L’observatoire Data Publica a publié le 12 novembre 2024 son troisième baromètre sur l’utilisation des données par les territoires, avec un focus particulier cette année sur le recours à l’IA. Réalisée avec le concours de la Banque des Territoires, La Poste, Orange, et en partenariat avec La Gazette des communes, l’étude intègre également les résultats d’une enquête menée par IPSOS auprès de 1 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française .
Pour ce baromètre 2024, 289 collectivités et établissements publics locaux ont été interrogés en juin et juillet derniers. Les résultats de l’enquête 2024 viennent sur plusieurs points confirmer des tendances déjà observées les années précédentes : les données sont utilisées par de plus en plus de collectivités, quelle que soit leur taille, et pour des usages de plus en plus variés. En effet, 65% des collectivités interrogées déclarent avoir lancé un projet data au cours des deux dernières années, contre 41% en 2022.
Les principaux domaines d’application des données sont l’administration et la gestion interne (59% des collectivités de plus de 3 500 habitants déclarent avoir des projets data dans ce domaine) et la transition écologique : gestion de l’énergie et de l’éclairage publique (58%), mobilité (55%) ou encore gestion de l’eau (46%) et des déchets (40%).
Mais le fait marquant de l’année est l’explosion du nombre de projets d’usage de l’IA au sein des collectivités françaises : plus d’une collectivité interrogée sur deux (51 %) annonce avoir soit déjà mis en place ou testé un système d’IA (36%), soit vouloir le faire dans les douze prochains mois (15%). En 2022, elles étaient 21 % dans ce cas.
Les taux de mise en œuvre les plus élevés se trouvent parmi les régions (75 % ayant déjà lancé des projets en 2024) et les métropoles (62 %). Cependant, pour la première fois, un nombre significatif de communes de 3 500 à 10 000 habitants est également impliqué : 14 % ont initié des projets, alors qu’aucune n’était concernée dans l’enquête de 2023.
L’observatoire estime à plusieurs centaines le nombre d’initiatives en cours. Parmi elles, 40% concernent deux domaines : la gestion administrative (29 %) et les interactions avec les usagers (11 %). Un chiffre qui pourrait atteindre 56 % pour ces cas d’utilisation en 2025, boosté par l’adoption de l’IA générative. De nombreuses collectivités, quelle que soit leur taille, expérimentent notamment des chatbots, utilisés en interne pour répondre aux questions des agents (par exemple, sur leur carrière) ou en externe pour informer les usagers. Les projets couvrent également d’autres secteurs comme la sécurité, la mobilité et l’environnement, bien qu’ils soient à divers stades de développement et souvent en phase de test.
Les freins à la mise en oeuvre de l’IA
La diffusion de l’IA dans les collectivités françaises est freinée par plusieurs obstacles, le principal étant le manque de compétences, cité par 63 % des collectivités et 67 % des régions, mais seulement 38 % des métropoles. Ce déficit s’accompagne d’une méfiance envers l’IA (47 %), d’un manque de temps et de moyens financiers. Pour celles ayant entamé des projets IA, l’accès limité aux données de qualité est placé au 3ème rang des défis à la mise en oeuvre de l’IA.
En termes de régulation, seulement 4 % des collectivités se disent totalement prêtes à respecter les recommandations de la CNIL sur le RGPD et l’IA. La mise en place de cadres juridiques et de chartes éthiques pour l’IA reste également en développement : seules 3 % des collectivités ont adopté une charte éthique (contre 15 % des métropoles), 18 % des collectivités envisageant de le faire dans les 12 prochains mois.
Des projets conformes aux attentes des Français
Si les Français témoignent toujours de leur confiance aux acteurs publics locaux, ils sont aujourd’hui plus inquiets et méfiants face au développement de l’IA dans notre société qu’il y a deux ans. Cependant, le sondage IPSOS révèle qu’ils placent de grands espoirs dans l’IA pour aider les collectivités à relever des défis complexes dans des domaines tels que l’énergie, l’eau et les transports, des attentes en phase avec les cas d’usage privilégiés par les collectivités. Par contre, une certaine réticence apparaît quant à l’utilisation de l’IA pour des services de proximité : seuls 20 % des Français préfèrent une IA disponible en continu à un agent au guichet. Cette opinion varie selon les générations et le genre, les 25-34 ans se montrant plus favorables (30 %) et les femmes plus prudentes.
Retrouver l’intégralité du Baromètre Data Publica 2024 ici