L’intelligence artificielle s’invite au Marché du film de Cannes

Le Marché du film de Cannes, plateforme commerciale du Festival, a été créé par Émile Natan en 1959 pour permettre aux professionnels de l’industrie du cinéma (producteurs, distributeurs, exportateurs, importateurs) de se rencontrer en un lieu dédié. Il propose des conférences, des sélections de films ainsi que des événements où les participants peuvent découvrir entre autres les nouvelles technologies et les dernières tendances de l’industrie cinématographique. Cette année, l’intelligence artificielle s’est invitée au cœur des débats.

Lorsqu’on évoque l’intelligence artificielle dans le monde du cinéma, on pense aussitôt aux films qui lui sont consacrés : l’Odyssée de l’Espace, AI Intelligence Artificielle, Matrix, Terminator…Au delà d’être la thématique de certains films, l’IA est de plus en plus utilisée au cours de leur création : aide au projet, élaboration de sous-titres, doublage, effets spéciaux, vieillissement ou rajeunissement de visages…

Prédire le succès d’un projet de film grâce à l’IA

Lors de la journée consacrée aux nouveaux outils d’IA et aux nouvelles technologies comme le XR, une expérience a eu lieu : des producteurs sont venus présenter leur projet de films, une série de chiffres apparaissait alors très rapidement sur un écran placé derrière eux, estimant le potentiel de réussite du film présenté. Sami Arpa, PDG de Largo.ai, start-up installée en Suisse, commentait ensuite ces résultats. La société édite un logiciel d’intelligence artificielle qui vise à soutenir les producteurs, distributeurs, réalisateurs, écrivains, financiers, acteurs et actrices dans leur processus de prise de décision. Sami Arpa explique:

« D’abord, c’est un outil d’assistance, l’intelligence artificielle ne remplace pas le processus créatif. Les producteurs ou les distributeurs peuvent l’utiliser et analyser leur projet à tous les stades : du développement à la distribution. Par exemple, au stade de la pré-production, ils peuvent télécharger le scénario de leur film dans le système et le système leur fournit automatiquement des informations sur le contenu, le casting choisi, et aussi des résultats potentiels au box-office ou sur les plateformes de streaming ou encore le type d’audience qui pourrait être intéressée par le film. »

L’IA a été entraînée sur 60 000 films européens et américains, tous genres confondus, qu’ils aient reçu un bon accueil auprès des critiques, du public ou non. Des scénarii n’ayant jamais abouti sur un film ont également été intégrés à l’apprentissage afin que l’IA soit le plus efficiente possible. Ses résultats avoisinent les 80% d’efficacité, selon Sami Arpa.

Sami Arpa, informaticien mais aussi cinéaste a compris le potentiel de cette innovation en observant ce qui existe déjà chez les plateformes. “Amazon et Netflix utilisent beaucoup de données, d’innovation et cela perturbe l’industrie. Ces données et technologies ne sont pas disponibles pour les autres. C’était donc notre mission : créer une technologie disponible pour toute l’industrie.” Il a déclaré lors d’une interview à l’ADN :

« C’est une question importante. Vous pouvez avoir de bonnes datas, mais pas la bonne technologie, ou l’inverse. Dans les deux cas, ça ne sert à rien. Les gros studios tels que Warner Bros ou Sony disposent de « bonnes » données, mais ils n’ont pas la technologie d’un Netflix. Les producteurs indépendants n’ont ni les données, ni la tech. Nous, on a les deux. Pour nourrir notre technologie, on utilise des données publiques (budget, casting, résultats au box-office). On travaille aussi avec des partenaires privés qui nous offrent leurs données. Et enfin, on génère notre propre data ; on a un service de VOD et des chaînes de télé, Sofy.tv. »

Des centaines de producteurs utilisent aujourd’hui le logiciel de Largo.ai qui en un an, a analysé environ 1 000 projets.

Le CNC aide au développement de l’IA

En France, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) encourage l’utilisation de l’IA et des nouvelles technologies, il a d’ailleurs instauré une aide pour les effets visuels et un accompagnement à la formation. Vincent Florant, directeur du numérique au CNC, déclare :

« C’est un accompagnement dans le risque, car les projets sont souvent assez risqués et mettent parfois du temps à se rentabiliser. »

Le CNC consacre huit millions d’euros chaque année aux projets innovants et techniques et dix millions d’euros à la production.

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