Les outils d’IA générative peuvent-ils aider les auteurs à gagner du temps lors de la rédaction de leurs manuscrits sans pour autant faire de compromis sur la qualité ? C’est ce qu’a voulu expérimenter le groupe germano-britannique Springer Nature, l’une des plus grandes maisons d’édition académique et scientifique : la rédaction du livre “Einsatzmöglichkeiten von GPT in Finance, Compliance und Audit” (Applications de GPT dans les domaines de la finance, de la conformité et de l’audit) publié mardi dernier, souligne toutefois l’importance du contrôle humain.
Créée en 2015 grâce à la fusion de deux éditeurs majeurs, Springer Science+Business Media et Macmillan Science and Education, Springer Nature publie une vaste gamme de contenu académique, y compris des livres, des revues scientifiques, des bases de données, des publications en ligne et d’autres ressources destinées aux chercheurs, aux étudiants et aux professionnels. Ceux-ci couvrent un large éventail de disciplines, allant des sciences naturelles et de la médecine aux sciences sociales, à la technologie et à l’ingénierie.
La société joue un rôle clé dans la diffusion de la recherche scientifique et de l’information à la communauté académique et au grand public. Elle est ainsi impliquée dans des initiatives visant à promouvoir l’accès ouvert à la recherche, à lutter contre le changement climatique et à soutenir des normes éthiques dans la publication scientifique. Elle opère sous diverses marques, notamment Springer, Nature, Palgrave Macmillan, BioMed Central parmi d’autres.
En matière d’IA, l’éditeur annonçait ce mercredi 25 octobre renforcer ses compétences grâce à l’acquisition de la division scientifique de Slimmer AI, deux semaines après avoir lancé Curie, un assistant de rédaction scientifique alimenté par l’IA. Il explore d’autres applications d’IA telles que la rédaction de résumés de publications scientifiques, l’appariement d’articles avec des évaluateurs appropriés, ou la détection du plagiat.
Une expérience innovante
Ce livre a été élaboré au cours d’une journée “Hack Day” qui a réuni au printemps dernier des auteurs, des éditeurs et des experts de Springer Nature et publié en un temps record de moins de cinq mois, soit environ la moitié du temps généralement requis pour la publication d’un ouvrage universitaire.
Les résultats de cette expérience démontrent que l’IA peut effectivement réduire le temps de rédaction, mais également lever les obstacles pour ceux qui éprouvent des difficultés à rédiger un ouvrage. Cependant, ils soulignent le rôle essentiel des auteurs qui, grâce à leur expertise et à la qualité de leur rédaction, jouent un rôle fondamental pour maintenir un contenu de haute qualité.
L’équipe a travaillé sur six écrans simultanément, fournissant des directives à GPT, qui a généré un premier jet de manuscrit chapitre par chapitre. À chaque étape, les auteurs Alexander Hüsch, Dirk Distelrath et Tanja Hüsch, ont examiné et ajusté le texte généré par le modèle linguistique, combinant ainsi leur expertise à la puissance de l’IA.
Après le “Hack Day,” les auteurs et l’équipe éditoriale de Springer Nature ont continué à peaufiner le texte, à le corriger et à l’enrichir. Des sources de données pertinentes ont également été intégrées pour garantir une attribution correcte.
Henning Schoenenberger, vice-président de l’innovation de contenu chez Springer Nature, souligne l’importance de l’intervention humaine dans cette démarche :
“En tant qu’éditeur scientifique, nous cherchons constamment de nouvelles méthodes pour accélérer la diffusion des connaissances face aux défis mondiaux actuels, afin de stimuler le développement de nouvelles idées. Notre mission première est de garantir une utilisation responsable de ces outils au service de la science. Cela ne peut se faire sans un contrôle humain de la technologie.”
L’IA a le potentiel d’accélérer l’accès à une science fiable mais elle doit être utilisée de manière responsable et éthique, avec la supervision humaine appropriée.