Le groupe de travail RBR 2020-2050 du Plan Bâtiment Durable, lancé en 2011, a présenté ce 22 mai sa note thématique portant sur le Bâtiment responsable et l’intelligence artificielle. Rédigée par Marc Desportes, elle récapitule les apports des nouvelles technologie dans le secteur, l’impact de l’IA dans l’usage, les systèmes et l’intégration du bâtiment dans son territoire. La note s’intéresse également au lien entre bâtiment et IA dans la société de demain et aux conditions à mettre en place. (CP)
L’intelligence artificielle apparaît aujourd’hui comme un facteur clé de transformation de notre société, et plus spécifiquement du bâtiment, dans une perspective de développement durable. L’objectif de cette note est d’établir un cadre d’analyse de cette nouvelle technologie au service du bâtiment responsable, en utilisant une approche orientée « utilisateur », et ainsi de proposer un support de réflexion destiné aux acteurs de la construction et de l’immobilier.
Le développement de l’intelligence artificielle dans nos bâtiments suppose d’identifier les différents acteurs impliqués et les circuits économiques correspondants, les circuits de diffusion de l’innovation mais également d’être attentif aux enjeux environnementaux, socio-économiques et sanitaires liés. Enfin, un certain nombre de questions liées à des aspects juridiques et sociétaux se doivent d’être abordés avec prudence : respect de la confidentialité, vie privée et liberté laissée à l’occupant.
La note aborde l’impact de l’intelligence artificielle sur le bâtiment de demain selon trois dimensions : le bâtiment et ses systèmes, le bâtiment et son territoire et le bâtiment et la société.
L’intelligence artificielle bouleverse l’usage du bâtiment et de ses systèmes
Aujourd’hui, les TIC contribuent déjà à une exploitation rationalisée et performante du bâtiment et de ses divers systèmes techniques, notamment dans les domaines de la gestion technique du bâtiment (GTB), la sécurité incendie, la protection, etc. Pour tous ces services rendus, l’Intelligence Artificielle joue un rôle important. Elle permet le traitement des données recueillies, notamment par les objets connectés. De plus, elle s’est récemment ouverte à l’apprentissage profond – deep learning – qui permet aux machines d’apprendre par elles-mêmes, sans avoir été explicitement programmées pour cela.
Grâce à l’intelligence artificielle et à l’exploitation des données, le champ des possibles va s’élargir. Ainsi, pour obtenir le réglage des systèmes de manière à assurer de façon optimale le confort souhaité, il est aujourd’hui envisageable de rapprocher des données extérieures, des données liées au bâtiment et contenues dans la maquette numérique et des données liées aux comportements et aux usages des occupants. Avec l’intelligence artificielle, le bâtiment gagne un « cerveau ». Ce « cerveau » acquiert une compréhension des usages, peut les anticiper, proposer de nouveaux réglages, en intégrant de nombreuses données, ce qui ne serait pas possible à l’occupant et/ou au gestionnaire. Le bâtiment se comporte ainsi de façon plus dynamique vis-à-vis de ses occupants.
L’intelligence artificielle transforme l’intégration du bâtiment dans son territoire
Un bâtiment s’intègre nécessairement dans un contexte, un territoire. Hier, cette intégration se fondait essentiellement sur une contiguïté physique et matérielle. Aujourd’hui, cette intégration passe par son ouverture et sa connexion avec l’extérieur. Demain, l’intelligence artificielle accentuera encore davantage la nécessité de connexion et de réseau entre un bâtiment et son environnement extérieur. Ce réseau peut s’envisager entre les différents acteurs intervenant tout au long de la vie du bâtiment, dans la gestion de certains équipements collectifs ou espaces à l’échelle du voisinage ou encore dans le branchement du bâtiment sur les réseaux intelligents – smart grids – avec un impact direct en termes de gestion énergétique.
Certaines technologies récentes, dont le développement est concomitant avec celui de l’intelligence artificielle, influent fortement sur les liens entre le bâtiment et son territoire. C’est notamment le cas de la technologie numérique de la chaîne de blocs – blockchain – ou des procédures machine-à-machine – machine-to-machine.
L’intelligence artificielle décuple le rôle du bâtiment dans la société de demain
Les Technologies de l’Information et de la Communication induisent d’ores et déjà de nouvelles formes d’habiter, de travailler, de se déplacer et d’utilisation des équipements en proposant de nouveaux services dont les implications sociétales sont fortes. Certains bâtiments actuels intègrent déjà l’offre de ces services dans leur programmation, leur conception et leur fonctionnement. Le bâtiment de demain doit pouvoir être prêt à servir de support à cette offre de services de façon ouverte, autrement dit être « prêt à être équipé ».
Dans ce domaine, l’intelligence artificielle devrait avoir de forts impacts, pour le commerce ou le transport par exemple. La santé et les seniors sont également des domaines où l’impact sera élevé et présentant de forts enjeux sociétaux. Dans tous ces secteurs, l’intelligence artificielle appliquée au bâtiment jouera un rôle essentiel dans l’évolution des services proposés afin d’utiliser au mieux les données collectées, optimiser les services recherchés et en développer de nouveaux.