Le vendredi 13 septembre dernier, le ministère des Armées a rendu public un rapport de 52 pages présentant les bases de la doctrine française à l’égard de l’intelligence artificielle. Après un bref état des lieux, le rapport dévoile une feuille de route du déploiement de l’intelligence artificielle sur les champs de bataille, agrémentée d’exemples concrets sans omettre de soulèver les questions éthiques liées à son emploi.
L’intelligence artificielle avait été définie par la ministre des Armées comme une priorité. Elle a à ce titre demandé en avril à son équipe un rapport exhaustif sur cette technologie. Finalisé en juillet par la Task Force IA, il vient d’être rendu public. Comme l’indique ce rapport, l’intelligence artificielle va affecter tous les aspects du ministère des Armées. Administration, gestion des données internes et évidemment sur d’éventuels champs de bataille.
Et pour cause, ses auteurs mettent en avant le fort potentiel de l’IA, pour :
- Mieux comprendre, anticiper, décider plus vite.
- Mieux protéger les soldats.
- Libérer l’homme des tâches ancillaires.
- Optimiser les flux et ressources.
Cela, tout en tenant compte du niveau de maturité de l’IA et de ses limitations par grande famille applicative :
Les auteurs du rapport ont ainsi déterminé plusieurs “axes d’efforts prioritaires” dont l’aide à la décision, la robotique, la cyberdéfense, le renseignement, la logistique, le soutien mais également le maintien en condition opérationnelle et le “combat collaboratif”. Des axes fondamentaux qui n’ont pas échappé à certains pays, dont les États-Unis, qui travaillent déjà activement sur ces sujets.
Le rapport soutient en outre que “L’IA peut constituer un agent déstabilisateur des équilibres établis”.
Le rapport note à ce propos que “les armées françaises ne sauraient donc se tenir à l’écart de ces développements, sous peine de manquer un tournant technologique majeur et de perdre la supériorité opérationnelle qui est la leur aujourd’hui.”
Pour arriver à ces fins, un budget de 700 millions est évoqué par le rapport, “soit une moyenne annuelle d’un peu plus de 100 millions d’euros”. Il entre en totalité dans l’enveloppe prévue par la Loi de programmation militaire.
Plusieurs entités sont en cours de création dont :
– Une unité spécialement dédiée à l’intelligence artificielle au sein de l’Agence d’Innovation de la Défense (AID),
– La Cellule de Coordination de l’Intelligence Artificielle de Défense (CCIAD) composée d’une dizaine d’experts, elle sera “chargée d’animer les actions ministérielles en faveur de l’IA”,
– Un comité ministériel qui sera amené à se prononcer sur “les questions éthiques que pourraient soulever les développements futurs de l’IA appliquée au domaine militaire”.
Le rapport présente également des cas concrets d’utilisation des technologies basées sur l’intelligence artificielle en cas de conflit. Notamment en matière de communication, avec un système pouvant s’adapter en temps réel et basé sur les données des satellites de surveillance. Il permettra d’éviter les pannes et de pouvoir re-planifier automatiquement les opérations en cours de mission en cas de besoin.
Dans les airs et sur terre, des outils et armes basés sur de l’IA sont également pensés. Des drones bien évidemment qui s’adapteront en temps réel à la situation sur le terrain mais également des avions de chasse équipés d’assistants virtuels vocaux. Ce sera également le cas des chars de combat qui pourront aussi anticiper le danger. À noter qu’ils pourront être accompagnés de robots semi-autonomes pouvant agir dans des environnements complexes”.
Quant au développement par la France d’armes létales autonomes, “la France n’envisage pas de développer des systèmes pleinement autonomes, échappant totalement au contrôle humain dans la définition et l’exécution de sa mission”. Elle prône une “IA de confiance” tout en appelant à la construction de normes internationales.
Pour consulter le rapport dans son intégralité, rendez-vous sur le site du Ministère des Armées.