Le “Rapport Art & IA 2024” publié récemment par Hiscox, l’assureur spécialisé dans le marché de l’art, révèle une montée en puissance de l’intérêt pour l’art généré par l’IA, en particulier chez une nouvelle génération de collectionneurs. Cette nouvelle étude d’Hiscox, menée en partenariat avec ArtTactic, une société d’analyse spécialisée dans le marché de l’art, interroge la perception qu’ont les acheteurs et les amateurs d’art des œuvres générées par IA, ainsi que la valeur et le potentiel de ces œuvres pour les collectionneurs.
L’essor des œuvres IA dans les collections d’art
Selon l’étude, 40 % des collectionneurs d’art estiment que la demande pour l’art généré par IA progressera au cours des 12 prochains mois. Les amateurs d’art sont quant à eux plus optimistes et considèrent à 67% que le marché des ventes d’œuvres d’art généré par IA devrait connaître un essor.
Si seulement 2% des collectionneurs d’art traditionnel ont acheté une œuvre générée par IA, 29% pourraient envisager d’en acheter une à l’avenir. L’intérêt pour l’art généré par IA s’est avéré plus important chez les nouveaux collectionneurs, à savoir ceux qui collectionnent depuis moins de trois ans, 7% d’entre eux ayant déjà acheté de l’art généré par IA et 39% déclarant qu’ils envisageaient de le faire.
Les amateurs, quant à eux, sont 28 % à avoir déjà acquis une œuvre créée par des algorithmes d’IA, plus de la moitié d’entre eux, soit 52 %, envisage l’acquisition de telles œuvres à l’avenir.
Ces chiffres illustrent l’intérêt grandissant pour ce type d’art, notamment auprès d’une nouvelle typologie d’acheteurs, ce qui laisse entrevoir un avenir prometteur pour cette forme d’art en tant qu’objet de collection.
Pour Hiscox, cet engouement est dû à la popularité des IA génératives d’images comme DALL·E, Stable Diffusion et MidJourney. En parallèle, le nombre croissant de sites web et d’artistes vendant leurs œuvres IA, que ce soit sous forme physique ou en tant que NFT, ne cesse d’alimenter l’intérêt des acheteurs.
Julie Hugues, Responsable Marché Art et Clientèle Privée chez Hiscox France, commente ces résultats :
“L’Intelligence Artificielle est désormais omniprésente dans notre société, et le marché de l’art n’y échappe pas. Notre rapport est une première étape pour comprendre la réaction des experts du marché face à l’arrivée de l’art généré par IA et ce que cela pourrait signifier pour l’avenir. Ce nouveau type d’art peut-il vraiment reproduire le parcours émotionnel, élément nécessaire du processus créatif humain ? Ou existe-t-il un avenir où les œuvres humaines et celles générées par IA coexistent harmonieusement ? Seul l’avenir nous le dira. Il est cependant clair qu’il y a pour l’instant un intérêt naissant face au potentiel de l’art généré par IA chez un segment de collectionneurs actuels et futurs.”
Un besoin accru de transparence
Malgré cette dynamique, des préoccupations subsistent. Selon le rapport, 82 % des collectionneurs et 76 % des passionnés d’art estiment nécessaire de mieux distinguer l’art généré par IA de celui créé par des artistes humains. Les questions relatives aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle continuent d’être débattues, accentuant le besoin de réglementation dans ce domaine émergent.
L’IA vs l’art humain : une perception mitigée
Bien que l’intérêt pour l’art IA croisse, 67 % des jeunes collectionneurs et 69 % des collectionneurs plus âgés affirment que ces œuvres ont moins de valeur à leurs yeux que celles produites par des artistes humains, reflétant un scepticisme persistant face à la capacité de l’IA à capturer l’émotion et l’intention qui sous-tendent l’acte créatif humain.
Cependant, 26 % des jeunes collectionneurs considèrent l’art généré par l’IA aussi important que les formes d’art traditionnelles, telles que la peinture ou la sculpture, ce qui pourrait indiquer un tournant pour l’acceptation de l’art généré par l’IA dans le futur.
Un regain d’intérêt
La vente aux enchères en 2018 de l’œuvre “Portrait d’Edmond de Belamy” du Collectif Obvious, pour la somme record de 432 500 dollars, a marqué le début de la reconnaissance du potentiel de l’art généré par IA. Si le marché s’est depuis montré irrégulier, cette année, les œuvres de Refik Anadol, Sougwen Chung, Harold Cohen, Claire Silver et Roope Rainisto ont suscité l’intérêt lors des ventes aux enchères. En 2024, plusieurs expositions ont donné plus d’espace à ces artistes, notamment au Whitney Museum à New York, à la Fondation Beyeler à Bâle, à la Serpentine Gallery à Londres et au Centre Pompidou à Paris.