L’Institut national du cancer (INCa) a publié son appel à projets 2020 de soutien aux études, expérimentations et actions pour améliorer la prévention, le dépistage et la détection précoce des cancers (DEPIPREV). La date limite de soumission des dossiers de candidature est fixée au 7 avril 2020 à 16h00.
Cet appel à projets de l’INCa a pour objectif de promouvoir des études, expérimentations ou actions dans le champ de la prévention primaire des cancers et du dépistage des cancers. Les projets proposés doivent s’appuyer sur des démarches innovantes, reproductibles et mutualisables, en intégrant systématiquement une évaluation solide. Ils peuvent être conduits au niveau national ou dans des territoires spécifiques, en population générale ou auprès de publics ciblés.
Cette année, l’appel à projets comporte quatre axes, décrits en détail dans le texte d’appel à projets :
- Axe 1 : Dispositifs innovants engageant les offreurs de soins dans le champ de la prévention des cancers auprès d’un territoire
- Axe 2 : Mise en œuvre d’expérimentations ou d’actions en santé publique visant à personnaliser le dépistage des cancers en fonction du niveau de risque
- Axe 3 : Dépistage des cancers et innovations (tomosynthèse, télédermatologie, test HPV sur auto-prélèvement, dépistage du cancer broncho-pulmonaire, recours à l’intelligence artificielle)
- Axe 4 : Mise en œuvre d’expérimentations ou d’actions prenant en compte les particularités des Outre-mer face au dépistage des cancers
Plus d’information sur le site e-cancer.fr
Focus sur l’axe 3 de l’appel à projets de l’INCa – Dépistage des cancers et innovations
Des innovations techniques récentes permettent d’envisager différemment le dépistage des cancers dans une perspective à court ou moyen terme. Néanmoins, ces innovations, aussi prometteuses soient- elles, nécessitent d’être évaluées. Les projets soumis dans cet axe doivent porter sur l’un des aspects suivants :
- Évaluer la performance de la tomosynthèse dans le contexte français en documentant son impact sur le dépistage du cancer du sein (dans la pratique du dépistage organisé) ; sur la survenue des cancers d’intervalle et sur le sur-diagnostic, en évaluant son impact et son intérêt sur le maintien d’une seconde lecture post-tomosynthèse, en évaluant la faisabilité de son intégration dans le programme de dépistage organisé, avec l’assurance d’une qualité au moins équivalente à celle existante, en produisant une modélisation de son impact sur la mortalité et morbidité. Les projets devront intégrés les premiers publiés par la Haute Autorité de Santé (HAS) sur la performance de la mammographie par tomosynthèse. Le projet pourra faire l’objet d’un avenant pour l’adapter aux recommandations que doit produire la HAS fin 2020 sur la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage du cancer du sein.
- Expérimenter et évaluer la télédermatologie pour accroitre la détection précoce des cancers de la peau. L’utilisation des technologies de l’information et de la communication constitue une réelle alternative pour accroitre l’accessibilité au dépistage des cancers de la peau, en permettant l’envoi sécurisé de clichés à des dermatologues, facilitant ainsi l’accès à leur expertise sur l’ensemble du territoire. Le recours à cette pratique de télédermatologie nécessite d’être expérimenté et évalué, qu’elle soit conduite via les professionnels de santé de premier recours (médecins traitants, pharmaciens ou autres professionnels paramédicaux), ou qu’elle le soit à partir de clichés des lésions suspectes pris par les patients depuis des applications.
- Évaluer le test HPV sur auto-prélèvement dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Il est attendu des projets expérimentant, d’une part, des modalités alternatives de remise de kits d’auto-prélèvements vaginaux (action de proximité/campagne, visite à domicile par des travailleurs sociaux) dans les territoires et/ou situations dans lesquels l’envoi de courriers personnalisés est difficilement applicable (femmes sans domicile stable ou en habitat mobile/précaire, femmes vivant dans certains territoires de Guyane ou Mayotte, etc.). D’autre part, les expérimentations doivent documenter l’efficacité et l’efficience, dans le contexte français, des auto-prélèvements vaginaux comme alternative au prélèvement réalisé par un clinicien en population générale. Enfin, les projets doivent documenter, pour les auto- prélèvements urinaires, l’impact de la méthode de recueil des urines, le traitement des échantillons, le choix du test HPV-HR sur les performances diagnostiques et en évaluant les performances analytiques et diagnostiques du test HPV réalisé à partir d’auto-prélèvements urinaires.
- Modéliser des stratégies de dépistage du cancer broncho-pulmonaire : deux essais sur de larges échantillons (National Lung Screening Trial et Nederlands-Leuvens Longkanker Screenings Onderzoek), ont montré un bénéfice important du recours à un scanner thoracique faiblement dosé pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire, avec une réduction de la mortalité générale et de la mortalité par cancer du poumon ainsi qu’un accroissement des cancers diagnostiqués à un stade précoce. Néanmoins, les taux de participation au dépistage ont été faibles parmi la population éligible à ce dépistage. S’agissant d’un des cancers les plus fréquents en France et l’un des plus mortels, les résultats de ces deux essais sont suffisamment probants pour modéliser la balance bénéfice/risque d’un programme généralisé. Ainsi, dans cet axe sont attendus des projets visant à tester des stratégies de dépistage (incluant l’accompagnement vers un sevrage tabagique) : identification de la population-cible (population la plus à risque de cancer broncho-pulmonaire), modalités de repérage des personnes à risque et de proposition/d’invitation pour favoriser la participation au dépistage, rythme des dépistages, protocole de dépistage, algorithme décisionnel de suivi et prise en soins, apport de l’intelligence artificielle/machine learning, etc. Outre les estimations attendues (taux de participation, taux de positivité, de faux positifs, niveau de sur-diagnostic et de sur-traitement – mortalité et morbidités induites par l’irradiation et le traitement-, etc.), l’évolution des comportements tabagiques de la population-bénéficiaire devra être documentée ainsi que l’acceptabilité de ce dépistage parmi la population-cible ainsi que parmi les professionnels de santé. Les modalités d’assurance qualité devront être également décrites
- Évaluation de l’impact en santé publique du recours à l’intelligence artificielle pour améliorer l’efficacité et l’efficience du dépistage des cancers. La dématérialisation progressive des clichés pour le dépistage ou le diagnostic précoce des cancers laisse envisager le développement important de l’intelligence artificielle à la fois pour conduire des travaux de recherche sur ce matériel mais aussi pour accompagner les professionnels de santé dans l’interprétation des examens. Différentes solutions sont déjà accessibles aux médecins et la recherche est particulièrement dynamique au regard des enjeux possibles. Dans cet axe, il est attendu des projets visant à évaluer l’impact de l’intégration de l’intelligence artificielle dans le dépistage et la détection précoce des cancers en France : impact en santé publique (stade au diagnostic, évaluation de la qualité du dépistage, estimation du sur-diagnostic, etc.), impact organisationnel, notamment sur le circuit de seconde lecture de la mammographie pour le dépistage organisé du cancer du sein, ou sur la télédermatologie (voir également la partie de l’axe 2 relative aux projets attendus en télédermatologie), estimation des workflow nécessaires pour sa mise en place, etc. Cet appel à projets n’a pas pour vocation le financement de la recherche sur l’intelligence artificielle mais l’expérimentation et l’évaluation en santé publique de solutions existantes ou qui pourraient se développer.