La Banque centrale européenne (BCE) a récemment publié une étude sur l’impact de l’intelligence artificielle sur les salaires et l’emploi en Europe. Elle révèle que de 2011 à 2019, contrairement aux craintes d’une suppression massive d’emplois due à l’automatisation, l’IA a permis d’en créer, notamment pour les jeunes et les personnes hautement qualifiées. L’impact sur les salaires serait faible, mais l’IA pourrait amplifier l’inégalité des revenus.
L’article publié mardi dernier par la BCE (Albanesi et al. 2023) examine le lien entre les technologies basées sur l’IA et les parts d’emploi dans les 16 pays européens suivants : Belgique, Allemagne, Estonie, Irlande, Grèce, Espagne, France, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Autriche, Portugal, Finlande et Royaume-Uni.
Toutes les études sur l’impact de l’IA s’accordent sur un point : l’avenir du travail sera remodelé par l’IA. Mais, alors que les entreprises ont investi massivement dans l’IA, les économistes cherchent encore à évaluer son impact sur le marché du travail. Selon la BCE, “les rapports sur la fin du travail humain par l’IA pourraient être largement exagérés”.
De nombreuses études quant à l’impact de l’IA générative sur le monde du travail sont actuellement publiées, plus ou moins pessimistes. Selon celle de l’Organisation internationale du Travail (OIT), une agence de l’ONU, l’IA générative est plus susceptible d’augmenter les emplois que de les détruire.
Celle de la BCE porte sur la période 2011-2019, avant que les craintes de suppressions d’emplois dues à ChatGPT et ses concurrents ne fassent l’actualité.
Au cours de cette période, on a vu émerger diverses applications de deep learning, comme le traitement du langage, la reconnaissance d’images, les recommandations basées sur des algorithmes ou la détection de fraude. Bien qu’elles aient une portée moins étendue que les modèles d’IA générative actuels tels que ChatGPT, elles restent révolutionnaires et suscitent des inquiétudes quant à leur impact sur l’emploi.
Selon le document de la BCE, “l’automatisation basée sur l’IA est associée à une augmentation de l’emploi en Europe – principalement pour les métiers hautement qualifiés et les jeunes travailleurs. Ceci est en contradiction avec les preuves des vagues technologiques précédentes, lorsque l’informatisation a réduit la part relative de l’emploi des travailleurs moyennement qualifiés, entraînant une polarisation”.
Les impacts sur les salaires durant cette période ont été neutres ou légèrement négatifs, des effets qui pourraient s’accroître.
Le document souligne :
“Ces résultats ne constituent pas un acquittement : les technologies basées sur l’IA continuent d’être développées et adoptées. L’essentiel de leur impact sur l’emploi et les salaires – et donc sur la croissance et l’égalité – n’est pas encore visible”.