Le supercalculateur Jean Zay est au coeur de plusieurs projets de recherche de pointe comme Big Science. C’est devenu un outil incontournable et ActuIA y a également consacré un sujet dans le prochain numéro du magazine à paraître dans quelques jours. Le mois dernier, GENCI, l’agence nationale française en charge des ressources de calcul haute performance et de stockage pour la recherche académique et industrielle, le CNRS via l’IDRIS (Institut du Développement et des Ressources en Informatique Scientifique), Hewlett Packard Enterprise (HPE) et NVIDIA ont annoncé une augmentation massive de ses ressources consacrées à la recherche en intelligence artificielle. Retour sur cette annonce qui va permettre à l’organisme de répondre à la demande croissante.
Le supercalculateur Jean Zay est un géant. Physiquement, il occupe une surface au sol de 150 m2, pèse 43 tonnes et approche les 2 MWh de consommation électrique. Il est le premier supercalculateur français convergé entre calcul intensif et IA, issu du plan national “AIForHumanity” de mars 2018. GENCI (Grand Équipement National de Calcul Intensif) le met à disposition des chercheurs en IA français et européens qui profitent ainsi de son calcul haute performance.
Mis en service fin 2019, Jean Zay est l’un des supercalculateurs convergés les plus puissants d’Europe. Il bénéficie d’une organisation hiérarchique sur plusieurs niveaux qui lui permettent de soutenir une charge très importante d’accès aux données. Son utilisation est gratuite pour la recherche ouverte en HPC et en IA. Plus de 700 projets de recherche académiques ou industriels (de startups, des PME et des grandes entreprises) utilisant les méthodes d’IA ont pu bénéficier de ses ressources.
Les projets qu’il a permis de mener étaient axés sur des domaines très divers : smart cities, santé et médecine (lutte contre la Covid-19 et contre le cancer par exemple), neurosciences, robotique, sciences sociales, chimie, physique des particules, astrophysique, climatologie, traitement automatique des langages, vision par ordinateur, etc.
Neuf experts en IA issus du CNRS et d’INRIA ont intégré l’équipe de support applicatif de l’IDRIS qui compte à présent 21 personnes.
Les augmentations de ressources de Jean Zay
Jean Zay va voir sa configuration encore évoluer pour atteindre au début de l’année 2022 un total de plus de 3 152 GPUs, comprenant à la fois des GPU NVIDIA V100 et des GPU NVIDIA A100 Tensor Core. La puissance des premiers devrait permettre de doubler l’actuelle capacité de calcul dédiée à l’Intelligence Artificielle sur Jean Zay.
Cette extension proposera 52 serveurs HPE Apollo 6500 Gen 10 comportant chacun 8 NVIDIA A100 (un total de 640 Go de mémoire HBM2 par serveur), particulièrement bien adaptés pour les grands modèles de TAL ou en vision.
Le déploiement de cette nouvelle capacité de calcul permettra le développement de projets de recherche innovants, d’ampleur mondiale, comme les projets BigScience et COVID_19.L
L’IDRIS et l’Établissement public d’aménagement Paris-Saclay (EPAPS) ont pour projet de recycler la chaleur produite par le supercalculateur Jean Zay pour alimenter le réseau d’échange de chaleur et de froid du Campus urbain Paris-Saclay, permettant une couverture thermique équivalente à 1000 logements.
Philippe Lavocat, Président Directeur Général de GENCI, a déclaré :
“L’extension de Jean Zay renforce la position de la France parmi les pays leaders dans la recherche académique et industrielle en intelligence artificielle. C’est l’une des mission clés de GENCI, conformément à son plan stratégique. Cela témoigne du supercalculateur Jean Zay dans la communauté scientifique et de la pertinencede la réponse apportée à ses besoins en IA.”
Selon Antoine Petit, Président Directeur Général du CNRS :
“L’intelligence artificielle et ses
applications sont l’une des priorités du CNRS décrites dans son contrat d’objectifs et de performance (2019-2023). Le renforcement des ressources de calcul de Jean Zay, hébergé
et opéré par l’IDRIS, centre national de calcul haute performance du CNRS, est essentiel pour répondre à de multiples challenges émergents dans les communautés de la recherche
française dont celles du CNRS. Le CNRS produit des efforts significatifs pour fournir le meilleur environnement possible à l’IDRIS et le meilleur support aux utilisateurs”.
Renaud Vedel, Coordinateur de la Stratégie nationale pour l’IA :
“Sur la recommandation du rapport Villani, la stratégie française pour l’IA a placé l’égalité d’accès aux supercalculateurs comme clé. Tous les chercheurs qui publient selon les règles de la science ouverte, issus des laboratoires publics mais aussi des équipes privées et particulièrement des startups, peuvent en bénéficier, avec en plus un accompagnement par des équipes de support applicatif. Et nous pouvons constater aujourd’hui que ce double pari
est gagnant : il accélère la diffusion de l’IA dans toutes les disciplines scientifiques et
domaines technologiques et leur offre de nouveaux outils de découverte. Nous sommes heureux d’accompagner GENCI et l’IDRIS, qui se sont engagés avec succès, dans cette nouvelle expansion.”