Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un think tank indépendant apolitique. Il vient de publier « Mobiliser et former les talents du numérique », une note d’action formulant des recommandations pour faire face à l’un des freins de la compétitivité des entreprises françaises : la pénurie de talents du numérique. Pour y répondre, il identifie 3 leviers : l’attractivité, l’offre de formation, les capacités de pilotage. Il souligne, dans le même temps, l’importance des reconversions professionnelles.
La France manque de talents dans les métiers du numérique, qu’ils soient consacrés à la conception, au développement ou à la maintenance des produits et services numériques. Alors que sur les 945 000 emplois disponibles dans les métiers du numérique en 2022, près de 10 % d’entre eux (environ 85 000) n’étaient pas pourvus, 75% des offres d’emploi dans le domaine de la cybersécurité ne l’ont pas été en 2021, soulignant un niveau de tension inédit.
À l’horizon 2030, le marché du numérique devrait représenter plus de 1 600 000 emplois, l’Institut Montaigne estime qu’il faudrait former 478 000 personnes sur l’ensemble du quinquennat, soit 20 % de plus que l’objectif de 400 000 affiché lors de la campagne de 2022 d’Emmanuel Macron.
Ses analystes ont identifié 3 leviers d’action : l’attractivité, l’offre de formation, les capacités de pilotage pour y parvenir et formulent douze propositions dans ce sens.
Levier 1 : Attirer davantage de talents vers les métiers du numérique
Selon la note d’action, « Les métiers du numérique sont souvent perçus comme complexes et masculins. Ils sont par ailleurs mal connus des lycéens et du grand public, qui les associent davantage à de la haute technicité qu’à la résolution de problèmes concrets. Or, les métiers du numérique n’exigent pas tous des études supérieures scientifiques et pourraient rapidement s’enrichir de profils diversifiés, auxquels les recruteurs ne pensent pas de prime abord ».
Il faudrait donc attirer rapidement ces talents cachés et encourager les reconversions professionnelles qu’il faudrait pratiquement doubler (de 30 000 à 55 000) d’ici 2030, en communiquant sur les reconversions réussies et en développant des parcours de reconversion qui répondent davantage aux besoins des entreprises.
Levier 2 : Adapter l’offre de formation aux trois niveaux d’enseignements pour répondre aux besoins quantitatifs et qualitatifs du marché du travail
Il faudrait former au numérique 75 000 étudiants chaque année, contre 40 000 aujourd’hui. L’Institut propose notamment de :
- construire d’ici à la rentrée scolaire 2026 un réel parcours de formation au numérique dès la classe de 5ème ;
- que tous les lycées d’enseignement général offrent la spécialité “Numérique et sciences informatiques” à partir de la rentrée 2025 ;
- multiplier par 5 le nombre des classes P-TECH dans les filières professionnelles d’ici 2027 ;
- associer une formation au numérique à toutes les disciplines, au même titre que le développement durable, dans l’enseignement supérieur.
Pour la formation professionnelle, la note propose d’accélérer les reconversions avec la création d’un guichet unique au sein de Pôle emploi et de réduire les délais d’accréditation des formations aux métiers les plus en tension.
Levier 3 : Développer les outils de pilotage de l’appariement entre les besoins du marché du travail et l’offre de formation à l’échelle de la nation
Afin d’assurer ce pilotage, il faut agréger les données utiles selon un référentiel commun, permettant de les comparer, et effectuer chaque année un exercice de gestion stratégique des emplois et compétences (GSEC) de la nation, suivi au plus haut niveau de l’État.