Semi-conducteurs : une aide de l’état de 2,9 milliards d’euros pour l’usine de Crolles, qui débute sa production

Le projet de construction d’une nouvelle usine de semi-conducteurs sur le site de Crolles avait été révélé lors d’un déplacement en Isère d’Emmanuel Macron en juillet l’an passé. Hier, Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a annoncé, en présence  de Jean-Marc Chéry, CEO de STMicroelectronics, et de Thomas Caulfield, PDG de GlobalFoundries, le début de la production de cette nouvelle usine portée par les deux entreprises à Crolles, ainsi que la signature d’un contrat d’aide de l’Etat à hauteur maximum de 2,9 milliards d’euros.

La pandémie de covid-19 a entraîné la pénurie des semi-conducteurs qui a mis en lumière la dépendance des pays occidentaux vis à vis des fabricants asiatiques.

En effet, les principaux acteurs du secteur, qu’ils soient américains ou européens, se sont concentrés sur la R&D et la conception, des activités à plus forte valeur ajoutée, délaissant la production au profit de TaÏwan, la Corée du Sud et la Chine.

Ainsi, l’UE qui détenait 40% de la fabrication mondiale de puces il y a une trentaine d’années, a vu sa part de marché chuter à 9%.

Tout comme les Etats-Unis, l’UE, dont l’objectif est de doubler les capacités de production de puces en Europe d’ici à 2030 et d’attirer les investissements étrangers, a décidé d’encourager l’implantation d’usines de semi-conducteurs sur son territoire.

Validé par la Commission européenne le 28 avril dernier, cet investissement dans l’usine de Crolles s’inscrit dans le plan France 2030 et du Chips Act européen qui prévoit de consacrer 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés à la production de semi-conducteurs.

Un projet de 7,5 milliards d’euros

STMicroelectronics, fabricant de semi-conducteurs franco-italien, possède 4 sites de production en France : Rennes, Tours, Aix-en-Provence et Crolles, près de Grenoble. C’est donc tout près de ce dernier qu’il a décidé d’investir 7,5 Mds€ avec l’américain GlobalFoundries dans la construction de cette nouvelle usine.

Le projet bénéficie d’un soutien de l’Etat à hauteur d’un maximum de 2,9 Mds€ provisionné par le volet semi-conducteurs de France 2030, (5,5 Mds€ sur cinq ans) qui vise à doubler la production de puces en France d’ici 2028 et déclencher près de 18 Mds€ d’investissements sur le territoire. Par ailleurs, si l’usine s’avère plus rentable que prévu, une part de cette aide d’Etat sera remboursée au gouvernement…

Les premières puces déjà en production

Moins d’un an après l’annonce de l’investissement, la production vient de débuter et montera progressivement en puissance.

L’objectif est d’augmenter les capacités de production françaises de 620 000 wafers, des plaques rondes composées de matériaux semi-conducteurs, du silicium pour ce projet, sur lesquelles sont gravés les composants de micro-électronique, par an à l’horizon 2028. L’usine  permettra notamment d’atténuer les tensions d’approvisionnement, en ajoutant pratiquement 6 % de nouvelles capacités de production à la capacité européenne existante sur l’ensemble des nœuds technologiques et jusqu’à 41 % sur les nœuds d’une finesse de gravure de 20nm à 65nm.

L’investissement permettra ainsi de développer fortement l’écosystème technologique FD-SOI français par la fourniture de composants économes en énergie, hautement performants, sécurisés et fiables, pour les principaux secteurs industriels européens (automobile, industrie, télécommunications pour la 5G/6G, IoT, spatial…). De par son échelle, ses performances, et les technologies qui y seront produites, cette usine sera l’unité la plus avancée en Europe sur la technologie FD-SOI.

1000 emplois à la clé

Les deux entreprises se sont engagées à un niveau d’excellence en matière environnementale : consommation d’électricité, émissions directes et indirectes de CO2, consommation en eau et recyclage. Le projet permettra la création de 1 000 emplois et la formation d’alternants.

Sur demande de l’Etat, les entreprises devront également prioriser certaines commandes, jusqu’à 5% des capacités annuelles de production seront ainsi réservées aux besoins souverains, de sécurité nationale, ou à ceux des TPE et aux PME.

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