Retour sur le Centre de l’IA pour les sciences et des sciences pour l’IA lancé par le CNRS

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Fin novembre, le CNRS a officiellement lancé son Centre de l’IA pour les sciences et des sciences pour l’IA. La création de ce centre pluridisciplinaire avait été proposée lors du contrat d’objectifs et de performance 2019-2023 (COP) signé avec l’État. Unique au niveau européen, ce centre sera un espace de rencontres où chercheurs et chercheuses de toutes disciplines pourront s’attaquer à de grands défis scientifiques.

L’un des objectifs du COP signé avec l’État est d’amplifier l’action du CNRS pour accompagner et favoriser l’émergence de grandes universités de recherche au plus haut niveau mondial. Lors de sa publication en janvier 2020, le CNRS y précisait avoir identifié six grands défis sociétaux parmi lesquels l’intelligence artificielle.

Dans le cadre du défi IA du COP, un groupe de travail inter-instituts a proposé la création d’un Centre pluridisciplinaire dédié à l’IA pour les sciences et aux sciences pour l’IA qui aura pour objectif de s’attaquer à de grands challenges scientifiques et à faire émerger de nouvelles problématiques.

L’engagement du CNRS, qui est déjà impliqué dans le plan national IA, aux côtés d’Inria et de nombreux acteurs, s’articulera principalement autour de quatre axes :

  • Favoriser une recherche au meilleur niveau international, sur les fondements de l’intelligence artificielle et des sciences du numérique au sens large en favorisant les recherches sur une intelligence artificielle responsable, sûre et plus sobre du point de vue énergétique ;
  • Intensifier les recherches interdisciplinaires sur l’impact de l’IA et du numérique, en s’appuyant sur la dimension pluridisciplinaire du CNRS ;
  • Faciliter la porosité entre le monde des humanités numériques et celui de l’intelligence artificielle, et impliquer des chercheurs et chercheuses du domaine des SHS dans
    les instances et institutions de régulation du numérique et de l’IA ;
  • Valoriser les résultats de recherches menées en lien avec des entreprises, intensifier les relations bilatérales entre instituts pour mettre l’IA et la science des données au
    service de ses grands secteurs scientifiques et initier des chantiers interdisciplinaires autour de questions sociétales (la sécurité, le transport, etc.) de manière à mesurer,
    accompagner et maîtriser le mieux possible leur transformation par le numérique.

Jamal Atif, chargé de mission à l’INS2I, et Alexandre Legris, directeur adjoint scientifique de l’INC, tous deux coordinateurs du défi IA du CNRS, déclaraient dans un entretien avec le CNRS:

“Construire l’intelligence artificielle (IA) de demain représente une multitude d’enjeux scientifiques, éthiques et environnementaux. Avec les données massives et des algorithmes de plus en plus complexes, le développement du numérique et de l’IA continuera à transformer le fonctionnement de la société dans de nombreux domaines mais aussi la manière dont la connaissance est produite dans l’ensemble des champs scientifiques, et a fortiori au CNRS”

Ils ajoutaient également que :

“Des fondements théoriques manquent aujourd’hui, avec souvent des algorithmes de plus en plus complexes et de plus en plus consommateurs d’énergie. La société exige aussi à raison des algorithmes plus efficients, moins gourmands, dont on peut interpréter et auditer le fonctionnement pour en retirer toute discrimination, promouvoir l’équité et préserver la vie privée. Une IA plus responsable et de confiance. C’est pourquoi les sciences – par exemple physique statistique et SHS – ont aussi, en retour, un rôle à jouer pour développer l’IA.”

Plusieurs évènements sont prévus : colloques, webinaires, hackathons, équipes communes, etc. Pour cela, le centre s’appuiera sur les outils et les moyens du CNRS, dont, dans un premier temps, la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires (MITI), profitant du soutien financier du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

Des semestres thématiques seront ainsi organisés en concertation avec le Conseil scientifique du Centre et les dix instituts du CNRS : les meilleurs chercheurs et chercheuses du monde seront invités, afin de produire une cartographie de chaque domaine et un rapport sur son évolution possible.

Un appel à projet de la MITI est également prévu pour des mobilités de chercheurs ou la mise en place de binômes de thèses bidisciplinaires dès 2022.

La France bénéficie d’un excellent système éducatif en mathématiques et en informatique, mais l’IA reste un domaine de rares spécialistes : on ne compte en France que 1120 personnes capables de traiter des questions théoriques ou plus appliquées. Il est donc important d’acculturer d’abord les scientifiques des autres disciplines aux outils et aux méthodes de l’IA, afin qu’ils puissent s’en approprier les bénéfices et les limites. C’est de là que naîtront de nouvelles questions de recherche.

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