Alors que la ministre des Armées a annoncé ce vendredi la création d’une Agence de l’innovation de défense, l’organisme américain DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a quant à lui dévoilé le lancement un nouveau projet baptisé Next-Generation Nonsurgical Neurotechnology (N3). Il aura pour objectif de développer des interfaces neuronales non-chirurgicales pour définir s’ils peuvent ou non augmenter de façon significative l’utilisation des neurotechnologies en matière de défense.
Au cours des deux dernières décennies, la communauté internationale de recherche biomédicale a développé des moyens de plus en plus sophistiqués pour communiquer avec la machine. Ce défi intéresse de très nombreux chercheurs et plusieurs sociétés, dont Neuralink, se sont développées autour de cette idée. Cependant pour créer ces interfaces cerveaux-machines, les techniques ont souvent été invasives. DARPA souhaite repenser ces processus en utilisant notamment les récentes avancées en machine learning.
“Ces techniques ont aidé des patients avec des traumatismes crâniens et d’autres maladies. Cependant, ces techniques ne sont pas appropriées pour des personnes en bonne santé. DARPA cherche désormais à créer des systèmes de communication avec le cerveau de haut niveau mais sans chirurgie, au sein de son nouveau programme”.
Le Docteur Al Emondi, en charge du Département des technologies biologiques au sein de DARPA, précise :
“DARPA a créé N3 pour ouvrir la voie à un système d’interface neuronale portable et sûr, capable de lire et d’écrire simultanément sur plusieurs points du cerveau. La neurotechnologie non-chirurgicale de pointe a été évasive, mais grâce aux récents progrès en ingénierie biomédicale, en neurosciences, en biologie synthétique et en nanotechnologie, nous croyons maintenant que l’objectif est réalisable”.
N3 sera un programme de 4 ans auquel participeront des équipes de chercheurs de plusieurs disciplines afin de “construire de approches permettant une interaction précise avec de très petites zones du cerveau, sans sacrifier la résolution du signal ou introduire une latence inacceptable dans le système”.
Concrètement il s’agira dans un premier temps de travailler à surmonter les problèmes physiques que supposent la diffusion et l’affaiblissement des signaux au moment de traverser la peau, le crâne et le tissu cérébral. Les scientifiques devront une fois ce défi relevé développer des algorithmes pointus de décodage et d’encodage des signaux neuronaux, tout en intégrant des sous-composants de détection et de stimulation dans une seule interface et en évaluant la sûreté et l’efficacité du système sur des animaux avant de tester la technologie sur des volontaires humains.
La Défense américaine s’intéresse de très près aux neurotechnologies et ce nouveau projet aura pour objectif final de décider si “un système bidirectionnel utilisé dans une tâche de défense peut inclure des interactions homme-machine, notamment dans des véhicules aériens sans pilote, des systèmes de cyberdéfense actifs ou d’autres équipement de défense”. Comme l’indique le Docteur Emondi :
“Les systèmes intelligents vont avoir un impact significatif sur la façon dont nos troupes opéreront à l’avenir, et il est crucial réfléchir maintenant à ce à quoi ressemblera réellement l’association homme-machine et comment elle pourrait se traduire. Si nous mettons nos meilleurs scientifiques sur ce problème, nous allons dépasser les approches actuelles concernant l’interface neuronale et ouvrir la voie à des interfaces pratiques et performantes.”