Les acteurs américains, se sentant menacés par le streaming et l’IA, rejoignent les scénaristes en grève

Face à l’échec des négociations de leur syndicat avec l’AMPTP, Alliance des producteurs de cinéma et de télévision représentant les studios et plateformes de streaming, les acteurs américains ont rejoint la grève des scénaristes débutée le 2 mai dernier. Parmi leurs revendications communes, une meilleure rémunération de leur travail par les plateformes et la garantie de ne pas être remplacés par l’IA.

Les acteurs tout comme les scénaristes se trouvent face à deux problématiques que les acquis de leur dernière grève conjointe en 1960 ne pouvaient prendre en compte : l’apparition des plateformes de streaming et l’essor de l’IA, notamment celui de l’IA générative.

Vendredi dernier, des centaines de grévistes ont manifesté devant les studios de cinéma et les services de streaming, tels que Netflix, HBO, Amazon et Paramount, pour protester contre les bas salaires et demander des garanties concernant l’utilisation de l’intelligence artificielle.

La SAG-AFTRA, le syndicat représentant 160 000 acteurs américains et la Writers Guild of America (WGA) demandent une meilleure rémunération de la part des plateformes pour lutter contre l’inflation et la précarisation de leurs adhérents.

Scénaristes et acteurs sont en effet confrontés à la baisse “résiduelle” (proportionnelle au succès d’un film ou d’une série) de leurs rétributions depuis plusieurs années.

Les plateformes, qui se gardent d’ailleurs de communiquer sur leurs chiffres d’audience, paient aux acteurs un forfait indépendamment du succès rencontré, alors que la télévision leur verse des gains à chaque rediffusion en fonction des revenus générés par la publicité.

Une bonne partie des acteurs ne gagne plus suffisamment aujourd’hui pour bénéficier de l’assurance maladie.

Selon Duncan Crabtree-Ireland, directeur exécutif national et négociateur en chef de SAG-AFTRA, l’AMPTP, qui représentait les studios et plateformes de streaming dans les négociations, serait allé jusqu’à proposer que “les figurants puissent être ‘scannés’, soient payés une journée, et que leur image appartienne aux sociétés de production, afin qu’elle puisse être réutilisée pour n’importe quel projet, n’importe quand, sans compensation”.

La crainte de se voir remplacer par une IA

Tous comme les artistes, scénaristes et auteurs redoutent l’impact de l’IA sur leur métier. Les scénaristes ne voient pas les IA génératives comme des aides à la rédaction mais comme des concurrentes, les acteurs redoutent que leur voix ou leur image ne soient clonées et demandent que l’utilisation de l’IA soit encadrée.

On peut comprendre ces appréhensions, l’IA va forcément impacter leur métier. Si les scénaristes ne disparaîtront pas, ils risquent d’être moins nombreux. Les voix synthétiques sont de plus en plus naturelles et menacent le métier de doubleur. Les fake news démontrent comment il est facile d’utiliser l’image et la voix de quelqu’un sans son autorisation…

Fran Drescher, Présidente de la SAG-AFTRA, avertit :

« L’ensemble du modèle économique a été modifié par le streaming, le numérique, l’IA. C’est un moment de l’histoire qui est un moment de vérité. Si nous ne nous tenons pas debout maintenant, nous allons tous avoir des problèmes. Nous allons tous risquer d’être remplacés par des machines. Et les grandes entreprises qui se soucient plus de Wall Street que vous et votre famille ».

Un conflit qui pourrait durer

Malgré une tentative de médiation gouvernementale, les négociations ont donc échoué.

L’AMBTP dit avoir tout fait pour éviter d’en arriver là :

« L’AMPTP a présenté un accord qui offrait des augmentations de salaire historiques et résiduelles, des plafonds considérablement plus élevés sur les cotisations de retraite et de santé, des protections d’audition, des périodes d’option de série raccourcies et une proposition révolutionnaire d’IA qui protège les ressemblances numériques des acteurs pour les membres de SAG-AFTRA  ».

Ce à quoi a rétorqué Duncan Crabtree-Ireland :

« Les studios et les streamers ont mis en œuvre des changements unilatéraux massifs dans le modèle commercial de notre industrie, tout en insistant pour que nos contrats restent gelés dans l’ombre. Ce n’est pas ainsi que vous traitez un partenaire précieux et respecté et un contributeur essentiel. Leur refus de s’engager de manière significative dans nos propositions clés et le manque de respect fondamental envers nos membres sont ce qui nous a amenés à ce point. Les studios et les streamers ont sous-estimé la détermination de nos membres, comme ils sont sur le point de le découvrir pleinement ». 

Cette grève risque d’avoir un impact financier considérable sur l’ensemble de la profession.

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