C’est une première. Ce 22 mai lors de la réunion annuelle du conseil aux ministres de l’OCDE, 42 pays (les 36 pays de l’OCDE et l’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Pérou et la Roumanie) ont adopté les principes énoncés par la recommandation de l’OCDE sur l’intelligence artificielle, en faisant ainsi le premier accord intergouvernemental dans le domaine.
Cette recommandation “vise à stimuler l’innovation et renforcer la confiance dans l’IA en promouvant une approche responsable au service d’une IA digne de confiance, tout en garantissant le respect des droits de l’homme et des valeurs démocratiques. La Recommandation, qui vient compléter les normes existantes de l’OCDE dans des domaines tels que la protection de la vie privée, la gestion du risque de sécurité numérique et la conduite responsable des entreprises, traite des questions propres à l’IA et a vocation à définir une norme susceptible d’être mise en œuvre et suffisamment souple pour résister à l’épreuve du temps, dans un domaine en rapide mutation”. (OCDE, Recommandation du Conseil sur l’intelligence artificielle, OECD/LEGAL/0449)
La recommandation est divisée en deux grandes sections. La première énonce les principes d’une approche responsable à l’appui d’une IA digne de confiance :
- L’IA devrait servir les intérêts des individus et de la planète en favorisant la croissance inclusive, le développement durable et le bien-être.
- Les systèmes d’IA devraient être conçus de manière à respecter l’état de droit, les droits de l’homme, les valeurs démocratiques et la diversité, et être assortis de garanties appropriées – permettant par exemple l’intervention humaine en cas de besoin –, afin de tendre vers une société juste et équitable.
- Il convient d’assurer la transparence et la divulgation responsable des informations liées aux systèmes d’IA, afin de faire en sorte que les individus sachent lorsqu’ils interagissent avec de tels systèmes et puissent en contester les résultats.
- Les systèmes d’IA devraient être robustes, sûrs et sécurisés tout au long de leur cycle de vie ; les risques connexes éventuels devraient être évalués et gérés en permanence.
- Les organisations et les individus chargés de développer, de déployer ou d’exploiter des systèmes d’IA devraient être responsables de leur bon fonctionnement, dans le respect des principes susmentionnés.
La deuxième section énonce cinq recommandations à l’intention des Membres et des non-Membres ayant adhéré au projet de recommandation :
- Faciliter l’investissement public et privé dans la recherche et le développement, afin de stimuler l’innovation dans une IA digne de confiance.
- Favoriser la mise en place d’écosystèmes d’IA accessibles, comprenant les technologies et infrastructures numériques, ainsi que des mécanismes de partage des données et des connaissances.
- Bâtir un cadre d’action ouvrant la voie au déploiement de systèmes d’IA dignes de confiance.
- Doter les individus des compétences dont ils ont besoin dans le domaine de l’IA et assurer une transition équitable pour les travailleurs.
- Favoriser la coopération transnationale et intersectorielle afin de partager des informations, définir des normes et collaborer à l’adoption d’une approche responsable au service d’une IA digne de confiance.
Angel Gurria, secrétaire générale de l’OCDE a déclaré :
“La technologie soulève des questions autour de la détermination humaine, de la sécurité et la sûreté, de la responsabilité, de l’impact de l’intelligence artificielle sur la puissance et la compétition entre les marchés, des écarts entre les pays dans leurs capacités en intelligence artificielle.
De nombreux pays développent des initiatives d’encadrement de l’intelligence artificielle mais il est clair que nous devons travailler dans le sens d’une solution globale à ces problématiques […]
Ces principes seront une référence mondiale pour bâtir une IA digne de confiance, afin que l’on puisse tirer le meilleur parti des opportunités qu’elle offre, au service de tous. […] Les intérêts de l’humain sont au coeur de nos recommandations “
Ces principes posent les premiers jalons d’une entente internationale sur l’intelligence artificielle. L’adhésion à ces principes par 42 pays démontre une volonté commune d’établir une intelligence artificielle de confiance, au service de l’humain. S’il s’agit d’une étape extrêmement importante, notons cependant qu’il s’agit de grands principes dont l’interprétation risque de varier énormément d’un pays à l’autre… ce qui explique très probablement la forte adhésion.
Pour plus de détails, consultez les Principes de l’OCDE sur l’IA en version intégrale