Maroc : Vers la mise en place d’une politique nationale dédiée à l’IA pour accélérer la transformation digitale ?

La transformation digitale du Maroc a débuté il y a une douzaine d’années. Depuis, le gouvernement conscient de l’impact du numérique sur la société et l’économie marocaine, a lancé plusieurs stratégies pour accélérer son développement. L’Intelligence Artificielle y a un rôle essentiel à jouer et le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Réda Chami, a appelé, le 19 janvier à Rabat, à la mise en place d’une politique nationale dédiée à l’intelligence artificielle (IA) en lui accordant la priorité dans le chantier de la transformation digitale.

Le Maroc a pour ambition de devenir un des acteurs majeurs du numérique en Afrique. Dès 2005, il mettait en place la stratégie «e-Maroc 2010», suivie du plan «Maroc numérique 2013»,  de «Maroc Digital 2020» et «Horizon 2025». En 2020, il occupait la quatrième place du «Digital Risers» (classement des pays en terme de compétitivité digitale) des pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient). Le taux de pénétration internet et mobiles a été augmenté par la pandémie grâce au télétravail et à l’e-commerce mais a aggravé la fracture sociale. D’autre part, les objectifs prévus par les différents plans n’ont pu être atteints.

De l’importance de la digitalisation

C’est en vidéo que le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Réda Chami, a rappelé l’importance du digital comme pilier essentiel de transformation stratégique, au regard de son impact transversal sur la gouvernance, la transparence, le bon fonctionnement des services publics, l’inclusion de la population, ainsi que sur la dynamique économique. Il a déclaré :

«La digitalisation, désormais incontournable de par le monde, est devenue un moteur de la globalisation des échanges de toute nature, voire un levier déterminant pour réussir toute transformation sociétale et économique dans un pays.»

Il a ensuite ajouté :

«Conscient de l’importance de ce secteur créateur d’opportunités économiques et sociales majeures, notre pays a mis en œuvre, depuis des années, plusieurs stratégies et programmes en vue d’accélérer sa transformation digitale tels que “Maroc numérique 2013” et “Maroc digital 2020”. Il s’est également doté d’arsenal juridique et d’instances spécialisées en la matière dont l’Agence du Développement du Digital (ADD), la Commission Nationale de Contrôle de la Protection des Données à Caractère Personnel (CNDP) et la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI)»

Un bilan décevant

Les différentes stratégies ont apporté une bonne couverture Télécom et un accès généralisé à la téléphonie mobile. Elles ont permis la digitalisation de l’administration et de certains secteurs (services bancaires numériques, paiement des taxes et impôts en ligne, dématérialisation des procédures douanières, le e- parapheurs, la plateforme «TELMIDTICE» pour l’enseignement à distance, le bureau d’ordre digital, la mise en place de la plateforme Chikaya, le tribunal à distance pendant le confinement, etc…).

Cependant, les objectifs pour une transformation digitale aboutie n’ont pas été atteints et la fracture numérique n’a pas été résorbée, elle a même été amplifiée par la pandémie. La faible couverture haut et très haut débit a été un frein au télétravail, un cadre législatif et réglementaire doit être mis en place. L’accent a été également mis sur le manque d’acteurs technologiques marocains, de la faible production du contenu digital, culturel et éducatif national et sur la feuille de route nationale en matière d’IA qui peine à voir le jour.

Vers une transformation digitale et responsable grâce à l’IA

Les membres du Conseil Economique, Social et Environnemental soulignent la nécessité de donner la priorité à l’IA et de mettre en place une politique qui lui soit dédiée. Mr Chami déclare :

«Il est important d’ériger l’IA en priorité nationale dans le chantier de la transformation digitale du pays eu égard à son importance capitale, aux plans stratégique et économique et aux réponses qu’elle apporterait aux besoins différenciés des citoyens.»

L’IA permettra de faire du digital un véritable levier de développement économique et social du Maroc. Pour cela, «il faudra assurer, dans un délai maximal de trois ans, un accès généralisé à l’Internet haut débit et très haut débit, à l’ensemble de la population, avec une qualité de service satisfaisante et un prix concurrentiel abordable et deuxièmement, moderniser, dans un délai maximal de trois ans, les services administratifs par la digitalisation de l’ensemble des procédures administratives». Mr Chami explique :

«Grâce aux gains en productivité et efficience provenant de la dématérialisation, ceci pourrait à terme économiser environ 718 millions d’heures de travail par an, soit une économie de l’ordre de 1% du PIB (plus de 10 milliards de dirhams). Il s’agit également d’augmenter la contribution du secteur des Technologies de l’information et de la communication à plus de 10% du PIB et le lancement d’au moins une licorne marocaine dans le domaine de l’intelligence artificielle, la Fintech ou l’Agritech dans un délai de cinq ans».

De son côté, Amine Mounir Alaoui, président de la commission chargée de la société du savoir et de l’information qui a supervisé l’élaboration de l’avis, a souligné l’impératif d’intégrer la digitalisation dans la vie quotidienne des jeunes et faire en sorte que ça devienne réellement une façon de vivre.

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