Le rapport “Female Leadership in the age of AI”, récemment publié par IBM EMEA, met en lumière l’importance cruciale du leadership féminin dans le secteur de l’IA d’un point de vue commercial, stratégique et sociétal. Il révèle également des disparités entre les pays étudiés : les dirigeants français sont ceux qui lui attachent le moins d’importance, les Françaises manquent de confiance en leurs capacités de leadership mais cherchent à améliorer leurs compétences.
Le rapport d’IBM est basé sur une enquête menée auprès de 4 000 dirigeants d’entreprises de plus de 250 employés en France, en Allemagne, en Italie, en Arabie saoudite, en Espagne, en Suède, aux Émirats arabes unis et au Royaume-Uni. L’étude examine comment les femmes dirigeantes se préparent à la transition vers l’IA, comment leurs expériences de leadership diffèrent de celles de leurs homologues masculins et comment leur permettre de jouer ce rôle de 1er plan en toute confiance.
Pour Ana Paula Assis, Présidente et Directrice générale EMEA chez IBM, l’IA est un changement fondamental qui redéfinira notre manière de vivre, de travailler et d’interagir. Elle insiste sur l’importance de la participation active des femmes dans le déploiement de l’IA, non seulement pour réduire les biais mais aussi pour stimuler l’innovation et inspirer de nouvelles générations de leaders.
D’ailleurs, selon 73 % des dirigeants d’entreprise interrogés, un leadership féminin renforcé dans le secteur est crucial pour atténuer les biais de genre dans l’IA, tandis que 74 % considèrent qu’il est essentiel pour garantir une distribution équitable des avantages économiques de cette technologie. Au-delà des avantages macroéconomiques et éthiques, pour 45% d’entre eux, occuper une position centrale dans le déploiement de l’IA au sein des entreprises renforcera l’avantage compétitif des femmes sur le marché du travail. La progression de carrière, la sécurité de l’emploi et les augmentations de salaire sont également identifiés comme des résultats potentiels.
Le leadership féminin à l’ère de l’IA en France
Selon le rapport, les personnes interrogées en France accordent moins d’importance au leadership féminin dans l’IA que tous les autres marchés de la région EMEA étudiés. Par exemple, seulement 62 % des dirigeants français (contre 73 % en moyenne) pensent qu’un leadership féminin accru dans le secteur est important pour atténuer les biais liés au genre dans l’IA.
Alors que pour IBM, il est crucial : “L’IA – en particulier l’IA générative – apprend de ses développeurs et de ses utilisateurs. La participation des femmes à ces processus est donc essentielle pour atténuer le risque de biais inconscients qui pourraient survenir sans leur implication directe”.
Autre disparité : seulement 23 % des dirigeants interrogés en France ont une femme à la tête de la stratégie d’IA au sein leur organisation. Ce qui place la France en dessous de tous les autres pays couverts par le rapport, la moyenne de la région EMEA étant de 33 %.
De même, les Français interrogés (64 %) sont moins enclins que la moyenne (74 %) à y voir un élément important pour garantir que les avantages économiques de la technologie soient ressentis de manière égale.
Pour IBM, “L’impact socio-économique de l’IA sera considérable et dépendra de l’orientation des investissements, des secteurs qui se déploient efficacement, des catégories démographiques les plus touchées par l’évolution du marché de l’emploi et des défis sociétaux qui seront prioritaires. Veiller à ce que nous ayons des dirigeants diversifiés au sommet sera un élément essentiel pour garantir l’équité et des avantages équitablement ressentis”.
Un manque de confiance côté féminin
L’étude révèle que les dirigeants, hommes et femmes, se préparent à la révolution de l’IA sur un pied d’égalité, en se formant et en améliorant leurs compétences numériques personnelles, en s’informant sur l’évolution du paysage réglementaire et en créant des cadres de conformité internes en nombre égal.
Cependant, elle observe une différence significative entre les deux groupes concernant la confiance en leurs capacités de leadership : 49 % des hommes interrogés en France se disent pleinement confiants contre seulement 26 % des femmes. Si un écart de confiance a été également relevé entre les sexes dans les autres pays étudiés, les dirigeantes y sont 46% à afficher une totale confiance en leurs compétences.
Pour pallier à ce manque de confiance, 39 % des dirigeantes françaises se perfectionnent activement et améliorent leurs compétences techniques, soit presque autant que leurs homologues masculins interrogés (45 %).
Les personnes interrogées ont identifié les programmes de mentorat (28 %), l’augmentation de la représentation au niveau de la direction (27 %) et des cadres intermédiaires (27 %), et le soutien à davantage d’investissements dans les entreprises d’IA fondées par des femmes (26 %) comme étant des stratégies importantes pour stimuler la participation des femmes dans le secteur de l’IA.
Pour elles, le principal obstacle à l’amélioration de la diversité dans l’IA est :
- le manque d’intérêt pour la diversité et l’inclusion de la part des entreprises technologiques elles-mêmes constitue le principal problème (26%);
- le manque de représentation au niveau de la direction est le souci le plus important (également 26%) ;
- l’insuffisance de l’enseignement numérique dans les écoles (21%).
IBM conclut :
“Alors que nous progressons vers 2024 et que nous naviguons dans les complexités du paysage changeant de l’IA, favoriser un environnement qui valorise et responsabilise les femmes dirigeantes doit être une priorité pour les entreprises et un élément central de la construction d’un écosystème d’IA inclusif”.