Le développement de l’écosystème mondial de l’IA voit naître le besoin de se doter d’outils de mesure. Tortoise propose un Global AI Index présenté comme le “premier à réaliser un benchmark des pays basé sur leur niveau d’investissement, d’innovation et d’implémentation de l’intelligence artificielle”.
L’index établi par Tortoise repose sur une centaine d’indicateurs pondérés en fonction de leur importance, après consultation avec des experts. Le site rappelle que depuis 2017, pas moins de 30 pays ont annoncé une stratégie pour l’intelligence artificielle, preuve de la reconnaissance de l’importance de la discipline au cours des années à venir.
Sans grande surprise, les Etats-Unis dominent le classement, devançant largement la Chine et le Royaume-Uni.
Suit enfin un peloton dominé par un trio de tête composé du Canada, de l’Allemagne et de la France, et talonné par les autres pays.
10 premières places du classement établi par Tortoise :
- Etats-Unis
- Chine
- Royaume-Uni
- Canada
- Allemagne
- France
- Singapour
- Corée du sud
- Japon
- Irlande
La Suisse est elle en 13ème position, le Luxembourg en 19ème position, et la Belgique en 31ème.
Si l’ordre des premiers pays ne surprend guère, la visualisation proposée par le site Tortoise Media est intéressante puisqu’elle illustre de façon claire l’écart entre ces pays, beaucoup plus parlant que leur simple position dans le classement. On peut d’ailleurs considérer ce classement fragile :
Les Etats-Unis sont loin devant les autres pays et premiers sur le plan du nombre de talents, l’infrastructure, la recherche et le volet commercial. Avec 34 Universités classées parmi les 100 premières mondiales dans le domaine de l’informatique, les Etats-Unis peuvent miser sur le premier vivier de talents au monde. En revanche, ils ne sont que 13ème sur le plan de la stratégie gouvernementale. Or ce critère sera extrêmement important à moyen/long terme et l’écart avec la Chine pourrait bien se résorber à grande vitesse.
D’autant plus que la Chine, encore loin derrière pour le moment, est le pays qui progresse le plus vite, classé premier sur le plan de la stratégie gouvernementale (investissements…).
Selon l’index, la France, qui est à la 6ème position générale, est 2ème du point de vue de l’environnement opérationnel, 6ème du point de vue de la stratégie gouvernementale, 7 ème du point de vue du développement commercial, 8ème par son nombre de talents, 9ème par son développement, 12ème en recherche et … seulement 30ème sur le plan de son infrastructure (réseau électrique, connexion internet..).
Un critère dont il n’est pas si simple de mesurer les réels impacts positifs et négatifs : l’intelligence artificielle est un important vecteur d’optimisation et d’innovation. Les lacunes structurelles (à condition qu’elles ne soient pas trop importantes) peuvent justement stimuler l’innovation et booster la créativité, en poussant à explorer des pistes comme l’edge computing, la légèreté des modèles, la compression des données.
On aime mettre en avant la qualité de l’enseignement et de la recherche française, notamment en mathématiques, mais il est important que le pays ne s’endorme pas sur ses Lauriers, la situation évolue extrêmement rapidement :
Un tel classement est bien entendu subjectif, car même s’il repose sur des données chiffrées, la sélection des indicateurs utilisés et leur pondération est affaire de point de vue.
En revanche, il illustre parfaitement l’importance pour la France, le Royaume-Uni (?), l’Allemagne, de construire une alliance, notamment au niveau européen, mais également avec d’autres pays qui peuvent partager une communauté de vision de l’intelligence artificielle, à commencer par le Canada.
S’il nous est impossible de rivaliser seuls avec la Chine, 2ème au classement et 1er d’ici 2030 selon les projections, nous devons garder à l’esprit que sa plus grande faiblesse est sa position relativement isolée en matière d’intelligence artificielle.
Vous pourrez trouver l’index complet en cliquant
ici et la méthodologie détaillée de construction de cet index
ici.