L’Ipsos a publié le 15 mai dernier une étude intitulée “Quel regard les consommateurs portent-ils sur la voiture autonome ?” Alors que le gouvernement a annoncé l’arrivée des véhicules autonomes sur les routes françaises d’ici 2020, il semblerait selon les données recueillies par l’institut de sondage que la majorité des Français n’ont pas une totale confiance en cette technologie. L’Ipsos a interrogé 21549 personnes âgées de 16 à 64 ans dans 28 pays afin de mener cette enquête.
Comme l’indique l’Ipsos sur son site, “si l’arrivée des voitures autonomes est perçue comme une révolution de la mobilité, les Français ont un avis très partagé sur ce type de véhicule. Ils sont ainsi 51% à trouver l’idée intéressante, sans être toutefois convaincus. Près d’un quart des Français y sont favorables, et ont hâte de pouvoir en conduire une, tandis que le quart restant s’y oppose, et affirme qu’il n’en utilisera jamais”.
De leur côté, les constructeurs automobiles investissent dans les nouvelles technologies. La course au marché de la voiture autonome s’est considérablement accéléré et les acteurs sont nombreux.
“Si de nombreuses réticences persistent, la France reste un marché stratégique, même si moins déterminant que la Chine” déclare Pauline Laujac, experte automobile chez Ipsos. “Cette prudence est un comportement rationnel en phase de transition. L’introduction d’une nouvelle technologie ne se suffit pas et nécessite une certaine pédagogie sur les nouveaux usages qu’elle induit. Un autre défi de taille sera de rendre identifiable le bénéfice client que peuvent apporter les véhicules autonomes : du temps, de l’argent, du confort, de la sécurité…”
La pédagogie semble en effet indispensable afin de guider les consommateurs et leur expliquer ce en quoi consiste les véhicules autonomes et les différents niveaux d’autonomie disponibles ou en cours de développement.
“Certains pays semblent donc plus prudents face à cette innovation technologique, même s’ils en perçoivent les potentiels avantages. Les Français sont ainsi 55% à estimer que le mode autonome des voitures rendra la conduite plus facile, un résultat toutefois en deçà de la moyenne mondiale, qui atteint 69%.
Les Français associent également le mode autonome à une conduite plus détendue (52%), plus confortable (52%) et plus agréable (51%). Là encore, ils se montrent plus réservés que leurs voisins, en deçà de 10 points en moyenne par rapport au score mondial.”
Parmi les chiffres repris dans le rapport mis en ligne par l’Ipsos, on découvre également que 42 % des sondés déclarent souhaiter être propriétaires d’une voiture autonome. Cependant, en France, ils sont tout juste 28 % à le souhaiter et 51 % des interrogés bien que trouvant l’idée intéressante ne sont pas sûrs des voitures autonomes.
“Cela démontre un réel attachement à la conduite, qui reste un plaisir pour de nombreux Français, pas encore tout à fait prêts à y renoncer. Mais qui aurait cru il y a 10 ans qu’un quart des voitures neuves vendues en France seraient des automatiques ?
La frilosité exprimée par les Français aujourd’hui n’exclut pas qu’ils se prennent peu à peu d’affection pour les véhicules autonomes au fur et à mesure que la technologie progresse et devient plus performante, d’autant que les véhicules autonomes et partagés pourront aussi faciliter le déplacement urbain dans les grandes métropoles”, complète Jean-Pierre Carnevale, expert automobile au sein du département quali France d’Ipsos.
La sécurité reste cependant un point qui semble préoccuper les Français. Ils sont en effet “45% à affirmer qu’ils n’activeront jamais ou rarement le mode autonome de leur véhicule dans des endroits inconnus, nécessitant plus de vigilance. Il en va de même pour les situations de trafic dense ou intermittent (45%), ou encore de météo défavorable (40%)”. Il faut également relever que seuls 27% des Français accordent leur confiance aux constructeurs pour réglementer les voitures autonomes. Dans le monde, ils représentent 43 %. Toujours concernant la sécurité, 23 % des Français font confiance aux autorités et 21 % d’entre eux n’ont aucune confiance dans les acteurs mentionnés.
“Confier sa sécurité à une intelligence artificielle a toujours suscité des incertitudes fortes, plus encore à la lumière des accidents qui ont impliqué des voitures autonomes avec des pionniers tels que Tesla ou Uber. Ces accidents contribuent à affecter la confiance placée dans les voitures autonomes. Un travail pédagogique devra être mené, à condition d’avoir des éléments de rassurance face à ces inquiétudes, notamment en matière de réglementation” ajoute Pauline Laujac.