Structurer l’écosystème quantique européen : la vision de Benjamin Haddad

Hier après-midi, Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, s’est rendu à l’usine de Quandela, acteur majeur français du quantique, à Massy, dans l’Essonne. Lors de cette visite, il a appelé à redoubler d’efforts pour structurer un écosystème technologique cohérent et efficace, soulignant l’importance de coordonner les initiatives nationales et européennes et plaidant pour l’élaboration d’une stratégie quantique au niveau de l’UE.

Fondé en 2017, Quandela, leader européen de la photonique quantique, conçoit, construit et fournit des solutions quantiques de pointe pour l’industrie, notamment des systèmes prêts à l’emploi pour les datacenters, des processeurs quantiques accessibles via le cloud, ainsi que des services d’accès aux algorithmes.

Coordonner les initiatives

Benjamin Haddad entend défendre une meilleure coordination des initiatives telles qu’EuroHPC, EuroQCI et les programmes nationaux pour maximiser les synergies. Par ailleurs, il préconise que les financements de France 2030 soient relayés dans le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) européen. La France souhaite cibler le financement des secteurs économiques stratégiques dans les futures négociations du programme cadre de recherche et d’innovation (FP10) ainsi que dans Digital Europe, en mettant l’accent sur les technologies quantiques.

Simplification réglementaire : un levier pour l’innovation

Benjamin Haddad estime également que la simplification des réglementations européennes est une priorité urgente. Selon lui, ces textes ne doivent pas freiner l’investissement, l’innovation et la compétitivité des entreprises : “Nous en ferons également une grande cause du Sommet IA.”

Concernant les aides d’État, il souligne la nécessité d’un allègement des procédures pour permettre aux entreprises du quantique de mobiliser rapidement des fonds en phase initiale :

“L’allègement des procédures d’aides d’Etat est essentiel pour que les entreprises du quantique puissent débloquer rapidement des fonds en phase initiale. Je porterai, auprès de la Commission, l’objectif de rationaliser le règlement d’exemption par catégories (RGEC) afin de mieux articuler les règles relatives aux aides d’Etat et celles relatives aux fonds européens. Cela passe par un l’alignement des conditions d’éligibilité pour simplifier l’utilisation croisée, et par un alignement des modalités d’utilisation des options de coûts simplifiées (OCS) dans le cadre des fonds européens”.

Pour accélérer la simplification réglementaire, Benjamin Haddad entend également appuyer la proposition de la Commission européenne de créer un 28e régime pour les jeunes entreprises innovantes, défendue par les autorités françaises :

“Les difficultés d’expansion au sein du marché européen sont une faiblesse de notre écosystème d’innovation, qui provient en partie d’une fragmentation réglementaire. Cette mesure instaurerait un statut européen unique de la jeune entreprise innovante, qui permettrait à ces entreprises de ne s’enregistrer qu’une seule fois au niveau européen et de bénéficier d’une uniformisation de certaines réglementations, notamment celles facilitant l’accès aux financements. Cette mesure pourrait être la clé de voûte de la nouvelle « EU start-up and scale-up strategy » et permettrait d’accompagner les jeunes entreprises en phase de croissance.”

Renforcer l’investissement privé

Le ministre délégué à l’Europe souhaite mobiliser davantage les financements privés et l’épargne européenne pour soutenir l’innovation dans les phases d’amorçage et de développement du hardware quantique.

Il insiste sur la nécessité de rendre l’investissement européen plus attractif, rappelant que 300 milliards d’euros d’épargne privée sont actuellement investis hors d’Europe, principalement aux États-Unis. La création d’un produit d’épargne européen est une piste explorée, et l’Eurogroupe a déjà exprimé son intérêt sur cette question.

Renouer avec le risque

Benjamin Haddad insiste sur la nécessité pour l’Europe de se réconcilier avec la prise de risque. Il plaide pour une relance du marché de la titrisation afin de financer les innovations quantiques, tout en simplifiant les exigences de due diligence pour les investisseurs. La titrisation permet de transformer des actifs financiers, tels que des créances ou des prêts, en titres négociables sur les marchés financiers et offre aux entreprises la possibilité de lever rapidement des fonds.

“Nous ne pouvons pas bureaucratiser ce qui relève de l’innovation et de l’investissement dans notre futur. C’est la raison pour laquelle je soutiens l’allégement des exigences de due diligence applicable aux investisseurs dans les opérations de titrisation, aujourd’hui trop lourdes et prescriptives. L’adoption d’une approche principielle permettra de limiter la complexité induite pour les investisseurs en se bornant à leur imposer d’évaluer correctement et raisonnablement les risques auxquels ils s’exposent.”

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