Nice est la ville française qui compte le plus grand nombre de caméras, son centre de supervision urbain est doté de plus de 3 900 caméras haute définition. Si certaines sont dotées d’un logiciel d’IA, la ville espère tester un dispositif de reconnaissance faciale lors de la coupe du monde de rugby, l’automne prochain.
Christian Estrosi, le maire de Nice, plaide en faveur de la reconnaissance faciale pour assurer la sécurité de sa ville depuis plusieurs années. D’ailleurs, le logiciel « Any Vision » fourni par la société Confidentia, avait été testé durant 48 heures lors du carnaval en 2019, 1 000 personnes s’étant portées volontaires.
Cet été, la ville annonçait que trente-deux de ses caméras allaient être équipées du logiciel Cityvision de la société Wintics, solution de classification et de comptage basé sur l’IA qui permettra l’analyse des comportements dangereux de 8 modes de déplacement et de comptabiliser piétons, voitures, camions, deux-roues et même trottinettes, ce qui est autorisé par la CNIL.
A la même période, la ville de Nice annonçait solliciter la CNIL afin de mettre en place une plateforme de recherches basée sur l’IA. Selon Christian Estrosi, le système alors en cours d’expérimentation n’utilise pas de photos, de données biométriques ou d’autre dispositif non autorisé. Basé sur un logiciel de la société canadienne Avigilon, il permet de rechercher une personne via des caméras « sans avoir recours aux techniques de reconnaissance faciale » mais en fonction de critères : âge, taille, tenue vestimentaire, données corporelles.
Pourquoi solliciter à nouveau le gouvernement pour utiliser la technologie de reconnaissance faciale ?
Malgré l’opposition de la gauche, le Sénat a très largement adopté le 24 janvier dernier, l’article du projet de loi autorisant l’expérimentation de caméras dotées d’algorithmes à compter de cette année en vue des Jeux olympiques 2024 de Paris.
Cependant, si ces algorithmes d’IA permettront notamment de détecter des mouvements suspects, l’utilisation de la reconnaissance faciale est exclue.
Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, l’avait affirmé en octobre dernier devant la commission de la culture du Sénat.
Elle avait alors déclaré :
« Je comprends l’attente et l’importance de la reconnaissance faciale, notamment après les événements au Stade de France. Mais actuellement, les dispositions législatives concernant la sécurité ne prévoient pas ces dispositifs. Nous travaillons sur des algorithmes intelligents, mais anonymisés, pour gérer les mouvements de foule dans les transports. Et même ces dispositifs de vidéoprotection devront être examinés par la Cnil et le Conseil d’État avant d’être mis en œuvre ».
Toutefois, Christian Estrosi espère tester un dispositif de reconnaissance faciale lors des prochains grands évènements sportifs qui se dérouleront dans sa ville, notamment lors de la coupe du monde de rugby, l’automne prochain.
Il a déclaré dans un communiqué de presse :
« Si l’intelligence artificielle au service de l’humain est enfin reconnue comme une solution fiable et pertinente dans la sécurité du quotidien, elle doit aussi pouvoir être utilisée pour tous les grands évènements et le plus rapidement possible. En particulier, Nice recevra dans les prochains mois et les prochaines années des évènements majeurs qui vont attirer des dizaines de milliers de personnes : la Coupe du monde de rugby, les championnats du monde d’Ironman en 2023 et l’arrivée du Tour de France en 2024. Il est fondamental pour une sécurité optimale que nous puissions nous aussi utiliser cette technologie lors de ces évènements. »
Il ajoute avoir :
« écrit à Gérald Darmanin pour lui indiquer que notre territoire, qui a expérimenté cette technologie avec succès en 2019, est en capacité de recourir à ces innovations dès le mois de septembre pour les quatre matchs de la Coupe du monde de rugby qui auront lieu à Nice. »
Il conclut :
« Aujourd’hui, il est primordial que nous sortions des débats idéologiques stériles. La technologie existe et représente une réelle opportunité pour accompagner les policiers sur le terrain et renforcer notre efficacité en matière de sécurisation de l’espace public. »