Le 15 septembre 2021, on apprenait l’existence du pacte AUKUS, alliance de défense entre l’Australie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. C’est dans le cadre de ce pacte que l’Australie vient de s’engager officiellement ce lundi 22 novembre dans un programme contesté pour s’équiper de sous-marins à propulsion nucléaire. Elle doit acquérir huit sous-marins à la pointe de la technologie, capables d’effectuer des missions furtives à longue portée. L’accord AUKUS prévoit également le partage de capacités cybernétiques, d’intelligence artificielle, quantiques et sous-marines non spécifiées.
Le ministre de la Défense Peter Dutton a signé avec les diplomates britannique et américain le premier accord publié dans le cadre d’AUKUS autorisant l’échange d'”informations sur la propulsion nucléaire navale” entre leurs pays.
Cette alliance tripartite a pour objectif une coopération militaire, industrielle et technologique et se concentre spécifiquement sur l’approfondissement et l’intégration des avancées scientifiques et technologiques, des capacités industrielles et des chaînes d’approvisionnement liées à la Défense. Un accent particulier a été placé sur les cybercapacités, l’intelligence artificielle, les technologies quantiques et les nouvelles capacités sous-marines.
Au lendemain de l’annonce de la mise en place d’AUKUS, Naval Group informait de la rupture du contrat de 31 milliards d’euros passé avec l’Australie pour la construction de douze sous-marins à propulsion conventionnelle, à l’initiative de cette dernière. Cette annulation annoncée depuis les États-Unis par Scott Morrison, le premier ministre australien a été reçue comme un camouflet par la France. En 2017, l’ambassadeur d’Australie en France affirmait lors d’une interview au Parisien :
“Nous sommes pragmatiques. Notre décision a évidemment été fondée sur des spécifications techniques. Mais ce contrat va bien au-delà de la fourniture d’équipements de défense. Il s’agit d’un partenariat stratégique entre nos deux pays. C’est la base de la relation franco-australienne pour les quatre décennies à venir.”
Mais le gouvernement australien a changé d’avis et donc opté pour des sous-marins nucléaires américains ou britanniques :
“Le pays avait choisi la propulsion traditionnelle pour ses sous-marins, mais il souhaite désormais des engins à propulsion nucléaire, que Naval Group ne fabrique pas.”
À la suite de la signature de l’accord à Canberra lundi avec le chargé d’affaires américain Michael Goldman et de la haut-commissaire britannique en Australie Victoria Treadell, le ministre de la Défense australien, Peter Dutton, a déclaré :
“L’accord aidera l’Australie à achever une étude de 18 mois sur l’acquisition de sous-marins.”
Il a ajouté dans un communiqué :
“Grâce à l’accès aux informations permis par cet accord, ainsi que les décennies d’expérience de nos partenaires britanniques et américains dans le domaine des sous-marins à propulsion nucléaire, l’Australie sera également en mesure d’être un gestionnaire responsable et fiable de cette technologie.”
Selon le pacte AUKUS, l’Australie doit acquérir huit sous-marins à propulsion nucléaire à la pointe de la technologie, capables d’effectuer des missions furtives à longue portée. Il apportera une capacité de frappe à la RAN (Marine Royale australienne) sous la forme de missiles de croisière Tomahawk pour armer des destroyers mais également des missiles de précision à longue portée à la Royal Australian Air Force (RAAF) et aux forces terrestres. Il prévoit également le partage de capacités cybernétiques, d’intelligence artificielle, quantiques et sous-marines non spécifiées.
Inquiétudes vis-à-vis du pacte Aukus
La France, en accord avec l’Australie lors de la signature du contrat tenait fermement à ne pas fournir de sous-marins à propulsion nucléaire pour respecter les traités de non prolifération nucléaire, et les autorités australiennes étaient d’accord. Tandis que les sous-marins fournis par les USA, contrairement à ceux que devait fournir la France, pourront sans problème transporter à tout moment des missiles à ogive nucléaire ce qui ne va pas dans le sens de la non-prolifération.
La Chine a déclaré que ce pacte est une “menace extrêmement irresponsable”. En effet, ces sous-marins nucléaires vont affaiblir l’équilibre stratégique de la région déjà bien instable et la communauté internationale peut être impactée elle aussi.