Mieux comprendre les maladies rares afin de mieux les diagnostiquer et les traiter efficacement constitue un défi de taille en raison de la multiplicité des syndromes et du faible nombre de gens atteints de maladies rares. C’est pour relever ce challenge que l’université de Sherbrooke au Québec va lancer une chaire de recherche en numérique de la santé, financée par le ministère québécois de l’Économie et de l’innovation. Médecine, informatique et intelligence artificielle ne feront qu’un dans l’optique de révolutionner la prise en charge des patients.
Une nouvelle chaire de recherche co-dirigée par deux femmes chercheuses
Cette nouvelle chaire dite “junior-sénior” sera co-dirigée par la professeure Anita Burgun, qui occupera un poste à la Faculté de médecine et des sciences de santé (FMSS) à l’université de Sherbrooke, tout en conservant ses fonctions à l’Université de Paris. Elle sera accompagnée de Christina Khnaisser, une jeune chercheuse de la relève en informatique de la santé et future professeure à la FMSS et à la Faculté des sciences. Cette première s’exprime sur la chaire :
“Ce qu’on cherche à bâtir, c’est un système ayant la capacité d’analyser de façon sécuritaire et éthique les données des patients qui sont accumulées dans le cadre de leurs soins. On mettra en place un réseau de bases de données qui couvrira l’ensemble du Canada, mais qui sera également transatlantique.”
Christina Khnaisser poursuit :
“La professeure Burgun a une vision propre à la médecine. Elle connaît les besoins sur le terrain, alors que je développe des solutions informatiques rigoureuses. En travaillant ensemble, nous pourrons les appliquer dans le domaine de la santé, et plus spécifiquement aux maladies rares.”
Objectif premier : concevoir des systèmes de santé apprenant à l’aide de la data et de l’IA
L’objectif de ces deux chercheurs sera de concevoir des systèmes de santé apprenants qui permettront d’analyser sécuritairement les données des dossiers cliniques, les images médicales et l’information physiologique mesurée à même les malades dans leur vie quotidienne. Les médecins auront ainsi l’occasion de comparer les profils médicaux afin d’accélérer la prise de décision quant au diagnostic et pour optimiser les traitements, et ce, sans devoir toujours se rencontrer dans un centre spécialisé pour le suivi.
Pour y arriver, les deux titulaires s’appuieront sur PARS3, une plateforme numérique puissante née d’une collaboration France-Québec et développée à l’UdeS par le Groupe interdisciplinaire de recherche en informatique de la santé (GRIIS). Cet outil répond aux enjeux éthiques, car l’Université de Sherbrooke considère que déplacer des données massives contenant des renseignements personnels peut s’avérer délicat, particulièrement entre pays.
Elles auront aussi accès à la base de données des patients du CIUSSS de l’Estrie – CHUS. Les deux chercheurs et leur équipe travailleront avec de nombreux partenaires, dont des associations de patients. Elles utiliseront des outils d’IA afin de proposer une analyse sophistiquée d’un grand volume de données.
Placer l’Université de Sherbrooke et le Québec plus généralement comme spécialiste de la santé numérique
Pour le doyen de la FMSS, le professeur Dominique Dorion, ce projet arrive au bon moment :
“ Au cours des 30 dernières années, les systèmes de santé ont accumulé des quantités incroyables de données médicales en format électronique. Il nous manquait la technologie nous permettant d’explorer cet océan d’information. Nous avons désormais l’informatique et l’intelligence artificielle. La Chaire nous apprendra justement à pêcher dans cet océan, de manière responsable.”
La doyenne de la Faculté des sciences Carole Beaulieu se réjouit de la dimension interdisciplinaire de cette chaire :
“Les collaborations entre la Faculté des sciences et la FMSS se déploient dans de multiples domaines de l’informatique de la santé, soit le traitement des données massives, l’intelligence artificielle, l’imagerie médicale et la bio-informatique. Les travaux de cette nouvelle chaire nous permettront de pousser encore plus loin notre expertise en la matière.”
En plus de favoriser le partage de connaissances entre les universités, cette chaire engendrera une offre accrue de formations conjointes et une meilleure préparation de la relève en numérique de la santé, tout en s’appuyant sur la participation des femmes dans le domaine. L’université de Sherbrooke souhaite se positionner à l’échelle internationale comme un spécialiste du secteur et considère détenir tous les atouts pour favoriser l’essor des systèmes de santé apprenants.