Au cœur d’une ère numérique en constante évolution, le domaine de l’intelligence artificielle se positionne à l’avant-garde, transformant radicalement le paysage des carrières professionnelles. Bien que l’expansion du secteur numérique ne soit pas un phénomène nouveau, l’essor récent de l’IA a ouvert un monde de possibilités inédites, à la fois pour les nouveaux entrants et pour ceux en quête de reconversion professionnelle. Au-delà de la création de nouveaux emplois, l’IA est un vecteur de redéfinition des rôles existants, soulignant l’importance cruciale d’une adaptation continue des compétences.
Cette ère de transformation met en lumière le rôle central de la formation et du développement de compétences spécialisées, essentiels pour naviguer avec succès dans ce domaine dynamique. L’avènement de l’IA offre ainsi des opportunités extraordinaires, ouvrant la porte à une diversité de carrières stimulantes et innovantes, accessibles à un large éventail de talents, des jeunes diplômés aux professionnels en reconversion, prêts à embrasser les défis de l’avenir numérique.
La transformation numérique en chiffres
La transformation numérique, une révolution silencieuse mais omniprésente, se reflète de manière frappante dans les statistiques du marché du travail. Un rapport de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques) datant de 2017 apportait une lumière éloquente sur cette évolution : le secteur numérique constituait déjà 38% des emplois en France. Ce pourcentage, loin d’être statique, est sur une trajectoire ascendante, témoignant de l’impact considérable et croissant de l’IA et des technologies numériques sur l’emploi.
L’importance grandissante de l’IA et du numérique traduit une réalité où les compétences technologiques deviennent essentielles dans une multitude de professions, pas seulement dans les métiers traditionnellement associés à l’IT. L’IA, en particulier, émerge comme un catalyseur clé dans ce paysage en mutation. Son intégration croissante dans divers secteurs, de la santé à la finance, du marketing à l’éducation, redéfinit non seulement les rôles existants mais crée également de nouvelles catégories d’emplois. Cette évolution marque une transition vers une économie où les compétences en IA et en analyse de données deviennent aussi cruciales que les compétences traditionnelles.
Cette tendance souligne une réalité incontournable pour les actuels et futurs professionnels : la nécessité d’acquérir des compétences numériques et en IA. Elle invite également les éducateurs et les formateurs à repenser les curriculums pour préparer efficacement les générations futures à un paysage de travail en constante évolution.
Une grande diversité de métiers dans l’IA
Au fil du temps, les professions liées au Web ont évolué et se sont spécialisées. Le Portail des Métiers de l’Internet recense actuellement près de 80 métiers, présentant des profils distincts dans les domaines de l’informatique et des réseaux, du multimédia, du design, de la communication ou encore du webmarketing. « La demande de spécialistes de l’IA et de l’apprentissage automatique devrait croître de 40 %, soit 1 million d’emplois, car l’utilisation de l’IA et de l’apprentissage automatique stimule la transformation continue du secteur », indique le Forum économique mondial dans son rapport sur l’avenir de l’emploi 2023.
L’IA n’est pas seulement le domaine des développeurs et des data scientists. Elle englobe une variété de professions comme les analystes de données (data analysts), qui interprètent les vastes quantités d’informations pour guider les décisions stratégiques, les ingénieurs en machine learning, qui conçoivent et améliorent les algorithmes d’apprentissage automatique, les spécialistes en éthique de l’IA, responsables de s’assurer que les applications d’IA respectent les normes éthiques et légales, et les formateurs d’IA, qui enseignent aux systèmes d’IA comment interagir efficacement avec les utilisateurs. Cette diversité montre que le secteur offre des opportunités pour une large gamme de compétences et d’intérêts.
De nouvelles opportunités et des rôles émergents
Le rapport de Dell and Institute for the Future affirmait également en 2017 que 85% des métiers de 2030 n’existaient pas encore à l’époque et qu’une partie des métiers d’alors devrait être supprimée ou du moins exercée par des IA, à la place des humains. De nombreuses entreprises envisagent déjà de remplacer certains salariés ou tâches des salariés par des robots ou des algorithmes, c’est d’ailleurs l’une des grandes craintes quand on parle d’IA. Cependant à côté de ces métiers qui peuvent être pris en charge par des IA, d’autres se créent. Voici deux exemples : le prompt engineering et le coaching de robots.
L’un des métiers du numérique les plus tendances en ce moment est “prompt engineer”. On peut le traduire en “ingénieur de prompts”. Un prompt définit le texte que l’on entre dans une IA générative lorsqu’on lui fait une requête, que ce soit pour obtenir un avis sur un texte dans ChatGPT ou une illustration dans MidJourney par exemple. Si de prime abord, tout le monde pourrait faire ce métier, la réalité est toute autre. En effet, le “prompting” demande un réel talent: il faut savoir poser la bonne question, trouver la bonne suite de mots et la formulation parfaite pour obtenir une réponse précise, optimale, pour une demande spécifique. Ce nouveau métier demande la compréhension totale du fonctionnement de l’IA afin d’en tirer le meilleur le plus rapidement possible.
Les “coachs de robot“, un autre métier émergent, sont chargés de développer et d’optimiser les interactions entre les IA et les utilisateurs. Ce rôle va au-delà de la programmation technique ; il implique une compréhension approfondie de la psychologie humaine, de la communication et de la pédagogie. Ces professionnels forment les systèmes d’IA, comme les chatbots et les assistants virtuels, pour qu’ils répondent de manière plus humaine, empathique et efficace. Leur travail est crucial pour rendre les technologies d’IA plus accessibles, compréhensibles et utiles à un large éventail d’utilisateurs.
Ces rôles émergents ne sont que des exemples mais soulignent une tendance importante dans le domaine de l’IA : la nécessité d’une interaction plus naturelle et intuitive entre les humains et les machines. Les prompt engineers et les coachs de robot ne se contentent en effet pas de combler un vide technologique ; mais représentent un pont essentiel entre les capacités de l’IA et les besoins humains, contribuant ainsi à une intégration plus harmonieuse de l’IA dans notre vie quotidienne. Car pour être adoptée plus largement, l’IA doit être expliquée, comprise et acceptée par les utilisateurs, ce qui implique aussi de réfléchir à la réponse à apporter à leurs craintes.
L’IA générative : Un domaine en plein essor
Le domaine de l’IA générative est un univers en pleine expansion, révolutionnant la manière dont nous concevons la créativité et l’innovation. Cette technologie, qui permet de générer automatiquement du contenu comme des textes, des images, et même de la musique, ouvre des horizons fascinants pour des métiers axés sur la créativité et la conception d’expériences utilisateur. Elle façonne en effet de nouveaux rôles professionnels, notamment pour les concepteurs d’expériences utilisateur (UX) et les architectes de solutions IA.
Le rôle des concepteurs UX se voit en effet transformé par le développement des IA génératives. Ces professionnels, traditionnellement chargés de créer des interfaces intuitives et engageantes, intègrent désormais l’IA générative pour proposer des expériences utilisateur plus personnalisées et dynamiques. En utilisant l’IA pour générer des éléments de design, des contenus interactifs et même des parcours utilisateurs adaptatifs, les concepteurs UX peuvent créer des expériences plus riches et plus immersives. Ce mariage entre la créativité humaine et l’IA ouvre de nouvelles possibilités pour concevoir des interfaces qui répondent de manière plus efficace et plus intuitive aux besoins des utilisateurs.
Autre exemple avec les architectes de solutions IA qui jouent un rôle pivot dans la conception et le déploiement des systèmes d’IA générative. Combinant expertise technique approfondie et compréhension des besoins des utilisateurs, ils sont chargés de créer des solutions d’IA générative à la fois puissantes et adaptées à des contextes spécifiques. Ils travaillent sur l’élaboration de modèles d’IA capables de générer du contenu de haute qualité, en veillant à leur intégration harmonieuse dans diverses applications, des médias sociaux aux plateformes de commerce électronique.
Bien évidemment, on ne peut parler d’IA générative sans se poser la question de l’avenir des métiers créatifs. Cette technologie redéfinit les limites de la créativité et de l’innovation. En automatisant certains aspects de la création de contenu, elle pourrait selon beaucoup remplacer les métiers de ce secteur, du journaliste au designer en passant même par les développeurs ! En réponse, de nombreux observateurs offrent une vision plus pondérée, mettant en avant le fait qu’elle libère les professionnels pour se concentrer sur des aspects plus stratégiques et créatifs de leur travail. C’est une nouvelle palette d’outils pour explorer des idées novatrices, tester rapidement des concepts et personnaliser les expériences de manière inédite. Les métiers faisant le pont entre créativité humaine et intelligence artificielle générative pourraient ainsi être au cœur de la prochaine vague d’avancées dans le domaine numérique.
L’apprentissage de l’IA commence déjà à inclure certaines filières du supérieur. À l’EFAP, par exemple, la prochaine promotion d’étudiants en MBA digital marketing business verra l’ajout à son planning d’un nouveau cours sur l’utilisation de ChatGPT. « C’est l’enjeu des mois à venir. Avec ce chatpot, il va y avoir des petites mains du marketing digital qui vont disparaître, il faut savoir l’exploiter dans son travail », déclare Vincent Montet, directeur de la formation.
Des professions traditionnelles révolutionnées par l’IA
Les transformations liées à l’adoption de l’IA dans le monde professionnel ne se limitent cependant pas aux secteurs technologiques. En effet, elle révolutionne également des professions traditionnelles, transformant radicalement les méthodes de travail dans presque tous les domaines, du commerce en passant par la défense, de la finance aux ressources humaines.
Prenons l’exemple d’une entreprise ayant un pôle marketing. Le responsable marketing devra désormais pouvoir exploiter les outils de l’IA pour enrichir sa compréhension du marché et des utilisateurs d’un produit. Cela lui permettra de formuler une stratégie de marketing visant à atteindre les clients ciblés, de mieux superviser la mise en œuvre, le suivi et l’analyse statistique des campagnes dans le but d’optimiser le taux de conversion des clients. Grâce à l’IA, des contenus personnalisés sont élaborés pour les consommateurs, délivrés au moment opportun et via le canal approprié. Cette technologie offre ainsi au responsable marketing la possibilité de déployer sa créativité de manière précise et sophistiquée.
Dans le domaine de la finance, un analyste financier expert en IA peut analyser la rentabilité des investissements dans des sociétés axées sur l’IA. Son rôle traditionnel se transforme ainsi avec l’émergence de moteurs d’IA qui simplifient la prise de décisions d’investissements, notamment en analysant des rapports de courtiers. Il s’appuie sur des informations issues des réseaux sociaux pour attribuer des scores aux entreprises, améliorant ainsi son processus d’évaluation.
Le domaine des ressources humaines est également pleinement transformé par l’IA, notamment dans les processus de recrutement et de gestion des talents. Les systèmes d’IA sont utilisés pour filtrer les CV, identifier les candidats potentiels et même réaliser des premières analyses d’entretiens. Cela permet aux responsables RH de se concentrer sur les aspects plus nuancés du recrutement, tels que l’évaluation de la culture d’entreprise et des compétences interpersonnelles. De plus, l’IA aide à la gestion des talents en fournissant des analyses de performance et en identifiant les besoins de formation. Le métier de RH est donc en train d’évoluer en profondeur et les nouveaux professionnels du secteur devront avoir les compétences nécessaires pour mener à bien les missions.
Si l’IA offre de nouvelles opportunités pour optimiser les processus, personnaliser les services et prendre des décisions basées sur des données, elle s’accompagne aussi de défis, notamment en termes d’adaptation des compétences et de compréhension des nouvelles technologies. La révolution de l’IA dans ces domaines traditionnels n’est pas seulement une question de technologie ; elle est aussi une opportunité de repenser et d’améliorer les méthodes de travail.
La France, en retard face à ses concurrents?
Il est vrai que la France fait face à un enjeu crucial : retenir ses talents en IA et attirer des professionnels étrangers. Les différences de salaire, particulièrement marquées par rapport à des pays comme les États-Unis, représentent un obstacle significatif. La réalité actuelle, où un jeune diplômé peut envisager une rémunération plus élevée outre-Atlantique dès son premier emploi, incite de nombreux talents français à chercher des opportunités à l’étranger. Selon des experts du secteur, comme Aïssa Khelifa, directeur général de Milvue, de nombreux talents nationaux choisissent en effet de partir à l’étranger en raison du faible nombre d’employeurs en France et du fait que les startups en pleine croissance de la Silicon Valley lèvent beaucoup plus de fonds que leurs homologues français.
Cependant, la France n’est pas sans atouts, loin de là. Ses formations et cursus sont reconnues mondialement pour leur excellence, notamment dans les domaines de l’ingénierie et de la technologie. Les grandes écoles et universités françaises attirant des étudiants du monde entier en offrant une formation de haut niveau en IA comme celles référencées sur le guide des formations IA. De plus, la France bénéficie d’un écosystème de recherche robuste et d’une tradition d’innovation, avec de nombreux laboratoires et centres de recherche dédiés à l’IA. Outre l’aspect éducatif, la France peut jouer sur l’amélioration de la qualité de vie pour attirer les professionnels de l’IA : une culture riche, de nombreux services ou encore un équilibre travail-vie personnelle souvent plus favorable qu’aux États-Unis. Pour contrer la fuite des cerveaux, le gouvernement français cherche également à renforcer l’écosystème d’IA national avec des investissements significatifs dans la recherche et le développement, l’objectif étant de faire de la France un leader dans l’IA éthique et durable.