Le rendement matière est l’une des principales problématiques des scieries. C’est notamment le cas de Tarteret Philippe SA, spécialisée dans les bois durs comme le chêne. La société a fait appel à l’innovation et à l’intelligence artificielle et bénéficiera de l’aide de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Troyes et Aube ainsi que du CEA qui affecteront un data scientist à ces recherches et à la conception d’un algorithme adapté. Les objectifs principaux : faire des économies pour gagner en compétitivité et répondre à la pénurie de bois.
Avec l’intelligence artificielle, améliorer le rendement matière
Fondée en 1954, la scierie Tarteret Philippe SA est une entreprise familiale qui s’est rapidement spécialisée dans le chêne et plus généralement, les bois durs. La société propose des grumes, des plots, des charpentes, des planches, etc. Tout ce qui peut être fabriqué avec du bois et qui est nécessaire au quotidien dans de nombreux secteurs. L’entreprise possède ses propres forêts et dispose d’espaces de stockages et de séchage dans son site principal de 170 000 m2
Malgré une belle expansion, la scierie se retrouve confortée à une problématique : celle du rendement matière. Chaque année, 20 000 m2 de grumes sont utilisés pour un rendement matière de 50 %, un chiffre qu’ils considèrent trop faible. Leur idée pour remédier à cela : mettre en place un outil permettant de repérer rapidement et efficacement les défauts du bois et de déterminer la meilleure méthode pour exploiter une pièce de bois.
Un algorithme utilisant l’IA pourrait permettre de le faire. Mais une seconde problématique rentre en jeu car il faut que l’IA puisse prendre en compte chaque spécificité du chêne dans chaque métier, pour s’adresser à tous les marchés potentiels avec un prix de vente optimisé.
Le CEA et la CCI Troyes et Aube interviennent pour affecter un data scientist à la scierie
Pour les entreprises de moins de 50 salariés, comme la scierie Tarteret Philippe SA, le recrutement d’un data scientist est difficile. La CCI Troyes et Aube et le CEA vont donc soutenir l’entreprise en affectant un spécialiste et en le détachant sur place grâce au tout nouveau plan de relance pour l’emploi mis en place par le gouvernement français.
David Vanhelle, responsable qualité de Tarteret Philippe SA, se réjouit de l’arrivée d’un data scientist et explique comment son service qualité travaille conjointement avec lui pour la mise en place du futur algorithme :
“Notre travail consistera à valider les évaluations faites par l’algorithme concernant la qualité des planches. Un travail d’autant plus complexe que nous travaillons dans un environnement difficile. Sans compter que l’aspect du chêne tend à changer rapidement après la coupe.”
La scierie se donne deux ans pour mettre au point un algorithme capable d’expertiser les singularités du bois. Si l’outil est au point d’ici là, la prochaine étape consistera à optimiser le débitage des planches, puis à mettre en œuvre l’ensemble des fonctionnalités de la plateforme au sein de la scierie dans l’objectif de répondre à la pénurie de bois et de faire des économies pour être plus compétitif.
Pour conclure, Bertrand Tarteret, président du conseil d’administration de la scierie Tarteret Philippe SA, fait référence à ces objectifs, mais aussi à la concurrence chinoise dans le secteur du bois :
“Si nous arrivons à mener ce projet à bien, nous serons le premier acteur du secteur du chêne à disposer d’un tel outil. Nous dépensons chaque année trois millions d’euros en bois pour alimenter notre scierie. Si nous gagnons ne serait-ce que 5 % de matière, le bénéfice sera important. De plus, nous allons devoir faire face demain à un véritable problème d’approvisionnement, avec un manque de matière et une qualité en baisse.”