Le machine learning au coeur du laboratoire en diplomatie scientifique lancé à Genève

Palais des nations unies Geneve

Résoudre des problèmes complexes en matière de diplomatie avec l’aide de méthodes quantitatives et des nouvelles technologies ? C’est l’idée derrière le tout nouveau Laboratoire pour la diplomatie scientifique (SiDLab) lancé à l’Université de Genève (UNIGE) et l’ETH Zurich à Genève. Ce pôle interdisciplinaire pour la diplomatie scientifique permettra de développer et d’utiliser les outils et les méthodes de la science pour répondre efficacement aux défis sociétaux du 21e siècle.

L’UNIGE et l’ETH Zurich ont annoncé le 8 octobre la création du Laboratoire pour la diplomatie scientifique (SiDLab). Ce partenariat pour le lancement de ce nouveau pôle a pour objectif de répondre aux défis globaux, politiques mais également climatiques et sanitaires et d’améliorer la gouvernance en se basant à la fois sur la science, qui peut fournir des outils efficaces, et sur la diplomatie, capable de stimuler la recherche notamment lorsque des objectifs politiques communs sont fixés.

Le machine learning au coeur de ce nouveau laboratoire

Initié en 2019 par Micheline Calmy-Rey alors professeure invitée au GSI et Michael Ambühl, professeur de négociation et gestion de conflit à l’ETH Zurich, ce projet commun peut également compter sur la collaboration avec le Geneva Science and Diplomacy (GESDA).

Le SiDLab repose sur les apports conjoints de la chaire de l’ETH Zurich axée sur l’ingénierie de négociation, l’approche scientifique des négociations et de l’analyse des conflits ainsi que sur la chaire de l’UNIGE sur la diplomatie computationnelle. Cette dernière, développée par le Global Studies Institute (GSI) et le Département d’informatique de la Faculté des sciences de l’UNIGE, réunira deux profils complémentaires : en science des données avec une spécialisation dans le ‘machine learning’ ainsi qu’en catégorisation des données en lien avec les théories de la complexité et les études globales.

Au coeur du SiDLab, on retrouve la diplomatie computationnelle, présentée comme un outil efficace d’amélioration de la compréhension des enjeux globaux par l’usage de nouveaux algorithmes mais aussi par le développement d’un nouveau cadre théorique des relations internationales et le recours à une importante puissance de calcul pour développer des scenarii. Michael Ambühl indique notamment que “grâce à des méthodes quantitatives telles que l’optimisation mathématique, la théorie des jeux et les statistiques, l’ingénierie de la négociation contribuera à résoudre des problèmes complexes. Le langage mathématique permet d’accroître la logique des négociations et de désamorcer les conflits émotionnels sous-jacents”.

Dans un contexte où la sécurité et la véracité de l’information sont de plus en plus pointées du doigt, “L’intelligence artificielle et le machine learning peuvent être utilisés en premier lieu pour vérifier l’intégrité des données et détecter les fake news qui sont désormais facilement créées grâce aux technologies modernes. Il est en effet essentiel qu’un processus diplomatique soit fondé sur des informations validées” comme l’explique Bastien Chopard, Directeur du département d’informatique de la Faculté des sciences de l’UNIGE.

Renforcer l’excellence scientifique suisse et Genève internationale

Le SiDLab, basé en Suisse, permettra également de renforcer l’image du pays en tant que pôle d’excellence scientifique et de renforcer celle de Genève, au coeur du multilatéralisme. Yves Flückiger, recteur de l’UNIGE, a déclaré :

“Nos compétences académiques viennent renforcer la Genève internationale. Nous apportons de nouveaux outils au service de la gouvernance internationale qui permettront l’émergence d’un multilatéralisme 2.0”.

Joël Mesot, président de l’ETH Zurich a quant à lui indiqué :

“La création de ce laboratoire contribue à la réputation d’excellence scientifique de la Suisse et renforce sa position sur la scène multilatérale internationale”.

“La diplomatie scientifique, fondée sur l’ingénierie de la négociation et la diplomatie computationnelle, est l’un des principaux sujets émergents identifiés dans le Science Breakthrough Radar du GESDA, déclare Peter Brabeck-Letmathe, président du GESDA. C’est pourquoi nous sommes fiers de nous associer à l’ETH Zurich et à l’Université de Genève pour la mise en place de leur laboratoire commun pour la diplomatie scientifique”.

Avec ce nouveau laboratoire, les partenaires suisses espèrent pouvoir apporter des solutions à des défis auxquels les sociétés sont confrontées, que ce soit sur le plan sanitaire, sociétal ou climatique. Il s’agit également, peut-être, de repenser la conception actuelle du multilatéralisme comme le souligne Nicolas Levrat, directeur du GSI :

“Nous constatons que les théories actuelles selon lesquelles les académiques modélisent et analysent le comportement des acteurs ne correspondent plus à la réalité, notamment sur la perception de l’Etat souverain qui défend ses intérêts”.

Et en ce sens, la recherche académique en matière de diplomatie pourrait ouvrir la voie à de nouveaux modèles, à de nouveaux outils innovants accessibles aux diplomates et autres acteurs/trices internationaux pour ainsi améliorer les processus de négociation et les solutions collaboratives qui en découlent.

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