Deux Centres Kavli axés sur l’éthique, la science et le public, l’un à l’Université de Californie de Berkeley, l’autre à l’Université de Cambridge, ont été lancés courant décembre dernier afin de faire mesurer au public les impacts des découvertes scientifiques, et plus spécialement leur éthique. D’éminents experts dirigeront ces centres, ainsi à Berkeley, Stuart Russel, spécialiste en IA, sera aux côtés de deux lauréats du Prix Nobel : Saul Permutter et Jennifer Doudna, également lauréate du Prix Kavli, du philosophe de la théorie et de la morale Jay Wallace, de la bioéthicienne Jodi Halpern, du neuroscientifique Jack Gallant et enfin de l’historienne et écrivaine Elena Conis.
Faire progresser la science au profit de l’humanité, l’ADN de la Fondation KAVLI
En 2000, Fred Kavli s’est donné pour objectif de faire progresser la science au profit de l’humanité et a créé sa fondation pour financer la recherche fondamentale dans les domaines de l’astrophysique, des nanosciences, des neurosciences et de la physique théorique pour y parvenir. La Fondation Kavli apporte son soutien à des instituts de recherche dans l’une de ces quatre sciences dans des universités du monde entier. Grâce à des collaborations avec des académies et des sociétés, des organisations philanthropiques…, elle vise à ce que les personnes, les processus et les produits de la science contribuent de manière significative à la société. Elle a créé le prix Kavli pour célébrer les percées en astrophysique, en nanosciences et en neurosciences – le grand, le petit et le complexe. Ce prix international emblématique est un partenariat entre la Fondation Kavli, l’Académie norvégienne des sciences et des lettres et le ministère norvégien de l’Éducation et de la Recherche et les AAAS Kavli Science Journalism Awards, d’envergure internationale. Fred Kavli déclare :
“La Fondation Kavli soutient la science fondamentale parce que nous croyons en ses avantages à long terme pour l’humanité. Nous recherchons des avantages qui peuvent se situer loin dans l’avenir, des avantages qui peuvent être difficiles à prévoir, mais si nous regardons le passé, les avantages de la science ont été prouvés au fil du temps. Les fruits de la recherche ne sont pas toujours immédiats et ne sont souvent pas prévisibles. Souvent, les avantages sont le résultat de résultats imprévisibles d’une exploration initialement motivée uniquement par la curiosité intellectuelle.”
Les deux Centres Kavli pour l’éthique, la science et le public
Grâce à la science, les chercheurs n’ont cessé de faire des découvertes remarquables dans le but de faire évoluer et moderniser notre société mais celles-ci peuvent poser des problèmes d’éthique ou de sécurité comme les neurosciences de pointe, la génétique et l’intelligence artificielle… Qui est responsable des considérations éthiques générales des découvertes scientifiques ? Deux centres Kavli pour l’éthique, la science et le public – à l’Université de Californie, à Berkeley et à l’Université de Cambridge ont été créés pour engager le public à explorer les impacts éthiques et sociétaux nés de la découverte scientifique. Ces centres sont destinés à mettre en relation le public, les scientifiques, les spécialistes de l’éthique, les sociologues et les spécialistes de la communication en matière scientifique, très tôt dans le processus des découvertes scientifiques, afin d’en identifier les impacts potentiels sur la société et d’engager les discussions pertinentes. Cynthia Friend, présidente de la Fondation, déclare :
“Nous entreprenons une démocratisation de la manière dont nous réfléchissons, collaborons et communiquons autour des découvertes scientifiques et de leurs implications éthiques, en veillant à ce que le public participe à la démarche. Il était grand temps que cette démarche soit menée.”
Les centres de l’UC Berkeley et de l’Université de Cambridge explorent des moyens de répondre au double besoin de former des scientifiques à être conscients des implications éthiques et de l’opinion publique de leurs découvertes et à s’engager dans des discussions précoces et intentionnelles avec le public à leur sujet.
Le centre Kavli d’UC Berkeley
Le Centre Kavli d’UC Berkeley sera dirigé par un groupe restreint d’éminents scientifiques, éthiciens, philosophes et journalistes sur le campus, chacun possédant une vaste expérience des problèmes éthiques dans leurs domaines respectifs et réinventera la manière dont les scientifiques sont formés, à commencer par les domaines des neurosciences, de la génétique et de l’intelligence artificielle. En plus de Stuart Russell, expert en IA, ces dirigeants comprennent le lauréat du prix Nobel Saul Perlmutter, qui a fourni certaines des premières preuves que l’expansion de l’univers s’accélère, la lauréate des prix Nobel et Kavli, Jennifer Doudna, connue pour sa découverte de l’outil d’édition de gènes CRISPR ; le philosophe théorique et moral Jay Wallace, la bio-éthicienne Jodi Halpern, le neuroscientifique Jack Gallant et l’historienne et écrivaine Elena Conis. Stuart Russell, premier directeur du centre, déclare :
“En plus de répondre à des questions fondamentales sur l’éthique des sciences, le Centre Kavli va créer une génération de leaders scientifiques qui ont vu comment d’autres disciplines scientifiques se débattent avec des problèmes éthiques et qui ont une réelle formation à l’analyse philosophique de ces questions. Il ne s’agit pas seulement de changer les politiques publiques, il s’agit de changer ce que signifie être un bon scientifique dans toutes les disciplines qui peuvent avoir un impact sur le public.”
Le Centre Kavli de l’Université de Cambridge
Ce nouveau centre explorera dans quelle mesure les conséquences éthiques soulevées par la science sont gérées dans différents contextes culturels et champs d’investigation tels que la génomique, le big data, la recherche médicale et les technologies émergentes grâce à un important réseau de spécialistes en éthique et de l’engagement du public, issus du Royaume-Uni, de Chine, d’Inde, de Russie et du Japon. Il sera dirigé par la sociologue et conseillère en génétique de renommée internationale, Anna Middleton avec le soutien du sociologue et bio-éthicien Richard Milne, de la journaliste et animatrice Catherine Galloway; Elle pourra profiter des compétences d’experte du secteur créatif, de l’animatrice Vivienne Parry, OBE et de celles, spécialisées en éducation et sociologie, de Susan Robertson et enfin, de l’expérience approfondie en matière de génomique et d’engagement du public, de Julian Rayner. Anna Middleton, la directrice du centre, commente :
“Qu’il s’agisse de la découverte de la structure de l’ADN, du séquençage de 20 % des virus de la COVID à l’échelle mondiale, ou encore du développement de la première intelligence artificielle, Cambridge œuvre depuis des siècles à l’avant-garde de la science. Grâce à une collaboration avec des experts de la culture populaire, nous trouverons les fondements permettant de communiquer autour d’idées complexes liées aux problématiques éthiques soulevées par la science, l’objectif étant que nous puissions tous participer aux décisions relatives aux conséquences de la science pour la société.”
Les travaux et les observations de la Fondation Kavli en matière scientifique et sociale, notamment les recherches des 20 Instituts Kavli à travers le monde, dans lesquels sont menés divers travaux scientifiques à la fois inspirants et révolutionnaires, allant du décodage de l’activité cérébrale à la fabrication de cellules artificielles sont à l’origine de la création de ces centres.