Un important séisme de 7.8 sur l’échelle de Richter a touché cette nuit le sud-est de la Turquie, suivi plus tard dans matinée par une réplique de 7.5, faisant selon un bilan provisoire plus de 1000 morts et des milliers de blessés.
Certaines zones du globe connaissent une forte activité sismique. La Turquie, traversée par la faille anatolienne, en fait partie. La catastrophe qui s’est déroulée cette nuit s’inscrit dans une longue lignée en Turquie et remémore le tremblement de terre qui avait fait 17 000 victimes dans la ville d’Izmit en 1999. Entre 1998 et 2017, ce sont en tout plus de 750 000 personnes qui sont décédées à l’occasion de séismes dans le monde.
À l’instar des californiens, les stambouliotes s’attendent d’ailleurs au “Big One”, un tremblement de terre aussi dévastateur que celui qui avait dévasté 80% de la ville de San Francisco en 1906. La population de l’agglomération d’Istanbul est aujourd’hui de 15 millions d’habitants, celle de San Francisco de 8 millions, celle de Mexico, tout aussi exposée, de 20 millions d’habitants. Ces mégalopoles sont loin d’être les seules concernées. La prédiction des séismes fait donc l’objet de nombreuses recherches.
S’il est possible de prédire à long terme (à l’échelle du siècle, avec une marge d’erreur de plusieurs décennies), la forte probabilité d’un séisme d’une telle ampleur dans ces zones, tout l’enjeu est de pouvoir les prédire à moyen, et même, à court terme, afin de pouvoir prévenir les populations et les mettre à l’abri du danger.
Nous ne manquons pas de données sur l’historique de l’activité sismique : le premier sismographe a été inventé en l’an 132. Aujourd’hui, ce sont plusieurs centaines de séismes de magnitude 2 et plus qui sont détectés chaque jour par plus de 15000 sismographes répartis sur le globe. Une grande partie de ces données est accessible en ligne. Toutefois l’activité sismique est irrégulière et hautement imprédictible. Les données historiques ne se sont jamais montrées suffisantes à l’établissement d’une prédiction de tremblement de terre futur.
De nombreux travaux se sont attachés à détecter les signes précurseurs, de l’activité des plaques tectoniques au comportement de certains d’animaux comme les serpents qui sembleraient capables d’anticiper la survenue d’un séisme.
D’autres travaux, à défaut de prédire les temblements de terre, tentent de détecter au plus vite les premiers signes en provenance de l’épicentre pour donner l’alerte aux habitants et leur donner quelques secondes d’avance pour réagir.
En France, le projet EARLI, auquel nous consacrions un article en mai 2022, et dont la vidéo de présentation par Quentin Bletery est affichée en en-tête de cet article est un exemple de projet lancé dans le but de détecter les signes annonciateurs de tremblements de terre de grande ampleur.
La survenue du tremblement de terre ne marque pas la fin de la catastrophe naturelle. La prédiction des risques de tsunami est elle aussi importante et fait l’objet d’un nombre grandissant de recherches.
Si l’intelligence artificielle est à ce jour incapable de prédire avec précision la survenue d’un tremblement de terre, tout pousse à croire que son rôle continuera de grandir, que ce soit pour apporter la meilleure protection en amont (simulation, modélisation), à l’approche d’un événement, ou pour la recherche de victimes et leur secours en aval.