Les Hospices civils de Lyon (HCL), l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) et l’université Claude-Bernard de Lyon (UCBL) ont signé le 1er décembre un accord-cadre pour la création d’un pôle de développement en intelligence artificielle (IA) et d’une équipe projet consacrée aux modélisations dans le médical.
Grâce à l’intelligence artificielle, la médecine devient personnalisée, préventive, prédictive et participative. Les Hospices Civils de Lyon et l’Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria) ont décidé de collaborer et créer un pôle de développement en intelligence artificielle unique en France. Ils ont signé en juillet dernier un « mémorandum d’entente » dans lequel ils ont défini les premières bases de cet accord-cadre. L’Université Claude Bernard Lyon 1 s’associera à ce partenariat cohérent avec les objectifs du projet LYNX qu’elle porte dans le cadre de l’appel à projet PIA 4 : « Excellence sous toutes ses formes ». Les HLC font d’ailleurs eux aussi partie du projet LYNX. Raymond LE MOIGN, Directeur Général des Hospices Civils de Lyon, déclarait alors :
«La conclusion d’un partenariat de grande ampleur entre les Hospices Civils de Lyon et l’Inria témoigne du positionnement très fort du CHU et de ses partenaires académiques – dont l’Université Claude Bernard Lyon 1 – dans le champ de la santé numérique. L’objectif de ce partenariat avec l’Inria, unique en France, est de permettre aux équipes des HCL de disposer des meilleurs outils et des meilleures compétences pour construire des projets innovants dans le domaine de l’exploitation des données et du système d’information. Par l’accueil d’équipes de recherche performantes, par la construction de projets innovants dans de nouvelles stratégies d’alliance, les HCL s’engagent résolument pour contribuer à inventer la santé et l’hôpital de demain.»
Aujourd’hui, il confirme :
« Après le mémorandum d’entente signé à l’été 2021, cet accord-cadre entre les HCL, Inria et l’Université Claude Bernard Lyon 1 scelle notre volonté d’associer nos compétences au travers d’un partenariat de grande ampleur, dans le but d’amplifier l’impact des sciences numériques sur les soins prodigués aux patients. »
Inventer la santé et l’hôpital de demain grâce à l’IA
Le développement des technologies du numérique constitue l’une des priorités stratégiques historiques des Hospices Civils de Lyon qui offrent un parcours santé totalement numérique avec le portail patient myHCL et assurent la production de bases de données. Ainsi, en 2018, ils ont créé, au sein du CHU, une Commission Intelligence Artificielle (CIA), et se sont récemment dotés d’une direction transversale de l’innovation, avec pour objectif la création d’un « living lab » dans le domaine de la santé.
L’IA est en effet au cœur de la médecine avec les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes, ou encore les traitements personnalisés grâce au recoupement de données. Cette médecine de précision est possible grâce aux algorithmes d’IA et d’apprentissage automatique. Mettre le numérique et l’IA au service de la santé est depuis une décennie un axe majeur du partenaire des HCL, INRIA. Hugues BERRY, directeur de recherche en neuroscience moléculaire et adjoint au directeur scientifique d’Inria explique:
« Après 25 ans de présence en région lyonnaise, l’institut a en particulier développé une recherche mondialement reconnue en modélisation du vivant, laquelle sera mise au service de ce partenariat »
Delphine MAUCORT-BOULCH, Professeur des universités – praticien hospitalier à l’UCBL/HCL, cheffe du pôle Santé publique aux HCL ajoute :
« Ces techniques doivent cependant faire la preuve de leur efficacité et de leur utilité : l’un des enjeux du partenariat sera de démontrer tous les bénéfices que les praticiens et les patients pourront tirer des innovations numériques. »
Un pôle d’IA, lien entre recherche et soins
L’un des principaux projets de l’accord-cadre est le développement, au sein de ce nouveau pôle de développement en intelligence artificielle, d’un « moteur de recherche pour la santé », capable de répondre à des requêtes en langage « médical » par l’analyse de données de nature et de structure variées (images, comptes rendus opératoires, dossiers patients, articles scientifiques…) des HCL. Avec l’aide au diagnostic et aux prises de décision qui s’ensuivent, cet outil facilitera le travail des médecins et améliorera la prise en charge des patients. Stéphane UBEDA, directeur du tout nouveau centre Inria de Lyon, indique :
« A Lyon, nos compétences en modélisation, simulation et calcul scientifique, associées à l’expérience de l’institut en matière de développement logiciel, rendent crédible l’objectif d’un impact fort sur les futurs parcours de soin. »
Les HCL hébergeront sur leur site Lyon Lacassagne, au plus près de leurs équipes Bioinformatique-Biostatistique, une équipe d’ingénieurs expérimentation et développement Inria qui assurera l’industrialisation des outils prototypes issus de ces recherches, en travaillant sur la qualité du code et l’ergonomie des logiciels.
L’UCBL et l’INSA Lyon se sont associés pour construire le Centre de Calculs et de Données LyonTech – la Doua (CCDD) dont la mise en production est prévue à la fin de l’année 2023. Ce datacenter d’une capacité de 150 baies dans une première tranche et de 300 baies informatiques à terme, au bénéfice des structures de recherche et des établissements ESR du site, sera certifié ZRR, ISO 27001 et hébergeur de données de santé. L’UCBL a investi plus de 6 M€ et l’INSA Lyon 700 K€ pour la première tranche des travaux.
Applications du numérique et de l’IA en pharmacologie
Au sein du nouveau centre Inria inauguré à Lyon en décembre dernier, l’institut et les HCL vont en outre créer, avec leur partenaire Theranexus (société biopharmaceutique issue du CEA) et l’Université Claude Bernard Lyon 1, une équipe de recherche commune qui s’intéressera aux applications du numérique en neuropharmacologie. Hugues Berry, en charge de l’équipe résume :
« Nos recherches viseront à élaborer des techniques algorithmiques combinant des données d’analyse moléculaire et cellulaire avec des données d’imagerie cérébrale et des informations médicales (dossier patient, diagnostics clinique, avis d’expert, bibliographie…), afin de prédire avec robustesse l’efficacité de candidats-médicaments pour le traitement des maladies du système nerveux. »
Cette dynamique collaborative favorisera le transfert de certaines techniques issues de la recherche vers l’exploration en milieu hospitalier (biologie, imagerie…) et vers les systèmes d’information des HCL (outils d’analyse de données médicale massives, logiciels pour la caractérisation des parcours de soins…). Theranexus apportera une expertise dans le domaine cellulaire et son savoir-faire pour le développement clinique de potentielles molécules candidates.