C’est une démarche très intéressante concernant l’intelligence artificielle qu’ont mis en place le CNRS, le centre de recherche India Lille-Nord Europe ainsi que les universités d’Artois, de Lille et de Picardie Jules Verne. En faisant converger leurs forces, ainsi que celles de tous les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche des Hauts-de-France, ces institutions visent à fédérer et à stimuler une recherche d’excellence en intelligence artificielle dans la région. (CP)
Des forces exceptionnelles en IA présentes en région Hauts-de-France
La région Hauts-de-France héberge des chercheurs à visibilité internationale dans les deux grandes thématiques de la recherche en intelligence artificielle : IA numérique et IA symbolique.
Des scientifiques de renom conduisent ainsi leurs activités de recherche en intelligence artificielle au Centre de Recherche en Informatique de Lens (CNRS / université d’Artois), dans les équipes communes Inria / CNRS / École Centrale de Lille / Université de Lille au sein du Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CNRS / Ecole Centrale de Lille / Université de Lille), au laboratoire Modélisation, Information et Systèmes de l’Université de Picardie Jules Verne et dans le Laboratoire Amiénois de Mathématique Fondamentale et Appliquée (CNRS / Université de Picardie Jules Verne).
L’IA numérique part des données, et un de ses champs d’études est le machine learning ou apprentissage automatique. Un doctorant de l’équipe-projet Sequel – Inria / CNRS / Université de Lille -, Daniele Calandriello, a remporté en 2018 le prix de la meilleure thèse IA de France. Des conférences internationales sur l’IA se déroulent régulièrement dans les Hauts-de-France du fait de la présence de ces scientifiques reconnus internationalement. Par exemple, la conférence EWRL (European Workshop on Reinforcement Learning), où interviendront des invités de prestige (Rémi Munos, futur Directeur Deepmind Paris et Richard Sutton, fondateur de l’apprentissage par renforcement…) se tiendra en octobre 2018 à Lille. Elle sera sponsorisée par des entreprises comme Criteo, Deepmind, Facebook.
L’IA symbolique exploite quant à elle les connaissances et les raisonnements humains. Cette thématique scientifique suscite aujourd’hui un engouement renouvelé car elle permet d’expliquer les décisions prises par l’intelligence artificielle, de générer de nouvelles connaissances intelligibles par l’humain, au-delà des données elles-mêmes.
Le CRIL, laboratoire de l’Université d’Artois et du CNRS, est le seul laboratoire de France entièrement dédié à ce sujet. Le prix 2017 de la meilleure thèse IA avait été remporté par un doctorant du CRIL, Éric Piette. On peut également citer l’organisation de CP 2018 (International Conference on Principles and Practice of Constraint Programming), conférence internationale majeure du domaine ayant lieu à Lille.
Le projet scientifique des acteurs régionaux est d’allier ces deux thématiques de recherche en IA au service des avancées de l’intelligence artificielle et de son déploiement au sein de la société.
Intelligence artificielle : comment la comprendre ?
Les recherches en IA ne cessent de progresser et le sujet occupe une place croissante. Il suscite interrogations et attentes, mais aussi craintes voire rejets. Deux besoins se font de plus en plus pressants : expliquer les décisions prises par l’IA et accompagner ses progrès au niveau sociétal. C’est pourquoi l’identité scientifique régionale émerge autour d’une thématique centrale : le lien entre l’intelligence artificielle et l’humain, via la notion d’explicabilité. À l’heure où l’IA s’étend à de nombreux usages et a des impacts directs sur le citoyen – santé, véhicules autonomes, sécurité, analyse financière, e-commerce –, il est indispensable de fournir des explications et des justifications sur les recommandations faites et les décisions prises par les systèmes d’intelligence artificielle, afin d’en assurer l’acceptabilité.
L’explicabilité de l’IA constitue un véritable défi scientifique, qui mobilisera les chercheurs pour plusieurs années. Relever ce challenge de l’explicabilité est un prérequis indispensable pour accompagner le déploiement de l’IA au sein de la société. Ce défi est l’objectif phare des laboratoires régionaux en intelligence artificielle.
Collectivités, entreprises, centres de recherche, universités, écoles… : l’écosystème se structure pour faire émerger une IA “human-friendly”
La communauté scientifique régionale en IA se structure autour du CNRS, d’Inria, de l’Université d’Artois, de l’Université de Lille et de l’Université de Picardie Jules Verne, en partenariat avec l’École Centrale de Lille, l’Université de Technologie de Compiègne, l’IMT Lille-Douai, l’Université Polytechnique Hauts-de-France et l’Université du Littoral Côte d’Opale. Ces forces scientifiques d’excellence bénéficient d’un appui conséquent des acteurs publics – Région Hauts-de-France, État, I-Site Université Lille Nord-Europe, Métropole Européenne de Lille, Amiens Métropole et des acteurs économiques tels que Amiens Cluster, Entreprises et Cités, EuraTechnologies. De plus, des entreprises comme OVH ont aussi manifesté leur intérêt à cette démarche de structuration, tout comme d’autres acteurs, tout aussi essentiels, autour d’usages tels que la santé, l’énergie et la mobilité.
Il s’agit d’accompagner le déploiement de l’IA dans toutes ses dimensions, de la recherche aux usages.