Comme de nombreux autres pays, le Japon s’efforce de créer un environnement réglementaire de l’IA favorable à l’innovation tout en protégeant les intérêts des citoyens et en respectant les principes éthiques. Selon Reuters, Le Japon travaillerait sur une réglementation plus souple que celle de l’UE, et s’alignerait plutôt sur l’approche américaine.
Confronté au déclin démographique et au vieillissement de sa population, le Japon a fait du développement de l’IA une priorité pour assurer sa compétitivité économique. La pénurie de semi-conducteurs et sa dépendance à la Chine dans ce domaine, l’ont amené à renforcer ses partenariats économiques avec d’autres pays.
Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, s’est ainsi rendu au Japon début juillet dans le but d’étendre la coopération UE/Japon dans le domaine de l’IA et des chaînes d’approvisionnement des puces, mais également pour promouvoir la réglementation européenne de l’IA.
Pour rappel, le Parlement européen a adopté l’AI Act, qui a mis en place un régime plus strict pour les modèles de fondation comme ChatGPT, en plénière le 14 juin dernier.
Ceux-ci devront être développés en accord avec le droit de l’UE et les droits fondamentaux, notamment la liberté d’expression. En outre, un résumé détaillé des données de formation couvertes par la loi sur le droit d’auteur devra être produit et, pour plus de transparence, il faudra afficher que le contenu a été généré par une IA.
Les 7 grandes entreprises d’IA américaines reçues la semaine dernière par le Gouvernement Biden : Amazon, Anthropic, Google, Inflection AI, Meta, Microsoft et OpenAI se sont d’ailleurs engagées sur ce dernier point en proposant un marquage en filigrane.
Cependant, l’approche du gouvernement japonais viserait à supprimer ces restrictions en matière de propriété intellectuelle.
Pour le professeur Yutaka Matsuo de l’Université de Tokyo, Président du conseil de stratégie de l’IA du gouvernement japonais, “les règles de l’UE sont un peu trop strictes“, d’autant plus qu’il est “presque impossible de spécifier le matériel protégé par le droit d’auteur utilisé pour l’apprentissage profond” .
Il a déclaré à Reuters:
“Avec l’UE, la question est moins de savoir comment promouvoir l’innovation que de responsabiliser les entreprises déjà grandes”.
Tout comme Sam Altman, le PDG d’OpenAI, certaines entreprises de l’UE aimeraient qu’il y ait un juste équilibre entre régulation et innovation. Elles craignent les impacts de l’AI Act pour leur compétitivité, l’investissement et l’innovation de l’écosystème d’IA européen.
Les entreprises japonaises pourraient toutefois se conformer à l’AI Act, le marché européen étant très important pour elles. D’autant plus que l’Agence pour les Affaires culturelles , une administration japonaise dépendant du Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie, a publié en juin dernier une déclaration établissant de nouvelles lignes directrices sur l’utilisation de l’IA et ses objectifs.
Selon celle-ci, l’IA peut être utilisée librement à des fins éducatives et de recherche mais non dans un but commercial.
L’AI Act, comme l’espère l’UE et le pensent de plus en plus de dirigeants internationaux, pourrait bien devenir une norme mondiale.