En Grande-Bretagne, le ministère de la défense (MOD) a dévoilé sa toute première stratégie de défense en matière d’intelligence artificielle, qui met en avant trois principes : l’ambition, l’innovation et la responsabilité.
En 2021, l’Angleterre confirmait à travers la publication de l’Integrated Review, sa volonté de renforcer et moderniser la défense et la sécurité intérieure au sein de son pays. Dans ce rapport, on peut lire que l’excellence nationale en matière d’IA est essentielle pour garantir le statut de « superpuissance scientifique et technologique » envisagé par le Royaume-Uni d’ici 2030. Ce dernier rend compte de l’énorme potentiel de l’intelligence artificielle pour réécrire les règles de secteurs entiers, stimuler la croissance économique de manière considérable et transformer tous les domaines de la vie.
Or, le contexte politique européen particulièrement tendu depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie a accéléré la volonté de l’Angleterre à préparer et adapter sa défense grâce à l’IA. Le 15 juin 2022, le gouvernement britannique a publié un nouveau rapport dans lequel il confirme ses intentions.
Défense militaire : les nouveaux enjeux à l’ère du numérique
Dans ce nouveau rapport intitulé Defence Intelligence Artificial Strategy, le secrétaire d’État à la défense déclare accorder la priorité à la recherche, au développement et à l’expérimentation de l’IA. Il a pour ambition de garantir son avantage stratégique grâce à des concepts novateurs et des technologies de pointe – et l’IA est l’une des technologies essentielles à sa modernisation.
Le gouvernement anglais prévoit ainsi de devenir l’organisation de défense dont l’IA sera la plus efficace au monde, grâce aux objectifs qu’il s’est fixé :
- Faire de la Défense du pays une organisation « parée à l’IA » en modernisant ses outils numériques et technologiques et en optimisant la récolte et l’analyse de données.
- Adopter et exploiter l’intelligence artificielle pour en faire un atout de l’armée britannique. Le ministère de la Défense s’engage à ce que chaque haut fonctionnaire maîtrise les enjeux stratégiques autour de l’IA et des technologies de pointe.
- Soutenir la croissance des entreprises spécialisées en IA et offrir de plus grandes perspectives de développement de carrière dans le domaine, afin de déceler plus de nouveaux talents.
- Encadrer le développement d’intelligences artificielles pour promouvoir la sécurité, la stabilité et les valeurs démocratiques du pays en soutenant un développement responsable et éthique de l’IA. Il souhaite par ailleurs créer un nouveau poste de Responsable de l’IA
La nouvelle stratégie en matière d’IA de l’armée britannique
En atteignant ces objectifs, l’utilisation de l’IA au service de la défense du Royaume-Uni sera rendue :
- Efficace – en assurant la capacité à gagner des combats grâce à l’appui de l’intelligence artificielle, et en ce qui concerne la capacité du pays à collaborer et à établir des partenariats avec les alliés du Royaume-Uni.
- Compétente – à travers l’utilisation de technologies innovantes qui assureront un soutien de taille à l’armée britannique, mèneront des opérations militaires et amélioreront par conséquent la performance de leur armée.
- Fiable – la sécurité des systèmes d’IA et leur fiabilité seront renforcées grâce à un engagement clair envers l’utilisation légale et éthique de cette dernière, conformément aux valeurs fondamentales du pays.
- Influente – en gérant les questions liées à l’IA à des fins positives, donnant ainsi l’exemple.
En mai 2021, une IA avait déjà été utilisée pour la première fois dans une opération de l’armée britannique. Des soldats de la 20e brigade d’infanterie blindée ont testé un appareil utilisant du machine learning afin de traiter des masses de données complexes sur le terrain environnant, permettant ainsi une réduction significative du temps de planification.
Si cette expérience a été une preuve encourageante du développement de l’utilisation des IA à des fins de défense, le Royaume-Uni prévoit toutefois d’élargir et de démocratiser l’utilisation de ces dernières, avec par exemple l’adoption d’une identité numérique utilisée à la place de documents physiques, comme pour les passeports et permis de conduire.