Après la FTC, c’est au tour de l’Autorité de la Concurrence française de s’inquiéter de la mainmise des grandes entreprises du secteur technologique sur le marché de l’IA générative. Elle n’a pas lancé une enquête comme son homologue américaine mais a décidé de “s’autosaisir pour avis” et, dans ce but, a lancé vendredi dernier une consultation publique afin de recueillir les observations des parties prenantes.
L’Autorité de la Concurrence fait référence à une étude de Statista de septembre dernier indiquant que le secteur de l’IA générative devrait représenter près de 42 milliards d’euros en 2023 (soit le double de 2022) et pourrait même attendre un chiffre d’affaires annuel de plus 200 milliards d’euros à l’horizon 2030.
L’étude indique également que le nombre d’utilisateurs d’outils d’IA générative devrait croître d’environ 250 millions en 2023 à plus de 700 millions à la fin de la décennie. Un marché très lucratif en plein essor et selon l’Autorité, “les grands acteurs numériques qui contrôlent déjà des intrants clés ou des marchés adjacents, pourraient être incités à mettre en œuvre des pratiques visant à consolider leur pouvoir de marché actuel à l’amont de la chaîne de valeur de l’IA générative, ou à tirer parti de ce dernier, pour se développer dans ce secteur en plein essor”.
Tout comme la Federal Trade Commission, l’Autorité de la Concurrence s’intéresse aux investissements et partenariats récents impliquant des entreprises d’IA générative et d’importants fournisseurs de services cloud. Elle a d’ailleurs rendu un avis en juin dernier sur le fonctionnement concurrentiel du secteur du cloud, soulignant qu’Amazon Web Services (AWS), Google Cloud Platform et Microsoft Azure avaient capté à eux trois 80 % de la croissance des dépenses en infrastructures et applications de services cloud public en France en 2021.
Ces mêmes entreprises qui ont noué des partenariats avec des start-ups d’IA générative de premier plan l’an passé : le succès de ChatGPT a incité Microsoft à investir massivement dans OpenAI tandis qu’Anthropic a reçu d’importants investissements de Google et Amazon.
Outre ces investissements, l’Autorité de la Concurrence s’intéressera également “aux pratiques mises en œuvre par les acteurs déjà présents sur l’infrastructure cloud et aux problématiques liées à l’accès à ces infrastructures, aux données et à une main d’œuvre qualifiée”.
Les parties prenantes sont invitées à répondre aux questions formulées par l’Autorité et à adresser leurs réponses avant le vendredi 22 mars prochain. Leurs observations, qui viendront enrichir sa réflexion, seront intégrées dans l’avis final.