En novembre 2020, l’agence de l’eau Seine-Normandie lançait l’appel à projets innovation pour la gestion de l’eau, « Transition numérique et économie circulaire » pour accompagner les collectivités, les entreprises et les associations engagées dans la protection de la ressource et des milieux aquatiques. Deux projets sélectionnés, basés sur l’intelligence artificielle, sont actuellement expérimentés par le département du Val de Marne.
L’urbanisation et la modification des pratiques agricoles, comme la suppression des haies par exemple, amplifient les risques d’inondation dus aux violents orages ou aux pluies d’une grande intensité, le réchauffement climatique risque d’en augmenter le nombre. Il est devenu indispensable de prendre des mesures préventives et curatives.
Le Val de Marne, département très urbanisé, situé au confluent de la Marne et de la Seine, avec un réseau hydrographique d’une centaine de kilomètres, est particulièrement exposé aux risques d’inondation. Pour minimiser ceux-ci, il a d’ailleurs mis en place le « Plan Stratégique Départemental de l’assainissement à l’horizon 2030 » et développe deux projets basés sur l’IA.
Autosurveillance et gestion en temps réel
L’autosurveillance a pour finalité une meilleure maîtrise des rejets que ce soit dans les circonstances exceptionnelles (accident, événements météorologiques particuliers) ou lors de travaux.
Le premier projet, d’un coût de 632 000 euros, financé à hauteur de 80% par L’agence de l’eau Seine-Normandie, vise à améliorer l’autosurveillance et la gestion en temps réel du réseau d’assainissement.
Sheila Aboulouard, directrice adjointe chargée de l’exploitation de la direction des services de l’environnement et de l’assainissement du Val-de-Marne, déclare :
« Un arrêté d’autosurveillance du 21 juin 2015, modifié le 30 juillet 2020, nous impose de mesurer tout ce qui entre dans le réseau d’assainissement et tout ce qui est déversé dans le milieu naturel, dans la Seine et la Marne, afin de vérifier si notre système est performant. »
Sept cents capteurs été ont donc installés sur le réseau départemental pour mesurer les flux (niveau d’eau, vitesse, débit). Les données sont ensuite validées puis envoyées aux services de contrôle de l’État et à l’Agence de l’eau. L’IA pourra remplacer la validation humaine des données, qui est très chronophage, selon Sheila Aboulouard.
Elle explique :
« Nous avons fourni à l’IA 10 ans de données, de 2008 à 2018, pour étudier les informations transmises par les capteurs. Cela lui permettra de vérifier si les données qui seront ensuite prélevées sont cohérentes. »
Elle ajoute:
« En s’appuyant sur les data dont elle dispose, elle pourra par exemple prédire le débit d’eau dans telle ou telle canalisation… L’intelligence artificielle prévoira la donnée à 2 heures, à 6 heures et à 12 heures afin que nous puissions agir en temps réel, en cas d’orage par exemple. S’il y a un risque de déversement, nous dévierons les effluents pour limiter l’impact sur le milieu naturel. »
Ce système d’IA sera déployé sur neuf bassins-versants dans le courant de l’année et sur la totalité des 25 bassins, d’ici 2024.
Maintenance prédictive
Le second projet concerne la maintenance prédictive des 113 stations de pompage que compte le Val de Marne. Des capteurs vont être installés prochainement sur une station pilote où aucune maintenance ne sera faite pendant six mois, lorsqu’une panne surviendra, l’ensemble des paramètres responsables de cette défaillance ainsi enregistrés pourra être analysé. Il sera alors possible de prévenir les incidents sur le réseau et donc minimiser le risque d’inondation.
Ce projet d’un coût de 420.000 euros bénéficie lui aussi d’une subvention de l’AESN de 80%.