Le 1er juin dernier, la Banque européenne d’investissement (BEI) a publié un rapport détaillé autour de l’intelligence artificielle et de la blockchain. Le document rapporte que l’Union européenne n’est à l’origine que de 7 % des investissements annuels globaux réalisés autour de ces deux technologies, contrairement à la Chine et aux États-Unis qui représentent 80 % du marché. Le déficit d’investissement annuel dans ces deux secteurs correspond à 10 milliards d’euros : une somme que l’UE doit investir si elle souhaite rester compétitive.
Un rapport de la BEI évoquant les investissements autour de l’intelligence artificielle et de la blockchain
Le rapport intitulé “Artificial intelligence, blockchain and the future of Europe” montre que par rapport à ses concurrents, l’Union européenne prend un retard non négligeable dans le déploiement d’innovations liées à l’IA et à la blockchain. Ces deux technologies semblent être celles qui joueront un rôle central dans la stratégie de transition numérique européenne ainsi que dans le renforcement de sa souveraineté technologique.
Cette étude réalisée par la BEI précise que les deux secteurs représentent 25 milliards d’euros d’investissements annuels, dont 80 % sont assumés par les États-Unis et la Chine. Environ 1,75 milliard d’euros, soit 7 % des investissements sont réalisés par les 27 états membres de l’Union européenne, bien loin des 20 milliards d’euros dépensés par les deux superpuissances. Le rapport conseille donc à l’UE de revenir à hauteur en investissant près de 10 milliards d’euros dans la blockchain et l’IA.
Graphique représentant l’ensemble des investissements réalisés par différents pays autour de la blockchain et de l’IA :
L’Union européenne accuse d’autres retards dans les deux secteurs
L’étude montre que le plus grand nombre de PME impliquées dans l’IA et la blockchain se trouve aux États-Unis avec 2 995 entreprises, puis en Chine avec 1 418 structures, et enfin en Union européenne avec 1 232 PME. Le Royaume-Uni seul comprend 495 entreprises spécialisées dans les deux technologies. Au sein de l’UE, l’Allemagne et l’Autriche en comportent le plus grand nombre, suivies des nations de l’Europe du Sud puis de la France.
Cet écart, ainsi que celui des investissements peuvent être expliqués par le rôle moindre joué par les grands investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension, les fondations et les assureurs dans le financement des start-up spécialisées dans la blockchain et l’IA.
Un autre graphique permet de mettre en évidence les secteurs dans lesquels l’intelligence artificielle est exploitée. Si en Europe, en Inde, au Canada ou aux États-Unis, les entreprises spécialisées en IA opèrent beaucoup plus dans les domaines de l’information-communication ou dans les activités professionnelles, scientifiques et techniques, en Chine, la moitié des entreprises d’IA proviennent du secteur de la manufacture.
Un retard à rattraper
L’étude menée par la BEI montre que tout comme les États-Unis ou la Chine, l’Union européenne possède un fort vivier de spécialistes qui recèle un fort potentiel de concurrence. Mieux encore, les 27 états membres possèdent plus de chercheurs spécialisés dans la blockchain et l’IA que la Chine ou les États-Unis et les recherches qu’ils effectuent sont beaucoup plus axées sur la technologie que ces deux pays. 43 064 chercheurs en IA ont été recensés en Europe, dont 7 998 au Royaume-Uni, 28 539 aux États-Unis et 18 232 en Chine. Certains pays membres ont obtenu de bons résultats dans le secteur numérique, ce qui indique que l’UE a les moyens de pouvoir développer des systèmes liés à l’IA et à la blockchain dans plusieurs secteurs.
Dans le rapport, trois domaines majeurs ont été soulignés : le développement, le déploiement du marché et l’écosystème d’innovation de l’Union européenne.
Ces trois axes sont à privilégier selon la BEI : l’UE doit mettre à profit beaucoup plus de financements pour déployer et développer les entreprises d’IA. Les 27 pays membres doivent mettre en place des efforts conjoints pour mettre en commun l’ensemble des ressources financières du secteur privé et public pour soutenir ces entreprises spécialisées en blockchain et en IA. Pour se développer davantage, il est également préconisé aux pôles d’innovations européennes de mieux se connecter pour augmenter le flux de talents, de compétences et d’expérience pour accéder aux financements.