Progressivement, l’intelligence artificielle, la data et plus largement les nouvelles technologies font leur apparition dans plusieurs secteurs, dont celui de l’agriculture. Par exemple, le gouvernement a lancé au début du mois de septembre l’initiative French AgriTech pour soutenir le développement, la maturation et l’exportation des savoir-faire dans le secteur de l’AgriTech et de la FoodTech. L’état s’intéresse désormais à l’impact de la transformation numérique sur les métiers du ministère de l’Agriculture puisqu’elle a demandé, il y a deux ans, un rapport rédigé par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) sur le sujet qui vient d’être livré.
Un travail sur l’impact de la transformation numérique réalisé en deux étapes : analyse et perspective sur le long terme
Le travail effectué pour mieux comprendre l’impact de la transformation numérique sur les métiers du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est issu d’une demande du même ministère au CGAAER. Cette mission était constituée de deux phases :
- Une première visait à analyser les impacts potentiels du numérique sur quatre métiers importants au MAA qui représente plus de la moitié des emplois du ministère :
- Pour les enseignants en lycée agricole, les transformations sont déjà largement engagées, avec deux dimensions complémentaires : la formation technique professionnelle qui doit intégrer le développement des outils numériques et les nouvelles méthodes pédagogiques.
- L’activité d’un instructeur des dossiers de la politique agricole commune (PAC) en direction départementale des territoires (DDT) se modifiera en profondeur avec la future réforme de la PAC et la mise en place du monitoring. Ces évolutions vont conduire à des changements sensibles des métiers dans les DDT et l’agence de services et de paiement (ASP), qui nécessitent d’être analysés et accompagnés sans tarder.
- Le métier de contrôleur sanitaire en abattoir est très encadré par la réglementation communautaire et aucune exception au contrôle humain n’est prévue à ce stade. Le contexte de son action est marqué par une transparence croissante dans l’activité des abattoirs. Dans une vision à moyen terme, il est cependant nécessaire d’assurer une veille afin d’être en capacité de mieux cerner, après des expérimentations préalables, les apports possibles du numérique et de l’intelligence artificielle au travail du contrôleur.
- Pour un agent en position d’encadrement à la DPMA, la disponibilité et l’analyse des données sur les ressources halieutiques sont essentielles. Ces données proviennent de nombreux organismes extérieurs et le numérique constitue un vecteur essentiel de rapatriement et de traitement de ces données.
- La seconde phase de travail a été consacrée à la construction d’une perspective plus générale et de plus long terme. Les métiers exercés au MAA, au-delà des quatre précédemment étudiés, représentent une diversité telle qu’il n’est pas possible d’anticiper les impacts à venir du numérique pour chacun d’entre eux. Il est nécessaire selon la CGAAER de préparer la mutation numérique de l’ensemble du corps professionnel du ministère.
Dans le rapport, il est bien notifié que les transformations numériques des organisations ne se traduisent pas par un gain d’effectif, mais par le fait que les métiers et les pratiques de travail soient drastiquement modifiés, notamment grâce à l’acquisition de nouvelles compétences en lien avec les bases de données.
Les six recommandations pour une meilleure transition numérique de l’emploi proposées par la CGAAER
Six recommandations ont été formulées par la CGAAER pour le ministère de l’Agriculture :
- Faire partager à tous les niveaux du ministère les enjeux d’une transformation numérique au MAA, qui va bien au-delà de la poursuite des actions de modernisation en cours. La préparation d’une stratégie de transformation du MAA (cf. R2) contribuera à cet objectif.
- Décrire ce que l’on attend de la transformation numérique du MAA, à travers trois types de documents complémentaires : l’ambition de cette transformation ; les perspectives et le projet pour chaque secteur d’activité ministériel, en y décrivant les transformations des métiers ; un cadrage transversal qui précisera notamment les conditions (notamment juridiques) d’un partage volontariste des données.
- Pour chaque projet majeur de transformation d’une mission ministérielle, préparer à l’initiative de la direction d’administration centrale un plan d’accompagnement des services et des agents, qui devra comporter différents volets : réinterroger les métiers exercés au sein du MAA et les organisations du travail ; préciser les métiers concernés par la transformation numérique, les compétences nécessaires et les formations ou recrutements souhaitables pour en disposer ; actualiser les fiches du répertoire ministériel des métiers. Ce plan d’accompagnement devra être concerté avec les agents et leurs représentants.
- Les 4 métiers étudiés dans le cadre de ce rapport (instructeur PAC en DDT, contrôleur en abattoir, enseignant en lycée agricole, cadre à la DPMA) pourraient constituer des essais de formalisation de ces plans de transformation, en commençant par les métiers d’enseignant et d’instructeur PAC. La méthode de travail ainsi définie sera ensuite étendue à d’autres secteurs d’activité du MAA.
- Investir dans les compétences clés pour le pilotage et la gestion de la transformation numérique du MAA.
- Mettre en place une gouvernance spécifique au chantier de la transformation numérique du MAA, avec l’ambition d’en faire un outil de démonstration de la pertinence de cette transformation, à travers l’association de nombreuses parties prenantes, le partage des données et le recours aux outils numériques.
Ces six recommandations convergent vers un but ultime : accompagner les services et les agents du ministère pour réussir au mieux la transformation numérique.