Une nouvelle technologie développée à l’Université de Tel Aviv permettra, grâce à l’intelligence artificielle, d’identifier les patients à risque de maladie grave en raison d’infections sanguines. Les chercheurs ont formé le programme d’IA pour étudier les dossiers médicaux électroniques d’environ 8 000 patients de l’hôpital Ichilov de Tel Aviv qui se sont révélés positifs pour les infections sanguines. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Scientific Reports.
Selon Ramot, la société de transfert de technologie de l’Université, cette technologie innovante permettra une identification précoce des patients à risque et aidera ainsi les hôpitaux à réduire leurs coûts.
Les étudiants Yazeed Zoabi et Dan Lahav du laboratoire du professeur Noam Shomron de la faculté de médecine Sackler de l’Université de Tel Aviv, en collaboration avec le Dr Ahuva Weiss Meilik, responsable de l’I-Medata Centre d’IA de l’hôpital Ichilov, le professeur Amos Adler et le Dr Orli Kehat ont mené cette étude.
L’importance d’un diagnostic précoce
Les infections sanguines figurent parmi les principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde, il est donc très important d’identifier les facteurs de risque de développer une maladie grave au stade précoce de l’infection par une bactérie ou un champignon. La plupart du temps, le système sanguin est stérile, mais une infection par une bactérie ou un champignon peut survenir au cours d’une intervention chirurgicale ou à la suite de complications d’autres infections, telles que la pneumonie ou la méningite. La réponse immunologique du corps à l’infection peut provoquer une septicémie ou un choc, des conditions dangereuses qui ont des taux de mortalité élevés. Le diagnostic d’infection se fait en prélevant une hémoculture et en la transférant dans un milieu de croissance pour bactéries ou champignons.
Un niveau de précision de 82%
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont développé un programme d’IA entraîné pour étudier les dossiers médicaux électroniques d’environ 8 000 patients de l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv présentant des infections sanguines. Ces dossiers comprenaient des données démographiques, des résultats de tests sanguins, des antécédents médicaux et des diagnostics. Le Pr Noam Shomron explique :
“Nous avons travaillé avec les dossiers médicaux d’environ 8 000 patients de l’hôpital Ichilov qui se sont révélés positifs pour les infections du sang entre les années 2014 et 2020, pendant leur hospitalisation et jusqu’à 30 jours après, que le patient soit décédé ou non. Nous avons saisi les dossiers médicaux dans un logiciel basé sur l’intelligence artificielle ; nous voulions voir si l’IA identifierait des modèles d’informations dans les fichiers qui nous permettraient de prédire automatiquement quels patients développeraient une maladie grave, voire la mort, à la suite de l’infection.”
Après avoir étudié les données et les antécédents médicaux de chaque patient, l’IA a atteint un niveau de précision de 82 % pour prédire l’évolution de la maladie, même en ignorant des facteurs évidents tels que l’âge des patients et le nombre d’hospitalisations qu’ils ont subies. Une fois que les chercheurs ont saisi les données du patient, l’algorithme a su prédire l’évolution de la maladie, ce qui suggère qu’à l’avenir, ce modèle pourrait servir de système d’alerte précoce pour les médecins et leur permettrait de classer les patients en fonction de leur risque de développer une maladie grave. Le Pr Shomron raconte :
“Grâce à l’intelligence artificielle, l’algorithme a pu trouver des schémas qui nous ont surpris, des paramètres dans le sang que nous n’avions même pas pensé à prendre en compte. Nous travaillons maintenant avec le personnel médical pour comprendre comment ces informations peuvent être utilisées pour classer les patients en fonction de la gravité de l’infection. Nous pouvons utiliser le logiciel pour aider les médecins à détecter les patients les plus à risque.”
Depuis le succès de l’étude, Ramot, la société de transfert de technologie de l’Université de Tel-Aviv, travaille au dépôt d’un brevet mondial pour cette technologie révolutionnaire. Keren Primor Cohen, PDG de Ramot, déclare :
“Ramot croit en la capacité de cette technologie innovante pour apporter un changement significatif dans l’identification précoce des patients à risque et aider les hôpitaux à réduire leurs coûts. Il s’agit d’un exemple de coopération efficace entre les chercheurs de l’université et les hôpitaux, qui améliore la qualité des soins médicaux en Israël et dans le monde.”