Projet Spinoza : un outil d’IA développé par et pour les journalistes, vers un journalisme de confiance

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) et l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) ont récemment annoncé collaborer à la conception d’une IA générative dédiée aux journalistes. Ce projet, baptisé “Spinoza”, a pour objectif de soutenir la presse écrite ainsi que la propriété intellectuelle des médias.

Les LLM sont entraînés sur de vastes ensembles de données, le plus souvent tirés du web, soulevant des problèmes de droit d’auteur. C’est ce qui a motivé l’Authors Guild, la principale organisation professionnelle d’écrivains américaine, à envoyer en juillet dernier une lettre ouverte aux PDG de grandes entreprises d’IA, notamment OpenAI, Alphabet, Meta, Stability AI, IBM et Microsoft. Elle y attirait l’attention sur “l’injustice inhérente à la construction de technologies d’IA génératives lucratives à l’aide d’œuvres protégées par le droit d’auteur et demandait aux développeurs d’IA d’obtenir le consentement, de créditer et de rémunérer équitablement les auteurs”.

RSF et l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) ont signé un protocole d’accord (memorandum of understanding) pour notamment “développer un outil d’intelligence artificielle, par et pour les journalistes, qui garantit la propriété intellectuelle des médias sur leurs publications” qui sera “au service d’une information fiable et d’un journalisme de confiance”.

Via ce projet, ils veulent rappeler que “les publications des médias ont une valeur propre, qui doit être prise en compte dans le développement de l’IA générative”.

Un premier prototype dès la fin de cette année

Le modèle de langage que les 2 partenaires vont développer avec Ekimetrics, une société experte en IA et datascience, sera open source, afin que les médias puissent construire leurs propres outils et “imposer leur vision d’une technologie au service de l’information”.

Un premier prototype devrait être réalisé d’ici fin décembre, il se concentrera sur des informations liées au changement climatique regroupées dans des “bases de données composées de productions scientifiques, de textes de lois, ainsi que d’articles de presse fournis par les journaux volontaires”, selon l’ONG.

Les journalistes des médias membres de l’Alliance aideront à sa conception et pourront le tester s’ils le désirent. Le prototype citera systématiquement ses sources afin de les aider à trouver rapidement et précisément des informations complexes.

Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF, explique :

“Avec le projet Spinoza nous souhaitons donner aux journalistes les moyens de reprendre le contrôle sur leurs outils de production dans un paysage technologique de plus en plus hostile au journalisme fiable. Nous souhaitons aider au développement de la culture de l’IA et de la technologie dans la communauté journalistique et renforcer la souveraineté des médias sur leurs moyens de production”.

Philippe Carli, Président de l’Alliance de la presse d’information générale, ajoute :

“L’Alliance et ses membres s’impliquent dans le projet Spinoza pour affirmer que l’IA générative doit se développer avec l’accord et la participation active des éditeurs et des journalistes. Leur contribution, garantie d’un travail professionnel de production d’une information de qualité, est la condition pour poser les bases d’une IA de confiance et d’une véritable création de valeur.”

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