Lorsqu’il avait été interpelé sur le manque de capacités de calcul en France par Arthur Mensch, le cofondateur de Mistral AI, la semaine dernière à VivaTech, Emmanuel Macron avait évoqué l’installation d’un supercalculateur exascale en France. EuroHPC JU, l’entreprise commune européenne pour le calcul à haute performance, l’a confirmé en sélectionnant le consortium franco-néerlandais Jules Verne qui lui donne son nom.
Cette annonce arrive tout juste un an après la sélection du Forschungszentrum Jülich pour exploiter JUPITER (Joint Undertaking Pioneer for Innovative and Transformative Exascale Research), le premier système Exascale en Europe en 2024. Seul Frontier, le supercalculateur américain, a franchi à ce jour le seuil de l’Exascale, avec une capacité de calcul de plus de 1 Exaflop/s (un milliard de milliards de calcul par seconde). Cela équivaut à plus de 5 millions d’ordinateurs portables modernes.
Le supercalculateur exaflopique Jules Verne
Le projet est porté par le consortium franco-néerlandais Jules Verne, qui réunit GENCI (Grand Equipement National de Calcul Intensif), le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) et SURF, le centre national de calcul intensif des Pays-Bas.
Après avoir été acquis par l’entreprise commune EuroHPC, ce supercalculateur sera hébergé fin 2025 au Très Grand Centre de calcul (TGCC) du CEA, à Bruyères-le-Châtel, près d’Arpajon dans l’Essonne. Il bénéficiera de l’expertise de la division Calcul Haute Performance de ce dernier dans l’exploitation de systèmes à grande échelle, comme Joliot-Curie (GENCI, pour la recherche ouverte) et Topaze (CCRT, Centre de Calcul Recherche et Technologie, pour la recherche industrielle).
Le coût total de son acquisition et son exploitation pendant 5 ans est estimé à 542 millions d’euros : 271 millions d’euros sont apportés par EuroHPC JU, 8 millions d’euros par le Ministère néerlandais de la Culture, de l’Education et des Sciences, et 263 millions d’euros par le Gouvernement français.
Basé sur une architecture modulaire et économe en énergie, Jules Verne permettra de répondre aux principaux enjeux sociétaux et scientifiques correspondant aux stratégies nationales des Pays-Bas et de la France, notamment dans le cadre de France 2030 pour cette dernière. Il abordera également les défis liés à l’explosion des données générées par les instruments scientifiques (tels que les télescopes, les satellites, les séquenceurs, les microscopes, les réseaux de capteurs…), par les dispositifs IoT/Internet ou par les grandes simulations multi-numériques.
Le supercalculateur agira notamment comme un accélérateur pour :
- une modélisation plus fine des effets du changement climatique ;
- le développement de nouveaux matériaux ;
- le développement de solutions décarbonées ;
- la création de jumeaux numériques pour la médecine personnalisée ;
- l’entraînement des IA génératives.
L’ONERA et l’IFPEN ont exprimé leur intention de rejoindre la partie française du consortium, ouvrant la voie à d’autres instituts de recherche et à des industriels français.
Au-delà de la France et des Pays-Bas, le consortium Jules Verne est prêt à accueillir des partenaires d’autres pays.