles du spectre autistique
Le système conçu par les chercheurs de l’UNIGE et le PRN Synapsy classe des vidéos en se basant uniquement sur les mouvements de l’enfant lorsqu’il interagit avec une autre personne. Pour cela, ils ont d’abord employé une technologie nommée OpenPose, qui extrait les squelettes des personnes en mouvement dans une vidéo et permet l’analyse des gestes en ôtant toutes les caractéristiques qui pourraient être discriminantes (âge, sexe, décor, etc.), ne gardant que les relations dans l’espace et dans le temps.
Les experts ont ensuite développé et testé leur algorithme d’IA sur 68 enfants au développement normal et 68 enfants autistes, tous et toutes de moins de 5 ans. Thomas Maillart, chercheur à l’Institut des sciences de l’information et membre de la Faculté d’économie et de management (GSEM) et du Centre Universitaire Informatique (CUI) de l’UNIGE explique cette phase :
“Nous avons divisé chaque groupe en deux : les 34 premiers de chaque groupe ont ‘éduqué’ notre IA afin qu’elle parvienne à différencier le comportement non verbal des enfants avec ou sans autisme. Les autres ont ensuite permis de tester les compétences de l’algorithme, afin de voir si celui-ci fonctionnait. Nous avons finalement effectué un nouveau contrôle sur 101 autres enfants.”
Des résultats intéressants qui encouragent à la conception d’une future application mobile
Les expérimentations démontrent que l’IA obtient un résultat correct dans 80% des cas. Marie Schaer s’est exprimée sur ces résultats :
“Pour un premier dépistage, c’est un excellent résultat, car en 10 minutes, nous pouvons obtenir un premier dépistage accessible à n’importe qui, où qu’il/elle habite. Ceci permettrait aux parents inquiets pour leur jeune enfant d’obtenir une première évaluation automatisée des symptômes de l’autisme – qui ne sera bien sûr pas parfaite –, mais que l’on pourra confirmer par une consultation avec un-e spécialiste par la suite.”
Ces propos sont corrélés au fait que les études montrent en effet qu’il se passe souvent plus d’un an entre les premières inquiétudes des parents et le moment où ils sont adressés vers une consultation spécialisée. À présent, l’objectif de l’équipe pluridisciplinaire est une mise à disposition de cette IA à toutes et tous, peut-être sous la forme d’une application où une simple vidéo d’une dizaine de minutes permettrait une analyse par l’IA du TSA.