Alors que l’administration Biden a dévoilé début décembre de nouvelles restrictions visant à limiter l’accès de la Chine à certaines technologies de pointe, notamment les puces d’IA, elle a présenté hier, une semaine avant de céder la place à Donald Trump, un projet de réglementation visant à bloquer les exportations de ces puces vers la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Leur accès à ses principaux alliés, dont la France, sera également soumise à certaines conditions, soulevant le tollé chez les acteurs de l’IA, notamment chez NVIDIA.
Sous couvert de sécurité nationale, les Etats-Unis, pour préserver leur position prédominante dans la course à l’IA, ont mis en place des restrictions vers l’exportation des GPU et des puces d’accélération d’IA vers la Chine, son principal concurrent, et la Russie dès 2022, introduisant des exigences plus strictes pour l’octroi de licences pour les exportations vers la Chine et d’autres pays en 2023.
Ils pourraient franchir un nouveau pas avec cette nouvelle réglementation, que critique Ned Finkle, vice-président des affaires gouvernementales chez NVIDIA. Il affirme dans un billet de blog où il rappelle l’apport de l’IA pour les soins de santé, l’agriculture, la fabrication, l’éducation, entre autres :
“L’administration Biden cherche maintenant à restreindre l’accès aux applications informatiques grand public avec sa règle sans précédent et erronée de « diffusion de l’IA », qui menace de faire dérailler l’innovation et la croissance économique dans le monde entier”.
Que stipule la réglementation provisoire ?
La réglementation provisoire, présentée par la Maison-Blanche, introduit une série de mesures destinées à encadrer strictement la diffusion des technologies d’IA avancées, tout en préservant les intérêts économiques et stratégiques des États-Unis.
Blocage des exportations vers les pays de préoccupation
Les exportations de puces avancées seront strictement interdites vers la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. Ces pays, considérés comme des adversaires stratégiques, sont ciblés pour empêcher l’utilisation de ces technologies à des fins militaires, cybernétiques ou de surveillance de masse.
Aucune restriction pour les alliés
Les 18 principaux alliés des États-Unis, parmi lesquels la France, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Suède, le Japon, la Corée du Sud et Taïwan, pourront continuer à importer ces technologies, mais sous réserve de répondre à des critères de sécurité stricts et d’obtenir des licences pour les commandes de grande envergure.
Deux statuts ont été créés pour encadrer les exportations vers les utilisateurs finaux :
- Universal Verified End User (UVEU) : Ce statut permettra aux entreprises situées dans des pays alliés et respectant des normes de sécurité élevées de bénéficier de livraisons flexibles pour leurs besoins en IA. Elles ne pourront toutefois déployer que 7% de leur capacité de calcul dans chaque pays tiers ;
- National Verified End User (NVEU) : Accordé aux entreprises des pays considérés comme non-préoccupants qui pourront acheter jusqu’à 320 000 GPU avancés sur deux ans, tout en respectant les exigences de sécurité.
Les entités non-VEU pourront quant à elles acheter jusqu’à 50 000 GPU avancés par pays, un nombre qui pourra être doublé en cas d’accord signé avec les États-Unis.
Exemptions pour les petites commandes de puces
Les commandes de puces dont la capacité de calcul collective ne dépasse pas 1 700 GPU avancé ne nécessiteront pas de licence et ne seront pas comptabilisées pas dans les plafonds nationaux. Ces exemptions concernent principalement des institutions universitaires, médicales et de recherche qui utilisent ces technologies à des fins non-sensibles et pourront ainsi les recevoir rapidement.
Encadrement des modèles d’IA avancés
Les poids de modèles fermés ne pourront être transférés qu’à des acteurs vérifiés, tandis que des normes de sécurité accrue sont imposées pour leur stockage.
Cette réglementation pourrait entrer en vigueur d’ici 120 jours, reste à savoir ce qu’en fera le gouvernement Trump, soutenu par les acteurs de la Silicon Valley.
Pour Ned Finkle :
“Elle sape déjà les intérêts des États-Unis. Comme l’a démontré la première administration Trump, l’Amérique gagne grâce à l’innovation, à la concurrence et au partage de nos technologies avec le monde – et non en se retirant derrière un mur d’excès de pouvoir gouvernemental. Nous attendons avec impatience un retour à des politiques qui renforcent le leadership américain, stimulent notre économie et préservent notre avantage concurrentiel dans le domaine de l’IA et au-delà”.