Ressources Humaines et IA : adoption timide mais réelle défiance

Un récent sondage mené par OpinionWay pour Kelio, éditeur et intégrateur de solutions informatiques, révèle un scepticisme significatif des RH vis-à-vis de l’IA dans le cadre de leur travail. L’étude “L’intelligence artificielle et les Ressources Humaines en entreprise” révèle en effet que 76% d’entre eux ne sont pas enclins à utiliser les outils d’IA et que 54% expriment des réserves quant à la qualité du travail réalisé par ces technologies.

Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 301 responsables des ressources humaines (RHR ou DRH), au sein d’entreprises privées françaises de 20 salariés et plus, du 21 février au 11 mars dernier.

S’ils perçoivent le potentiel de l’IA dans le traitement de leurs tâches administratives ou chronophages, les RH redoutent encore les défis liés à l’usage de l’IA en termes de fiabilité et de sécurité des données.

Les principaux enseignements de l’enquête

Un scepticisme clairement affiché

Seulement 9% des responsables RH interrogés ont déclaré utiliser des outils d’IA dans le cadre de leurs fonctions, une large majorité d’entre eux (76%) affirment ne pas vouloir le faire et 54% ne pas avoir confiance dans l’IA.

Les résultats de l’enquête révèlent des disparités générationnelles et organisationnelles dans l’adoption de l’IA. Les jeunes responsables RH (moins de 30 ans) montrent un intérêt plus marqué pour ces nouvelles technologies (25% expriment le désir de les utiliser) par rapport à leurs homologues plus âgés (13% pour les 40 ans et plus). De même, les entreprises de plus de 250 salariés semblent plus enclines (25%) à envisager l’utilisation de l’IA que les entreprises de taille moyenne (11% pour les entreprises de 20 à 49 salariés).

Les freins à l’adoption de l’IA

Les freins à l’utilisation de l’IA remontés par les responsables RH sont les suivants :

  • L’incompatibilité des outils IA avec leurs procédures actuelles (pour 41% des répondants) ;
  •  Le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles (38%).
  • Le manque de compétences et de formation spécifique (32%) ;
  • Résistance au changement parmi leurs collaborateurs (29%) ;
  • Les coûts liés à l’implémentation d’outils IA dédiés (22%) ;
  • Le manque de solutions IA adaptées à leurs besoins spécifiques (21%).

Cependant, malgré ces défis, les RH reconnaissent le potentiel de l’IA notamment pour le recrutement (41%) et la gestion administrative (45%), deux de leurs domaines d’intervention principaux.

Une large majorité de professionnels des RH (87%), se déclare prête à déléguer à l’IA une partie de la gestion du processus de recrutement et ce, plus particulièrement dans sa phase préparatoire : rédaction de l’offre d’emploi (57%), publication et diffusion des annonces (63%). Ils pourraient également y avoir recours pour le traitement des candidatures reçues, notamment pour la vérification des informations fournies par les candidats (51%) et la gestion des candidatures retenues (45%).

Par contre, pour eux, le contact humain demeure essentiel, surtout lors des phases critiques telles que la sélection et l’intégration des candidats. La plupart d’entre eux se refusent à confier entièrement ces étapes clés à l’IA : seulement 10% des répondants sont prêts à lui laisser la responsabilité des entretiens initiaux. Ils sont encore moins nombreux à envisager de lui déléguer la négociation avec les candidats retenus (8%) et la sélection finale (6%) qui sont considérées comme des moments où l’instinct humain et l’interaction directe sont indispensables.

Eric Ruty, Directeur Général de Kelio, commente:

“L’IA va se généraliser dans le monde du travail : assistance virtuelle, génération de contenus, gestion de projets, etc. Dans les années à venir, les professionnels des Ressources Humaines devront composer avec ces nouvelles technologies et leurs enjeux (évolution des emplois, automatisation, menaces liées à l’éthique, fiabilité des données, transparence, etc.), tout en préservant l’humain, qui restera leur cœur de métier. Si cette enquête montre une véritable défiance des professionnels RH vis-à-vis de l’IA, on peut ainsi l’analyser comme un réflexe légitime de prudence qui s’atténuera lorsque les outils auront fait la preuve de leur valeur ajoutée et de leur fiabilité. Contrairement à ce que certains acteurs voudraient nous faire croire, il est inutile de se précipiter et de prendre des risques juridiques non-mesurés”.

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