Malgré leur engagement et leur désir de briser les codes, les femmes restent sous-représentées dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Selon l’ONU, seules 30 % des étudiantes choisissent des domaines liés au STEM dans l’enseignement supérieur. Depuis 2015, la Journée internationale des femmes et des filles dans la science (IDWGIS) instaurée par l’UNESCO, cherche à lutter contre ces stéréotypes, à favoriser leur épanouissement dans le monde scientifique et à œuvrer en faveur de leur inclusion complète et équitable.
Comme le rappelle, à juste titre, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres : « Nous pouvons tous et toutes contribuer à libérer l’immense talent inexploité de notre monde, en commençant par remplir les salles de classe, les laboratoires et les conseils d’administration de femmes scientifiques. »
Une journée en faveur de la parité
Selon le Rapport de l’UNESCO sur la science de 2021, intitulé Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive, les femmes ne représentent que 21 % des professionnels de l’IA en France et 33,3 % de la population dans les recherches scientifiques. Bien qu’on constate une pénurie de compétences dans la plupart des domaines technologiques, seules 28 % des femmes sont ingénieures et 40 % sont informaticiennes. Au sein de l’UE, par exemple, l’UNESCO a relevé que plus de la moitié des hommes qui décrochent un diplôme dans les technologies de l’information trouvent un emploi dans le numérique, contre seulement un quart pour les femmes.
En dépit des progrès observés en termes de parité, le plafond de verre reste un obstacle à la carrière universitaire des femmes. Et pour cause, le nombre de bourses de recherche allouées aux chercheuses est inférieur à celui de leurs homologues masculins. Leurs travaux sont également moins publiés dans les revues scientifiques. Enfin, les carrières des chercheuses ont tendance à être plus courtes que celles des chercheurs, notamment parce qu’elles sont moins promues et moins bien rémunérées qu’eux.
En juin 2019, l’Institut de statistique de l’UNESCO proposait une carte permettant de visualiser la proportion de chercheuses dans le monde. On y constate qu’elles sont encore largement sous-représentées. Néanmoins, des régions comme l’Amérique latine, l’Asie centrale et certains pays de l’Europe de l’Est tendent vers plus de parité. Malgré tout, en 2019, on dénombrait moins de 30 % de chercheuses dans la communauté scientifique mondiale. Cette Journée internationale vise donc à sensibiliser à ces questions et à promouvoir une plus grande égalité dans le secteur.
Pour éviter que les stéréotypes de genre ne soient amplifiés dans l’industrie 4.0, il est crucial que les femmes participent activement à l’économie du numérique. En raison du recours croissant à l’intelligence artificielle dans le développement de produits et services, la représentation féminine dans la R&D devient un enjeu impératif. En effet, les biais inhérents à la conception d’algorithmes peuvent entraîner l’ignorance de leurs besoins et perspectives. À titre d’exemple, des recherches menées par l’université de Washington ont démontré que le logiciel de reconnaissance vocale de Google est 70 % plus performant avec des voix masculines qu’avec des voix féminines. Ce 11 février sera l’occasion de promouvoir leur rôle essentiel et d’encourager leur participation dans l’IA et les autres domaines des STEM.
Le rôle des femmes et des filles de la science au profit des Objectifs de développement durable
Cette huitième édition se concentre sur le rôle des femmes et des filles de la science au profit des Objectifs de Développement Durable (ODD) et s’inscrit directement dans le programme de développement durable à l’horizon 2030. L’objectif numéro 5, qui vise à éradiquer toutes les formes de discrimination ou de violence à l’encontre des filles et des femmes, est au cœur de cet événement. Cette journée sera l’occasion de présenter les meilleures pratiques, stratégies et solutions pour relever les défis et opportunités des ODD. En effet, le monde scientifique a un besoin urgent de leur participation pour les atteindre.
L’accent sera également mis sur cinq autres objectifs : l’accès à l’eau potable et l’assainissement, l’énergie abordable et propre, l’industrie, l’innovation et les infrastructures, les villes et communautés durables ainsi que les partenariats. En outre, cela permettra de suivre les discussions sur l’eau qui ont eu lieu lors de l’édition précédente (“L’eau nous unit”) mais aussi lors de la 2e Conférence internationale de haut niveau sur la Décennie internationale d’action sur l’eau pour le développement durable (2018-2028) et de la 2e Conférence des Nations Unies sur l’océan. Ces discussions seront autant d’apports à la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2023 ainsi qu’à d’autres forums des Nations unies.
Science et accessibilité
Cette journée comprendra également pour la première fois un atelier scientifique pour les filles aveugles et une session avec la participation de scientifiques aveugles sur « La science en braille : rendre la science accessible ».
La Journée internationale des femmes et des filles dans la science est une opportunité fondamentale pour sensibiliser à l’importance de l’inclusion et de l’égalité de ces dernières dans le domaine scientifique. Leur participation accrue dans les STEM peut entraîner de nouvelles découvertes, un développement durable plus équitable et une meilleure utilisation des talents et des compétences. C’est pourquoi il est essentiel de faire en sorte que les femmes et les filles aient accès à une éducation de qualité, à des opportunités de recherche et à des conditions de travail équitables dans le monde scientifique. Pour ce faire, les scientifiques, les décideurs et la société dans son ensemble doivent unir leurs forces pour les encourager à poursuivre des carrières dans les STEM, briser les stéréotypes et garantir leur représentation équitable dans les sciences et la technologie.